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Trois ans après, comment « Pacifique » a signé un tournant pour Disiz ?

© Johann Dorlipo

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Pacifique, l’un des albums majeurs de Disiz, est sorti il y a trois ans. Un projet complet et expressif, sous le signe de l’innovation.

«Je veux plus expliquer. Expliquer c’est comprendre, et moi j’comprends plus.» Telle est la morale de Pacifique, le onzième album de Disiz La Peste. Une phrase extraite du clip album de 15 minutes que le MC a dévoilé le jour de la sortie de l’album. Cette fois-ci, pas d’album conceptuel, Disiz a pour seul objectif de faire ressortir ses sentiments de la manière la plus franche possible. Et pour cela, force est de constater qu’il a enclenché une nouvelle mue de sa carapace musicale.

La trilogie Lucide avait été un tournant mélodique pour Disiz. Puis, Rap Machine avait été un retour très brut vers le rap pur. Sur Pacifique, l’artiste officie dans une sorte de réconciliation entre ces deux univers diamétralement opposés, pour créer une œuvre hybride et profondément novatrice. On notera, entre temps, l’explosion de PNL aux yeux du grand public, qui a sans doute influencé Disiz. Mais, plus qu’un simple album de rap, Pacifique est une balade sous-marine.

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L’Océan comme support

Si Disiz revendique sur Pacifique un album sans concept, force est de constater qu’il l’a malgré lui inscrit dans une dimension assez précise. De la pochette aux différents morceaux en passant par le nom de l’album (« Radeau », « Splash », « Poisson étrange »…), Disiz a fait de Pacifique un album qui se sert de l’océan comme d’un instrument de purgation des sentiments. Une analogie très bien trouvée puisqu’elle fait d’autant plus ressortir le souffle très planant que l’artiste insuffle.

De cette métaphore poussée à son paroxysme, Disiz plonge l’auditeur au milieu d’un très large océan. Parfois doux, parfois plus colérique, et souvent triste. «Les émotions sont des vagues, souvent elles nous submergent», déclare-t-il dans son clip album de Pacifique. La mélodie des vagues, de l’eau… C’est ce qui donne cet ADN si mélodieusement planant à l’album.

Des invités au service de Pacifique

Après presque deux décennies de carrière, Disiz montre au travers de ses collaborations qu’il a su réinventer sa musique. La collaboration la plus marquante de ce projet, et même si ce dernier ne vient pas prêter sa voix, reste celle de Stromae. L’artiste belge compose deux instrumentales sur le projet : celles de « Splash », et « Compliqué ». Des prods qui respirent Stromae, mais qui témoignent par la même occasion de la constante recherche mélodique de Disiz. Particulièrement avec « Compliqué » et ses sonorités  de chant éléctro qui s’inscrivent à merveille dans la direction artistique du projet.

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La douce voix féminine de Margot Guera apporte également un vent de fraîcheur sur cet océan glacial qu’est Pacifique. Et, à l’inverse, Hamza vient apporter quelques rayons ensoleillés le temps de « Marquises ». Plus besoin de présenter le MC belge, qui a apporté ces dernières années une nouvelle dimension musicale au rap francophone. Que Disiz le ramène sur Pacifique est un choix fort, qui atteste encore une fois du cocktail aérien qu’est son onzième album.

Un juste milieu

Restons encore quelques instants sur le featuring entre Disiz et Hamza, qui incarne la pluralité des inspirations de Pacifique. Un morceau chaleureux, bien plus chanté que rappé. Et paradoxalement, Hamza lâche les phases suivantes : «Laisse-moi zoom zoom zang dans ta Benz, Benz, Benz / Girl, quand tu whines ton bumpa, ça m’rend dingue, dingue, dingue». Un clin d’œil très marquée au morceau « Ma Benz » de NTM sortie deux décennies plus tôt. Pacifique est une nouvelle quête de mélodie, qui ne cherche pas à faire l’impasse sur le rap brut. En témoignent les trois morceaux à la suite que sont « Meulé meulé / Aighttt », « Watacha » et « L.U.T.T.E ».

Et à côté de ça, des OVNIS se baladent tranquillement, tels « Quand je serais chaos ». Un bel hommage à « Quand je serais K.O » d’Alain Souchon, puisque le titre de Disiz reprend la mélodie du morceau de variété. Les sentiments de Disiz sont divers, et chaque message ne peut pas être délivré de la même manière. Parfois, les vagues sont lentes et nostalgiques. D’autres fois, les rouleaux sont bruts et agressifs. Pacifique est tout cela à la fois.

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«Avant je faisais du rap «pur et dur». Mais si je ne faisais que ça, je m’ennuierais, confiait à l’époque Disiz pour Lille La Nuit. J’ai pris des cours de chant, de piano, j’ai beaucoup plus composé sur ce disque aussi. C’était très dur à faire mais je suis heureux.» Pacifique est un nouveau chapitre dans l’histoire déjà très complète de Disiz La Peste. Mais pas qu’une simple nouvelle marche, puisqu’elle signe implicitement l’entrée du rappeur dans le nouveau tournant pris par le rap ces dernières années. Du rap et du chant, des effets vocaux créées spécialement pour l’album… Trois ans plus tard, Pacifique ne peut qu’être considéré comme un grand album.

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