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Musique

Deux ans après, quel regard sur « Lithopédion » de Damso ?

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damso qalf

Lithopédion, le troisième album de Damso, souffle sa deuxième bougie. L’occasion de se replonger dans cet opus parfois décrié à tort.

15 juin 2020, cela fait déjà deux ans que Damso a sorti son troisième opus Lithopédion. Après le succès phénoménal qu’avait été Ipséité, la tâche n’était pas aisée de maintenir la barre aussi haute. à sa sortie, Lithopédion a bien marché, mais n’a pas vraiment trouvé le même écho que son projet précédent. L’album est-il mois bon ? Moins réussi ? Les avis divergeaient quelques jours après sa sortie.

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Pourtant, avec du recul, deux ans plus tard, force est de constater que la qualité de Lithopédion n’est pas à mettre en perspective avec Ipséité. Ce sont deux projets différents, qui n’ont pas la même portée. Deux ans plus tard, la question serait donc : qu’est-ce que Lithopédion nous apprend sur le cheminement musical de Damso ?

Et aussi, Damso a manifesté dans les rues de Bruxelles

Continuité et changement de cap

Lithopédion cherche à inscrire Damso dans un univers différent de celui d’Ipséité. Mais paradoxalement, il l’inscrit dans sa continuité. Il suffit d’écouter le début de l’introduction de Lithopédion, pour entendre un médecin susurrer son diagnostic au MC. Un écho au terminus de son album Ipséité dans lequel ce même médecin lui demandait de se reposer. Lithopédion est la suite d’Ipséité, mais plus qu’un nouveau chapitre, c’est un nouveau tome. Car après cette transition, Lithopédion s’ouvre sur un univers bien différent.

À commencer par son ossature, qui se veut bien moins facile à appréhender qu’Ipséité. Moins facile d’accès, parce qu’il est plus complexe d’en faire ressortir des morceaux. Là où « J Respect R » et « Macarena » s’étaient offerts des percées en solitaire dans Ipséité, aucun morceau n’est ressorti de cette manière chez Lithopédion. Si ce n’est peut-être « Smog » dans des moindres dimensions. Seul morceau clippé de l’album par ailleurs. Damso change de cap : il fait désormais parti des artistes bien installés, qui peuvent se concentrer uniquement sur leur art sans se soucier du reste.

Pas de logique commerciale

En fait, après son large succès, Damso s’affranchit purement et simplement du schéma commercial. Pas de recherche de singles, au profit d’une quête accrue de cohérence et d’un univers Lithopédion. Le meilleur exemple de cet affranchissement reste le morceau « Silence », avec… Angèle. Seul featuring de son album, Damso aurait pu profiter de la présence de la chanteuse pour porter son album. Alors, certes, Angèle était très loin de sa notoriété actuelle, puisque Brol n’était pas encore sorti, mais la chanteuse jouissait malgré tout d’une sacrée hype musicale dans la sphère rap.

Ce morceau aurait donc, à posteriori, pu devenir un tube. Mais c’est tout l’inverse. « Silence » est un morceau de deux minutes, sombre et froid, dans lequel Angèle assure un timide refrain d’ambiance à la fin de la chanson. Angèle est au service de Lithopédion, pas de sa commercialisation.

Le MC bruxellois raconte ce qu’il a à raconter. Peu importe que la chanson dure trois, deux ou même une minute. C’est le cas de l’outro « William », son prénom, un pur concentré introspectif qui s’étale sur une minute trente.  «C’est difficile quand ça d’vient facile, mon cœur a parlé / Ça d’vient difficile même d’en parler donc j’vais plus trop parler.» 

Explorer amour et sexualité

Depuis son premier album, le MC bruxellois a toujours insisté sur la complexité de ses rapports avec la gente féminine. Batterie Faible avait son « Amnésie », Ipséité son « Macarena », et Lithopédion… Son ensemble. Tout dans cet album respire la complexité, le dilemme de Damso. «Et toi t’es là à dire que j’suis un salaud / j’vais voir ailleurs pour voir si t’es là», lâche Damso dans « Perplexe ». «J’aime une femme mais c’est compliqué, c’est très compliqué», témoigne-t-il dans « William ». En fait, Lithopédion est un cheminement au cœur de son autodestruction amoureuse : d’un côté la femme qu’il aime, de l’autre la tentation de toutes les autres. Et de ce fait, il y a rupture avec ses morceaux précédents, où l’artiste n’avait jamais fait part aussi clairement de l’amour qu’il avait pour une femme.

Et à côté de ça, Lithopédion est également l’album dans lequel figure la bombe aussi dévastatrice que polémique « Julien ». Instrumentale en rupture totale avec le reste du projet, et surtout un morceau qui traite du sujet plus que délicat qu’est la pédophilie. Avec des avis toujours aussi contrastés depuis sa sortie, force est malgré tout de constater que ce morceau est plus marquant que jamais. Un énorme prise de risque de la part du Dems.

Alors que retenir de Lithopédion ? Un album dans le prolongement d’Ipséité, mais qui trouve plutôt ses marques dans sa rupture. Fonctionnement et lecture différente. Moins coloré, plus abstrait, Lithopédion est un album qui a su au fils du temps se démarquer d’Ipséité pour être accepté tel qu’il est. Un projet de grande qualité.

Dans le reste de l’actualité, Disiz et Damso : «Il allait se passer quelque chose dans le rap français»

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