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Est-ce déjà trop tard pour sortir un double album surprise ?

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NEkfeu Dadju Est-ce déjà trop tard pour sortir un double album surprise ?
Photo Instagram / @mathieubdt

Une poignée de mois après Nekfeu, Dadju a reproduit l’idée d’un album surprise et complémentaire d’un premier opus dévoilé en amont. L’effet est moins efficace et pense déjà la question de l’obsolescence de la stratégie.

Il aura fallu une bonne dizaine de théories conspirationnistes avant qu’un artiste ne décide réellement de sauter le pas. Le double album, le fameux. Celui qui fait miroiter les fans, insatisfait de devoir profiter d’un seul et tout petit opus. L’album des réponses, l’album paradoxal, bref : l’album de la hype.

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Si Damso ou Booba n’ont fait que surfer sur ces hypothèses construites par les fans, Nekfeu a pris les devants. Alors même que l’artiste n’était même pas attendu sur le créneau, lui qui venait déjà de dévoiler un opus dense, accompagné d’un long-métrage diffusé au cinéma. Mais Nekfeu l’a fait quand même, avec réussite : un secret conservé jusqu’au bout, une Expansion complète et une copie pertinente. Bref, une stratégie cousue main.

Le double album à usage unique ?

Plusieurs mois plus tard, voilà que Dadju récidive, en offrant Antidote, quelques jours après la sortie de son album Poison. Les deux oeuvres viennent s’embrasser pour ne former qu’un tout complémentaire, orné de collaborations prestigieuses. L’initiative a fait beaucoup moins de bruit, bien qu’évidemment efficace en termes marketing. Peut-être que Dadju n’avait pas la même hype que Nekfeu, mais on se laisserait plus tenter par une autre explication : Et si le coup du double album surprise n’était pas à usage unique ?

En dévoilant Expansion, Nekfeu a pu profiter d’un alignement exceptionnel des planètes : première utilisation d’un procédé longtemps miroité par la fan-base rap et, surtout, une confidentialité conservée jusqu’aux (quasi) dernières minutes. De quoi rebooster ses ventes et s’en aller vagabonder vers le disque de diamant après quelques mois d’exploitation seulement.

Ainsi, la démarche artistique de Dadju transpire le déjà-vu. Bien qu’elle soit utilisée d’une autre manière, la stratégie se calque trop sur celle de Nekfeu pour espérer provoquer le même séisme. L’idée d’une dichotomie séparant le Poison de l’Antidote a pourtant tout d’une bonne idée. Peut-être également que la fan-base de Dadju, moins penchée vers le rap, s’est également moins prêtée au jeu d’une stratégie streaming épurée.

Nekfeu ouvre les portes du streaming

Car le rap, lui, a construit son identité autour de ça. Les récentes sorties de Damso ou PNL ont été suivies par leur lot de théories, car portées par des promotions complexes où le fan se veut acteur. Il doit chercher et trouver des réponses. Damso en est le précurseur, d’ailleurs, avec son album Ipséité, qui n’a toujours pas de fin officielle, alors que l’alphabet entamé dans la tracklist s’avère inachevé. L’artiste avait bâti sa promotion autour de cette théorie du double album, jusqu’à le porter (avec d’autres arguments, évidemment) jusqu’au disque de diamant.

Mais là où Nekfeu semble avoir définitivement fermé la porte d’un deuxième album surprise, l’artiste en a ouvert d’autres, forçant créativité et originalité sur la forme de la promotion. Jusqu’alors, quelques artistes s’étaient risqués à une tracklist évolutive, profitant des bénéfices du streaming, sans pour autant explorer en profondeur ses capacités réelles. Pour autant, au-delà de sa force commerciale, le streaming conserve un potentiel artistique monstrueux.

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