Suivez-nous

Grands Formats

Celui qui se cache derrière le Règlement le respecte plus que correctement

Publié

le

Analyse fine et montage professionnel. La chaîne Youtube Le Règlement ne cesse de se perfectionner depuis son lancement en septembre 2016. Plus qu’une chaîne dédiée au rap, c’est une belle histoire. Celle d’un passionné qui réussit à fédérer d’autres passionnés.

Plus qu’un montage, une réalisation

Le montage est précis, rythmé. Sur la voix-off, des images d’archives et des extraits de films cultes, de la culture pop ou numérique, se posent naturellement. Si elle n’est pas factuelle, explicative, l’image doit permettre la référence drôle et/ou fédératrice. Parfois implicites et pointus, les clins d’œil aux passionnés parsèment les vidéos façon « les vrais savent ». Alors le vrai qui sait esquisse un sourire derrière son écran et le moins initié a envie d’en savoir plus et entreprend ses recherches en ouvrant un nouvel onglet.

Le mariage image-texte est tel qu’on ne sait pas qui suit l’autre ; on sait en revanche qu’on ne peut regarder l’un sans l’autre. La création s’apprécie dans son entièreté : c’est bien le propre d’une réalisation.

Presque une série-documentaire

Les vidéos du Règlement se regardent comme des épisodes d’une série-documentaire consacrée au rap, puisque son créateur a, dès sa première vidéo (qui comptabilise plus d’un million de vues), instauré les codes d’une bonne série – celle que l’on peut identifier sans même connaître son propos – , qu’il répètera à chaque épisode : un générique d’introduction (le fameux « ceux qui respectent le règlement ne le respecte pas correctement » de Nekfeu, suivi d’un glitch, cet effet sonore et visuel qui donne l’impression d’un bug) et un générique de fin, des sous-parties, un titre unique pour chaque épisode.

Les abonnés ont réellement adopté Le Règlement et ses codes qui le rendent désormais distinguable, si bien qu’une fois, une fois seulement, le créateur de la chaîne a remplacé l’extrait du freestyle de Nekfeu par un autre sonore pour le générique de début, et les commentaires le priant de reprendre son gimmick dès la prochaine vidéo ont afflué.

On perçoit dans le rendu final du Youtubeur sa ligne éditoriale déterminée en amont, sa volonté d’angler ses vidéos, de proposer un contenu ludique, certes, mais aussi informatif, et pour cela, ces textes en voix off (grave, au débit rapide, elle-aussi désormais reconnaissable) sont préparés et sourcés, et s’accompagnent parfois d’infographies. Le passionné parle rarement à la première personne, son avis apparaît une à deux fois par vidéo, assez furtivement, car ce n’est pas son sujet.

Et puis, cette volonté de rester anonyme en dit long sur ses aspirations. Le corbeau de l’analyse rap ne cherche pas à se starifier, seuls son sujet et sa passion pour ce dernier sont exposés. En prenant ce parti, il rend sa démarche plus sincère et s’éloigne de l’image d’amateur que l’on se fait parfois du youtubeur/influenceur qui se met en scène. Lui propose du contenu rap et non du contenu Youtube. En d’autres termes : son contenu s’apprécie sur cette plateforme, mais il pourrait tout autant s’apprécier ailleurs, sur d’autres écrans.

Tout un univers

En moins de deux ans, Le Règlement a su fidéliser plus de 360.000 abonnés en 38 vidéos, dont 17 d’analyses d’albums à leur sortie (mais là encore, en choisissant un angle, en soulignant et étudiant un aspect du projet de l’artiste) ou plus générales, allant de la déconstruction argumentée, documentée et exemplifiée des clichés dont souffre le rap aux techniques de punchlines utilisées dans ce genre musical.

Le Règlement, c’est désormais tout un univers, et ce avant tout grâce à une identité visuelle forte et sa palette de couleurs utilisée, allant du rose au bleu, pour mettre en avant, en son cœur, le violet (désormais son violet).

Et puis, l’anonyme multiplie les projets dans lesquels il implique ses abonnés. Entre ses analyses précises, il donne rendez-vous à sa communauté, le vendredi, pour qu’elle découvre sur sa chaîne un freestyle exclusif derrière un fond violet. Les invitations à poser derrière le micro s’alternent : parfois ce sont des rappeurs talentueux et encore mal connus qu’il souhaite faire découvrir à ses abonnés, d’autre fois, des confirmés à l’instar de Doums, Lord Esperanza, Take A Mic ou encore Guizmo, se prêtent au jeu. Ce savant mélange, qui prouve encore une fois sa passion pour le rap, quel qu’il soit, s’est même compilé dans un album sorti en mai dernier.

À chaque projet qu’il développe autour de son concept, celui qui se cache derrière Le Règlement prend le temps de l’expliquer à ses abonnés dans des vidéos qu’il nomme Règlement intérieur. Une expression doublement intelligente puisqu’elle appuie la marque Règlement autant que sa volonté de fédérer une communauté, de l’intérieur. Cette dernière a donc l’agréable impression de voir le concept évoluer sous ses yeux, mieux, de pouvoir participer à son amélioration. Elle a pu par exemple s’échanger des instrumentales et ses freestyles amateurs, contribuer à la web radio, au développement de l’application, voter pour les meilleures punchlines sur le football pour la coupe du monde de rap en parallèle à l’actualité sportive mondiale, ou même, participer à une soirée parisienne qui lui a permis de se rencontrer et d’échanger. Car s’il ne fallait retenir qu’une consigne du règlement, ce serait bien celle-ci : le rap est une passion qui se partage.

Commentaires

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *