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Élégance, opulence et sensualité, le cocktail MadeInParis sera “Comme vous voulez” Élégance, opulence et sensualité, le cocktail MadeInParis sera “Comme vous voulez”

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Dans la chambre luxueuse de MadeInParis : «Je voulais savoir ce qu’était cette vie»

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En 2022, MadeInParis sera Comme vous voulez. Notoriété, scène, luxe et tourments : Interlude a rencontré l’auteur de “YSL” pour la sortie de son premier album.

Comme à l’ordinaire, MadeInParis est serein. Interlude le rencontre une nouvelle fois, à la veille de la sortie de Comme vous voulez, son premier album. «Cette confirmation va être faite» certifie-t-il. Emprunt de cette placidité qui lui est si propre et un discret sourire au coin des lèvres, l’artiste originaire des Antilles néerlandaises a désormais – sans aucun doute – le chic made in Paris.

Rappeur, mais pas exactement, l’artiste aimerait plutôt basculer vers la pop. «Il est difficile, ce step, convient-il. Il est risqué». Alors pour se catégoriser, MadeInParis choisit pour l’instant de parler de rap «élégant», «moins urbain». Son image, il la chouchoute. Mais d’un air si naturel qu’il en serait presque insolent. «J’essaie de faire attention et d’améliorer mon image jusqu’à ce qu’elle devienne un diamant, explique-t-il. À l’époque, quand on écoutait les sons de Rick Ross par exemple, dès que t’appuyais sur play, c’était comme s’il enregistrait ça dans un jacuzzi. C’était la vie de luxe, tu sentais la qualité du truc. C’est ça que j’essaie de donner».

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Opulence et attitude, MadeInParis en «bon connard»

“Dior”, “Prada”, “YSL” et maintenant “Saint Laurent”. Le luxe – à profusion – est un des nombreux ingrédients qui font le “Secret” de MadeInParis. Jusque dans ses vices. «Quand je parle d’alcool, je vais plus me diriger vers les cocktails chics. Les trucs où tu découvres des saveurs. Et dans les drogues expérimentales». Aux yeux de l’interprète, le personnage est presqu’aussi important que sa musique. «Des Charles Aznavour par exemple, réfléchit MadeInParis. Ou Gainsbourg. Je ne pourrais jamais avoir cette écriture-là, mais ce qu’ils dégageaient, c’est ce que les Français ont respecté pendant des années. J’ai envie d’utiliser ça et de créer avec».

«Je trouve le luxe amusant. Pour moi, le luxe, c’est perdre la notion de l’argent. J’y suis parvenu» – Serge Gainsbourg

Pourtant, même après 8 ans dans la musique, MadeInParis estime ne pas encore connaître «son truc». «Je pense que j’ai dépassé les 50%, jauge-t-il. J’y suis presque. Mais je suis encore à la recherche». Pour l’instant, le rappeur se définirait comme «un bon connard», ou – dans le même registre – «un bel enfoiré». Il connaît ses facettes les plus négatives, mais ne voit pas dedans que le négatif. «Comme dit Stavo : ils vont mettre du temps à comprendre, mais ils vont comprendre. Je suis assez patient».

Voulez-vous coucher avec moi Comme vous voulez

En février 2022, MadeInParis dévoilait une mixtape explicitement titrée Voulez-vous coucher avec moi. Jouissant de featurings haut de gamme, comme Luidji, Squidji ou encore Captaine Roshi, cet opus avait rencontré un franc succès, notamment par la viralité du morceau “Sex (Interlude)”. Quelques mois après, MadeInParis se répond avec Comme vous voulez, à l’image de Drake, l’une de ses plus grandes influences. «Depuis So Far Gone, si tu mets les titres ensemble, tu comprends. Je pète un câble à chaque fois qu’il fait ça, rigole l’auteur de “Sentiments”. J’aimerais être le Drake ou le Future français. Arriver à ce stade-là dans la culture. Je veux laisser des morceaux qui font ressentir ça».

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Élégance, opulence et sensualité, le cocktail MadeInParis sera “Comme vous voulez”

«Mon premier album veut dire : voyez-moi Comme vous voulez, sourit MadeInParis. Chaque titre défendra chaque aspect de ma personnalité. Et à la fin, vois-moi comme tu veux ou “Laisse Tomber”». En 44 minutes, sur 15 titres, le rappeur «élégant» se présente. Polyvalent, il se cherche sur une palette de tons et d’influences hétéroclites, imposant tout de même une puissante essence R&B et dancehall. Et sur la cover, non pas un, mais quatre MadeInParis illustrent les diverses facettes incarnées par l’artiste. «On va se rappeler de qui est cette personne maintenant» assure-t-il, confiant.

