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Pourquoi la France est-elle "pénalisée" dans sa comptabilisation du streaming ? Pourquoi la France est-elle "pénalisée" dans sa comptabilisation du streaming ?

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Pourquoi la France est-elle « pénalisée » dans sa comptabilisation du streaming ?

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L’article de DJ Booth, plaçant Paris au sommet mondial des villes les plus prolifiques du rap, permet également de reconnaître un manque d’équité avec la comptabilisation streaming américaine. Décryptage.

Si Paris peut se targuer d’être devenue, en 2019, la ville la plus prolifique en matière de rap au monde, elle peut d’autant plus savourer sa performance qu’elle se voit pénalisée par les comptabilisations streaming nationales. En effet, comme le relaye l’article de DJ Booth, la comptabilisation des streamings par le Syndicat national de l’édition phonographique (le fameux SNEP), diverge des règles appliquées par le RIAA, l’organisation américaine.

Le SNEP lutte contre le streaming gratuit

En France, le barème décompte une vente tous les 1500 streams, contre 1250 aux États-Unis. Autre grande différence : la France ne comptabilise pas les streamings gratuits, comprenant les vues YouTube. De l’autre côté de l’Atlantique, la comptabilisation se veut moins rude : une vente est comptabilisée tous les 3750 streams gratuits. Pour donner un élément de comparaison, le clip de « Au DD », pointant à 132 millions de vues, ne pèse en rien dans le calcul de Deux frères. Quand même. 

Aussi, le calcul français refuse de prendre en compte les singles précédant la sortie d’un album. Par exemple, « À l’ammoniaque » ou « 91’s », dévoilés de nombreux mois avant la sortie de Deux frères, n’ont été comptabilisés dans l’album qu’à partir du 5 avril 2019, date de la sortie de l’opus. Aux États-Unis, le calcul est bien plus souple, ce qui booste considérablement les premières semaines d’exploitation. «C’est le cas du EP 7 de Lil Nas X, qui a été hâtivement déclaré platine par la RIAA lorsque les six précédents mois de ventes de « Old Town Road », avant la sortie de l’album, ont été ajoutés à son décompte des ventes peu après sa sortie», explique DJ Booth.

En France, un calcul plus précis et authentique

Si la comptabilisation française se veut finalement pénalisante dans ces comparatifs internationaux (qui relèvent plus d’un combat de coq chiffré que d’une réelle appréciation), elle se veut surtout plus fiable. Ou en tout cas, moins bordélique que le calcul américain, ouvertement contesté, qui prend en compte de nombreux éléments allant du merchandising à la promotion pré-album.

Ces dernières années, après l’incroyable explosion du streaming, le SNEP a réformé plusieurs fois ses modes de calcul pour mener à un système se voulant plus précis. Et également plus opaque à l’achat de flux. «La France s’efforce d’apporter une certaine précision dans les ventes afin de s’assurer que seules les chansons qui sont diffusées en streaming à partir d’une source payante contribuent à une vente», analyse l’étude.

© Snep

L’actualisation de ce modèle, datant de janvier 2019, a mis fin à des mois de roue libre, où les chiffres en first-week s’avéraient incontrôlables. Depuis cette modification, une vente d’album représente 1500 écoutes en streaming, contre 1000 précédemment. Pour donner une valeur d’idée, un artiste qui aurait réalisé 10 000 ventes n’en réalise plus que 6 667. Le SNEP avait également modifié les seuils d’obtention des singles d’or, de platine et de diamant un an plutôt. Depuis, un single d’or équivaut à 15 millions de streams (contre 10 millions auparavant).

L’objectif de cette politique plus dure : déterminer avec plus de rigueur la consommation réelle d’un album, en séparant les écoutes assidues du playlisting. À ce titre, la propension ahurissante du rap dans l’industrie musicale française oblige le SNEP à changer les règles du jeu. Et alors que 2019 marque une nouvelle année de records en tout genre, sûrement que le syndicat risque de siffler prochainement, une nouvelle fois, la fin de la récréation.

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