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L’Olympia d’Angèle : une nuit sans Instagram auprès de l’enfant des réseaux sociaux

© CPU - Joost Van Hoey

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Mercredi 13 mars. Le soir de l’Olympia de la star des réseaux sociaux, ceux-ci tombent en panne. Mais le public d’Angèle est réel, devant elle, chante et danse en imitant sa gestuelle. Récit d’une soirée enchantée.

Dans la file : moins d’adolescentes à frange que ce que l’on préjugerait. Hors de la file, mais devant l’Olympia sold-out depuis des mois (depuis, exactement, deux heures après l’ouverture de la billetterie) : des hommes à pancartes. Autant de « Je cherche » que de « Je vends ». Parfois l’offre est inscrite au recto, la demande au verso, d’un même carton. Des charlatans mal intentionnés se prennent pour des resellers de Yeezy et proposent à des fans déprimés des tickets pour la fosse à 150 euros . « 100 euros, dernier prix », ou « prix d’ami », disent-ils dans un sourire malin, pour un billet initialement vendu à 32 euros.

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Angèle est une superstar, la preuve : un marché noir s’organise à quelques mètres de sa loge et, plus révélateur encore, des fans en quête de places repartis bredouilles hier – pour sa première date – sont revenus ce soir, la même pancarte entre leurs mains implorantes. Postés sous le prénom éclairé aux néons rouges de leur idole, ils se reconnaissent et se saluent, comme des compagnons de galère. Et puis, il y a ceux qui n’ont aucun mal à entrer : Louane, les sœurs Ibeyi, DJ Pone, viennent tour à tour retirer leur place au guichet VIP.

Duos avec ou sans spleen

Toute de violet vêtue, Angèle apparaît sur la scène mythique. Violet, « parce que c’est la couleur du féminisme », précise-t-elle avant de jouer les premières notes de « Balance ton quoi ». La Belge tape sur son piano Rhodes, danse, saute, mime son message cru, sourit en chantant. Légèreté de l’attitude, pas des paroles. Si l’artiste de 23 ans a démarré sa set list par ce morceau, peut-être est-ce parce qu’il révèle la recette de son succès : Angèle ne se prend pas aux sérieux, mais est-elle pour autant niaise ? Immature ? Non et non. C’est une fine équilibriste, qui ne tombe pas dans les travers des chanteuses de pop, ni dans ceux des artistes engagés. Résultat : son public n’a pas d’âge. Il est familial : à gauche, une fillette de 8 ans dans les bras de son père, à droite, une femme d’une trentaine d’années et sa mère du double environ. Son public, c’est aussi toutes ces bandes d’amis qui se mélangent en fosse. Certains la suivent « seulement » depuis « Tout oublier ». Ils s’époumonent et changent de voix pour accompagner tantôt le frère, tantôt la sœur, dans leurs couplets. La complicité des Van Leaken n’est pas feinte. Mieux, elle est communicative. Même les balcons se sont levés pour imiter le déhanché de Roméo Elvis

 

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Et puis, il y a cette autre invitée, moins prévisible. Elle réinjecte du spleen en salle, mais de sa voix, fusionnée à celle d’Angèle, le rend agréable à l’oreille, agréable au cœur. Yaël Naïm et la star du soir reforment leur duo créé lors d’un Taratata, et interprète « Only You » d’un souffle, à en couper celui des spectateurs. L’instant sublime est chaleureusement applaudi. Yaël Naïm quitte la scène et Angèle la réinvestit entièrement. Encadrée d’un batteur et d’un second musicien aux programmations, elle court, danse, et explique qu’après une chanson douce en piano-voix elle désire une pop entraînante, comme après l’hiver on espère le printemps. Elle joue tous les titres de Brol. L’album entier, de la première piste au douzième tube, est chanté par coeur, en chœur, par une foule enthousiaste et impliquée. Après six mois de tournée, Angèle réalise. « Merci de connaître si bien les textes, parfois mieux que moi », adresse-t-elle aux 2000 spectateurs.

Vraiment pas victime des réseaux

Peu de smartphones sont levés en direction de la scène : ce soir de l’Olympia de la star des réseaux sociaux, ceux-ci sont tombés en panne.« J’ai commencé par Instagram », raconte-t-elle dans « Flou », un morceau sur son succès fulgurant et son sentiment d’imposture éprouvé depuis. Débuter sur Instagram, triompher sans. Voilà sa récompense, son réconfort, la preuve supplémentaire – s’il lui en fallait – de sa popularité : sa performance est appréciée sans le filtre de l’écran par des followers de chair qui profitent de l’instant. Simplement.

Le rappel long de cinq minutes fait trembler le sol. Angèle revient, s’installe derrière son clavier et entonne « J’ai vu », premier duo avec son grand frère, issu de l’album Morale 2, qui cumule – sans clip – plus de 17 millions de vues sur YouTube. Les fans au balcon s’improvisent Juliette et appellent Roméo. Celui-ci réapparaît, vient se placer à ses côtés, derrière l’instrument. Il ne rappe plus au centre du tableau, elle ne l’accompagne plus sur son clavier, en retrait. Dans son couplet, Roméo Elvis remplace « Ma sœur » par « Angèle ».

Angèle n’est définitivement plus « l’enfant d’Instagram », comme elle n’est plus, non plus, la « sœur de ».

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