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Un an après, on a refait « Les étoiles vagabondes » de Nekfeu

© Lucien Courtine

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Il y a un an, Nekfeu dévoilait son troisième album Les étoiles vagabondes. À cette occasion, on a fait notre sélection naturelle au coeur de l’opus pour n’en garder qu’un tout uniforme.

Le 6 juin 2019, Nekfeu faisait son grand retour en dévoilant Les étoiles vagabondes, la première moitié de son troisième grand projet solo. Ce même soir, son film-documentaire du même nom avait réuni plus de 100 000 spectateurs dans les salles obscures françaises. Et enfin, la dernier morceau du puzzle se dévoilait le 21 juin, avec une expansion inédite. Les étoiles vagabondes : Expansion devenait ainsi un double-album de 34 titres. Une communication novatrice qui a mené Nekfeu jusqu’à son troisième disque de diamant.

Pourtant, un an après, avec le recul et l’émotion de la découverte passée, Les étoiles vagabondes résonne comme le projet le moins fédérateur de l’artiste. Comment l’expliquer ? L’argument le plus répandu est, justement, cette trop grosse quantité de morceaux. Dans un projet de 34 sons, il n’est pas facile d’appréhender chacun des titres, et les morceaux secondaires peuvent vite devenir pesants. En partant de ce principe, et pour fêter l’anniversaire de ce double album, nous avons décidé de vous proposer notre version épurée de Les étoiles vagabondes. Un projet de 17 titres qui, à nos yeux, représente le mieux l’ADN du projet.

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Et aussi, D’où vient ce regain d’intérêt pour « On verra » de Nekfeu ?

1- « Les étoiles vagabondes »

Quoi qu’il se passe, impossible de dissocier L.E.V de son introduction. Si elle souffre de sa comparaison avec « Humanoïde », l’intro de Cyborg, son projet précédent, elle n’en reste pas moins l’un des morceaux fondateurs de l’album. Ses envies de voyage, son besoin de prendre du recul, son film : Nekfeu livre dans ce morceau les problématiques que insufflent ensuite dans le projet. Un pont également entre l’outro « Nekketsu » de Cyborg. Crystal Kay, chanteuse japonaise, chantait avec lui sur « Nekketsu », et s’inquiète désormais de son état dans une note vocale au début du son. Et, pour tout cela, c’est une introduction réussie.

2- « Alunissons »

Et pour succéder à l’intro, pourquoi ne pas continuer de prendre son temps ? Avant de partir dans du rap pur et dur, « Alunissons » propose un cocktail tristement aérien, dans lequel Nekfeu rumine sa tristesse. Un morceau emblématique puisqu’il symbolise les difficultés du fennec à trouver l’inspiration. Dans le film, on le voit avec son équipe travailler ce morceau sans parvenir à trouver l’accord magique, la touche finale qui sublimerait la chanson. Et pourtant, voici ce même morceau terminé, comme Nekfeu a souhaité qu’il sorte. « Alunissons » divulgue un message nostalgique, désabusé… Et en même temps porteur d’espoir.

3- « Takotsubo »

L’ambiance ne se réchauffe pas encore, mais le voyage a bel et bien commencé. « Takotsubo » signifie en japonais « cœur brisé », un terme pour parler d’un phénomène cardiaque lié au stress. «J’suis plus ce mec insouciant, j’ai pas connu qu’un suicide», Nekfeu est abattu, plus sombre que jamais. Un morceau qui permet de créer la montée en puissance du Fennec, notamment avec l’outro du morceau qui met en scène un commercial opportuniste voulant profiter du buzz de Nekfeu pour servir ses intérêts. Grave erreur, mais nécessaire pour l’opus.

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4- « Menteur menteur »

Essayer d’instrumentaliser Nekfeu, c’était ce qu’il ne fallait pas faire. Ça y est, Nekfeu sort de ses gonds dans un morceau aussi colérique qu’insolent : « Menteur menteur ». Une prod bionique, un Nekfeu virtuose dans le flow, adepte des comparaisons dans le texte… La recette est gagnante. «J’ai le sourire d’Hisoka dans Hunter x Hunter», qui n’a jamais entendu cette phase aujourd’hui ? Sans aucun doute l’un des morceaux les plus marquants du projet, et un réveil plus électrique que jamais pour un Nekfeu bouillant.

