Flem raconte la prod de “Freeze Raël” : «Je voulais tout changer»

Plus de deux ans après la sortie du morceau, Flem a raconté comment la prod de “Freeze Raël” avait été créée. Et le hasard n’y est pas pour rien.

Cela fait maintenant plus de deux ans, voire quatre pour les plus avertis, que Flem est l’un des beatmakers les plus remarqués du rap francophone. L’architecte musical de LMF s’est assis face à Mehdi Maïzi pour discuter de sa carrière, et parler bien évidemment de la prod de “Freeze Raël”. L’intro du premier album de Freeze Corleone est aujourd’hui certifiée diamant, et sa redoutable instrumentale aux basses sur-vitaminées n’y est pas pour rien.

«La prod est née dans un studio à Nanterre, se souvient Flem. C’était pas un très bon studio qu’on avait. Il pleuvait, il y avait de la boue par terre, c’était une sacrée ambiance. J’avais déjà fait cinq ou six prods dans la journée, j’étais fatigué, je voulais rentrer». Alors, avant de partir, le producteur s’est rapidement laissé aller à une dernière inspiration : «Mais je sais pas, je me suis dit que j’allais encore en faire une parce qu’il faut rentabiliser le studio. Il me restait vingt minutes».

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“Freeze Raël” : des accords de pianos joués presque au hasard

Sur son logiciel, Flem se met alors à composer, sans être sûr de ce qu’il fait : «Je commence à faire le piano, les accords. Ça sort tout seul. Alors que je suis pas un pianiste, je ne sais pas jouer du piano du tout. Quand je compose c’est un mélange de feeling et de hasard». Un piano auquel il rajoute une légère mélodie bricolée sur un nouvel outil : «Je fais mon piano et après il y a un truc qui m’a sauvé, c’est Arcade. C’est un plugin dans lequel t’as beaucoup de samples. Et moi je kiffe les samples, je suis un mec du boom-bap, avoue Flem. (…) C’était la première ou deuxième fois que j’utilisais Arcade donc j’étais comme un enfant. Je l’ai tordu de fou et ça ma donné ça. Mais j’ai sorti ça en ving minutes». Sacré performance.

Enfin, lorsqu’il en est arrivé aux basses, Flem s’est souvenu d’une phrase de Mehdi Maïzi prononcée dans NoFun : «J’avais écouté une émission, je crois que c’était la tienne, où t’avais dit que sur “Fredo Santana” il n’y avait pas assez de basses. Et Freeze m’avait dit : “Refais moi un morceau où il y a v’la de basses comme à l’époque”. Je me suis dit : “Ok ça tombe bien, là on va tester”». Le producteur fait alors passer l’instrumentale dans une nouvelle dimension.

Flem : «Freeze m’a dit : “Non, change rien”»

«Sur le piano j’ai rajouté une note de basse : “Bam. Wouaah, dinguerie !”. Mais ça sonnait pas encore comme je voulais». Flem va alors s’accorder une liberté qui fera la différence : «Donc j’ai rajouté une autre basse. Deux basses normalement c’est interdit. C’est pas interdit dans la musique mais les beatmakers normalement on ne met pas deux basses en même temps. Ça n’existe pas. Mais je l’ai fait et j’ai envoyé à Freeze».

Malgré tout, le beatmaker n’est pas entièrement convaincu de sa nouvelle oeuvre. Mais Freeze Corleone, lui, est conquis : «Mon problème c’est que dans la prod, à cause des accords je pouvais pas faire sonner les basses comme je le souhaitais. Et Freeze m’a dit : “Non, change rien”. Moi je voulais changer, il m’a dit de rien changer : “C’est bien comme ça, rajoute rien. Juste on va rajouter une intro plus longue pour que je puisse démarrer, mais ne change absolument rien”. Alors que moi je voulais tout changer». Finalement, la prod ne sera pas retouchée, donnant lieu à la déflagration que l’on connaît désormais et s’offrant même un improbable passage au JT de TF1.

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