MadeInParis : «J’ai juste envie d’avoir du pouvoir, de l’argent et que ça marche»

« Depuis que j’suis petit, je rêve de ça, explique le chanteur. Faire que ça marche et que des gens se reconnaissent dedans, c’était mon but et je l’ai atteint». Quand beaucoup d’artistes abordent la notoriété comme un terrain presque miné, MadeInParis ne l’a jamais envisagée comme ça. Au contraire, il l’adore. Et sans complexe. «Comme n’importe quel être humain, quand on veut quelque chose, on le veut tellement qu’on ne se rend pas compte que c’est pas vraiment ce qu’on veut. Donc je préfère tout faire, comme je le dis sur mes premiers sons, pour comprendre ce dont j’ai vraiment envie. Jusqu’à présent, je le fais encore. Depuis “YSL”, je me suis dit que j’avais vraiment envie de savoir : c’est quoi cette vie ? J’ai juste envie d’avoir du pouvoir, de l’argent et que ça marche».

«J’ai tout essayé juste pour comprendre mes envies, jusqu’à j’ai plus envie» – MadeInParis, “23h59”

Désormais, c’est sa longévité qui le préoccupe. «Tout le monde fait de la musique, mais pour que les gens aient envie d’écouter, il faut atteindre un certain truc. Il faut essayer de comprendre cette technique musicale, comment quelqu’un qui a fait un classique a su que ça allait marcher, même 10 ans plus tard. Il n’y a pas de définition des ingrédients, tout le monde en a un mais il faut comprendre comment l’utiliser, le mettre sur le marché et arriver à le vendre. J’essaie de trouver ma sauce. Avant, j’étais pressé. Maintenant, j’ai compris qu’il fallait prendre son temps pour arriver à ce que tu veux dans la vie».

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Sa sauce, MadeInParis l’a redécouverte sur scène. «J’ai pu tester les Ardentes et tout, faire quelques shows. Mes deux premiers concerts, on a pu faire sold out. C’est là que j’ai compris : ça y est, je vais envoyer un album». Sur le devant de l’estrade, le décor change du tout au tout. Fini le studio, «c’est 20 minutes une fois, et si tu rates, faut espérer que t’auras une autre chance». Aucun morceau ne sera interprété de la même manière, aucun ne connaîtra le même succès que sur les plateformes de streaming. «Ils ont envie d’un vrai show. Et je peux pas dire “laisse moi refaire”. C’est là que j’ai compris que je devais ralentir beaucoup de choses dans ma vie personnelle pour pouvoir assurer ça plus tard. En tout cas, c’est une nouvelle expérience que j’apprécie beaucoup en ce moment».

 

Vacra, Yemi Alade : «Je n’aime pas faire des feats faciles»

Mais s’il y a une chose sur laquelle MadeInParis est plus qu’à l’aise, c’est faire danser ses auditeurs. Ce qui le démarque et rend si singulier son cocktail musical, c’est en grande partie cette couleur sensuelle, dans les lyrics, leur interprétation ou même sur le choix des prods. Il n’est donc pas le moins du monde étonnant de le voir collaborer avec Vacra, dont l’univers est analogue. D’ailleurs, pour MadeInParis, “Loca” est le morceau le plus susceptible de marcher. «Je suis sûr à 100% que dans tout le projet, c’est le morceau le plus français dans le style. Par rapport à ce que je vois que le public français aime. Je me trompe peut-être, mais je mise sur ce son-là». Plutôt évidente, leur connexion aurait «glissé de fou» d’après l’artiste. «C’est comme quand Son Goten et Trunks fusionnent» prône-t-il.

Pourtant, MadeInParis n’a jamais été un grand fan des featurings. Déjà à l’époque de ses premiers projets. «Je voulais implanter ma signature, ce que je fais tout seul dans la musique, explique-t-il. Je n’ai pas envie d’être partout. En tout cas pas maintenant, et pas avec tout le monde». Son objectif : un catalogue de collaborations triées sur le volet, pour être fier de chacune de ses performances. Et pour l’instant, c’est le cas. Sur Comme vous voulez, MadeInParis a choisi une voix féminine, pour la première fois, celle de Yemi Alade. «Je voulais vraiment marquer le coup. Je n’aime pas faire des feats faciles». Au rythme de sonorités afro-trap, MadeInParis et la chanteuse nigérienne concentrent leurs voix envoûtantes dans une ballade lascive.

Sensuellement authentique

Mais derrière cet érotisme exacerbé qui transparaît vivement dans l’œuvre de MadeInParis, celui-ci ne voit qu’une forme de sincérité sur sa manière d’être. «On m’a déjà fait la remarque que je faisais exprès d’être comme ça avec les femmes. Mais je m’en rend pas compte, dans le sens où j’ai envie d’être bienveillant, je suis gentil, mais je ne peux pas contrôler les émotions que je peux avoir derrière, admet le chanteur. Comme je le fais comprendre dans tous mes sons, je serai toujours moi-même. Si maintenant, mes actes te font développer des émotions, fais grave pas chier, rigole-t-il. Je reste un homme comme les autres. J’ai envie d’être différent pour moi-même. Et tout dépend de l’énergie que tu montres, aussi. Si j’ai été comme ça, c’est que tu m’as poussé à être comme ça avec toi».