5- « Écrire »

Retour au calme avec « Écrire », peut-être le morceau le mieux rédigé du projet. Une déclaration d’amour à la langue française, qui peut sous certains aspects rappeler le morceau « Plume » de la réédition de Feu. En tout cas, un style dans lequel Nekfeu est encore et toujours à son apogée. «Écrire, c’est capturer quelques souvenirs uniques dans des pochettes immenses / C’est coller ses tympans sur l’enceinte afin d’approcher le silence.» Calme, doux, juste.

6- « Ciel Noir »

Là aussi, la transition est terriblement bien opérée avec le morceau précédent, puisque « Ciel noir » s’ouvre sur la phase «Écrire, c’est la première action d’un homme privé de liberté». Mais « Ciel Noir » est surtout la marque que Nekfeu s’est désormais envolé du côté des États-Unis. Trombone Shorty offre au Fennec une mélodie à la trompette samplée sur le morceau, ainsi que des chœurs de Nouvelle Orléans. Un son aux mélodies jazzy, qui n’empêche pas Nekfeu de se livrer à une performance de rap dantesque. « Ciel Noir » est un hybride entre rap et jazz, et la nouvelle étape du voyage de Nekfeu dans Les Etoiles Vagabondes.

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7- « Elle pleut », featuring Nemir

Puis, changement d’ambiance. Jusqu’à présent, Nekfeu parlait dans quelques phases égarées de ses maux amoureux. Dans « Elle pleut », le MC se livre totalement, aidé par un Nemir qui l’accompagne royalement le temps des refrains. «J’peux plus m’voir, ça m’rappelle trop toi», «on s’est rayés de nos vies tellement brusquement, j’ai l’impression que ta famille me manque plus que toi»… Un hymne à la dépression amoureuse, à écouter à ses risques et périls.

8- « Premiers pas »

Et après cette parenthèse sentimentale et ombrageuse, retour dans le concret des voyages de Nekfeu. « Premiers Pas » raconte d’abord l’un de ses souvenirs de voyages en Nouvelle-Orléans, alors qu’un ouragan a frôlé l’endroit où lui et son équipe s’étaient établis. Puis, le MC nous emmène le long d’une balade à Tokyo au cours de laquelle il a également senti la terre trembler. Mais le point commun de ses balades reste l’obsession qu’il a toujours, quoi qu’il arrive, pour cette fille qu’il pleurait dans le morceau précédent. Voyager pour oublier, sans succès pour le moment. Mais malgré tout, Nekfeu fait ses « Premiers pas » vers la rédemption, les voyages comme intermédiaire.

9- « Dernier soupir »

Comment passer à côté de ce tourbillon musicale ? « Dernier soupir » est une masterclass de mélodie, dans laquelle Nekfeu livre un couplet unique sublime, puis laisse libre cours au chœur de la Nouvelle-Orléans afin de donner une nouvelle dimension à ce morceau. Une suite logique à « Premiers Pas », donc. Nekfeu lâche cette fois-ci un « Dernier Soupir », preuve que l’escale aux Etats-Unis touche à sa fin. Maintenant, direction Bruxelles.

10- « Tricheur », featuring Damso

Sans aucun doute l’une des collaborations les plus marquantes de l’année 2019. Damso, le MC bruxellois, vient donner la réplique au fennec sur « Tricheur » dans un morceau qui propose une critique de l’industrie musicale. Refrains entraînants, couplets dynamiques… Les deux rappeurs sont à la hauteur pour un son plus efficace que jamais. Un featuring essentiel dans l’ossature de Les étoiles vagabondes.

11- « Compte les hommes », featuring Alpha Wann

Comment imaginer un projet de Nekfeu sans que son alter ego ne vienne l’épauler ? « Compte les hommes » témoigne d’une énième collaboration réussie entre Flingue et Feu. Une véritable démonstration de technique, dans laquelle les deux MC se renvoient chacun leurs tours leurs punchlines comme s’il s’agissait d’un ballon de foot. «Belek, tu peux disparaitre comme son couplet d’U.M.L.A», plaisante même Alpha Wann en référence à un couplet de Nekfeu qu’Alpha a volontairement enlevé de son album. Technique et taquine, l’alchimie est parfaite.

Et aussi, Le jour où Nekfeu, Alpha Wann et Hugo TSR ont freestylé ensemble

12- « CDGLAXJFKHNDATH », featuring Mékra et 2zer

Et on continue la tournée des featurings essentiels avec « CDGLAXJFKHNDA », dans lequel Mékra et 2zer, deux de ses confrères du S-Crew, viennent l’épauler. Pas le morceau le plus marquant, mais malgré tout un passage obligatoire. Les trois acolytes signent une chanson lumineuse qui traduit encore une fois l’idée du voyage, avec un Nekfeu qui «guette par le hu-blot» de son avion le reste de la population. Pour l’anecdote, le titre très peu académique de ce morceau peut être décortiqué de la manière suivante : Charles-de-Gaulle (CDG), l’aéroport de Los-Angeles (LAX), l’aéroport de New-York (JFK), Tokyo-Haneda (HND) et Athènes Elefthérios-Venizélos (ATH).

13- « Sous les nuages »

Après s’être hissé dans les altitudes des voyages aériens, retour dans une atmosphère plus sombre, retour « Sous les nuages ». Encore une démonstration de kickage, le tout dans une ambiance bien plus ténébreuse et qui opère donc une nette cassure. Comme une manière de signifier l’entrée dans la dernière partie de l’album. A noter que « Sous les nuages » est le seul morceau du projet que Nekfeu a décidé de clipper, preuve de l’importance qu’il a à ses yeux.

14-« Όλα Καλά »

Nouvelle escale pour le fennec. La plus personnelle, la Grèce. Dans son film-documentaire, le MC explique son attachement à ses origines grecques, et l’utilisation du Rebetiko, instrument traditionnel de son pays. C’est chose faite sur Oya Kaya, que l’on traduirait en français par « Tout va bien ». Le thème de ce morceau pourrait être résumé dans sa première phase : «Il faut qu’j’arrête de me plaindre, y a tellement pire en ce bas monde». L’heure est à la relativisation de ses sentiments. Après tous ces voyages, ce morceau témoigne de sa compréhension de tous les problèmes qu’ont les hommes, et de la place minime qu’il occupe dans cet énorme engrenage.

15- « Pixels », featuring Cristal Kay

« Pixels » continue d’explorer les sonorités minimalistes du son précédent, en ramenant cette fois-ci des influences japonaises au travers de Crystal Kay. Pour rappel, il s’agit de la chanteuse japonaise qui s’inquiétait dans l’introduction du moral de Nekfeu. En guise d’outro de ce son, elle martèle désormais, en japonais, la phrase suivante : «Ken-Chan, je suis contente que tu aies enfin l’air d’aller bien». La rédemption tant attendue, il semble que Nekfeu l’ait trouvé.

16- « De mes cendres »

«J’ai pris le temps d’assassiner l’adolescence mama.» Léger et ensoleillé, Nekfeu œuvre désormais dans la douceur. « De mes cendres » n’est pas le son le plus iconique de l’album, mais il représente tout de même un symbole. Dans le film Les Etoiles Vagabondes, Nekfeu et son équipe sont, au début du long-métrage, obsédés par une certaine boucle musicale. Et cette boucle, on la retrouve à la fin de « De mes cendres », comme un accomplissement. À noter que cette mélodie avait déjà été utilisé par Jazzy Bazz en 2018 dans son morceau « Sentiments ».

17- « À la base »

La conclusion idéale, tout simplement. Une prod boum bap, et un fennec introspectif qui semble se balader dans la rue. Le MC s’arrête par exemple de rapper lorsqu’il qu’il croise l’un de ses amis avec lequel il échange quelques mots. Un morceau simple, sans prétention, une plongée dans la vie quotidienne de Nekfeu. «Maintenant qu’ça va mieux, j’me rends compte que… Que tout est une question de cycle en fait.» Nekfeu allait mal au début de l’album, désormais il va mieux, mais sans être guéri pour autant. La tristesse reviendra, puis la joie, etc.

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