«Concentre-toi, ne parle pas, hey / Moi, j’aime ça, moi, j’aime ça, babe» – MadeInParis, “Sex (Interlude)”

Et si une oreille distraite pourrait n’entendre que ça, MadeInParis a déjà invité ses auditeurs à voir plus loin. Souvent, il essaie de «raconter des choses». Mais toujours sur des prods dansantes, «parce qu’il faut vendre la musique». Alors peu importe la noirceur de ce qui se dit, une instrumentale rythmée lui permettra de ne pas ennuyer le public. «Le son “Si seulement” parle d’une rupture. Quand j’en parle, c’est n’importe quoi ce qu’il se passe dans ma tête. Mais il m’enjaille à mort. Les gens croient que je suis en train de m’amuser, mais il est triste ce son. J’suis grave mal mais j’sais que ça enjaille tout le monde et que ça va vendre».

Cruel ? Un peu. Mais «c’est comme ça que l’industrie marche». «J’ai compris ça avec Outkast, sur “Hey Ya!”, poursuit MadeInParis. Pendant des années, tout le monde criait “Hey Ya!” alors qu’Andre 3000 ne faisait que crier qu’il était mal. Ça m’a grave inspiré. J’essaye de comprendre ce qu’ils avaient dans la tête. Pour atteindre ce niveau-là. Et on verra, hein».

«Vous ne voulez pas m’écouter, vous voulez juste danser» – Outkast, “Hey Ya!” (traduit de l’anglais)

MadeInParis : «J’attends pas qu’on m’aide, mais juste qu’on soit compréhensif avec moi»

C’est pour clore Comme vous voulez, sur des notes un peu moins gaies, que MadeInParis a choisi de se confier. “Laisse tomber”, c’est une confidence noyée dans le reste de l’album, mais aussi une direction plus intime que l’auteur de “Hennessy X.O” a choisi d’emprunter à pas feutrés pour la suite de sa carrière. «Sur le prochain album, je vais aborder des choses dont je ne parle jamais, mais à un autre niveau encore. Je veux imposer qui j’ai envie de montrer. Cette personne dans “Laisse tomber” que personne ne voyait».

Cette personne, c’est un homme tourmenté de son rapport aux femmes, à sa carrière, consumé par la boisson et la fume – qu’il envisage de ralentir. «Je commence à sentir que ça me touche, confie MadeInParis. Mais en même temps, dans Desperate Housewives, Bree Van De Kamp a dit : pour remplacer une addiction, il faut en trouver une autre. Donc je réfléchis à mort, je cherche cette autre chose». En tout cas, “Laisse tomber” pose des questions. d’autant plus par son interprétation faite à la troisième personne. Un choix inspiré des films récemment visionnés par le rappeur, comme Requiem for a dream. «T’expliques le message, mais en même temps, tu passes par un autre sujet. À la fin, tu retombes en te disant : c’est pour ça qu’il faisait ça».

«Faut qu’j’arrête de fumer, j’entends des voix» – MadeInParis, “Laisse tomber”

Une chanson «spéciale», où le rappeur se montre finalement vulnérable. «Ce n’est pas bien de garder un mur devant soi. Mais il faut avoir des gardes autour. Tu dois être un taureau, rester solide sur tes appuis, rigole MadeInParis. On m’a beaucoup parlé d’astrologie, ça me rend fou». Taureau ascendant scorpion, l’auteur de “Chanel” veut rester fidèle a lui-même. «Je ne peux pas aider tout le monde. Et j’attends pas qu’on m’aide, mais juste qu’on soit compréhensif avec moi». «Mon compositeur, Persia, je le vois comme un 40 (Noah Shebib) pour Drake, raconte MadeInParis. Il me pousse à faire des choses que je me rend pas compte être capable de faire. Il m’a poussé à faire un son où je parlais pas de meufs mais que de moi. C’est sur une prod qu’il m’a envoyé il y a longtemps, mais que j’ai gardé pour la fin».

Défendu toute une semaine sur Planète Rap, le premier album de MadeInParis, Comme vous voulez, enrôle le rappeur dans ce qu’il sait faire de mieux, mais surtout, se propose de confirmer la solidité de l’installation de l’interprète dans le paysage rap francophone. Enjôleur, coquet, MadeInParis a encore un objectif en tête : «le disque de diamant».

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Écoutez Comme vous voulez.

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