Musique
Orelsan : ce morceau de sa discographie qui a vexé Gringe
En 2011, Orelsan dévoile Le chant des sirènes. Sur l’album, “La Morale” fait subtilement référence à la vie de Gringe. Une dédicace qui a beaucoup vexé le rappeur.
Il y a quelques semaines, la rédaction d’Interlude s’est penché sur la carrière d’Orelsan. Et on a décidé de vous faire part de nos découvertes, dans une vidéo qui recense 70 anecdotes sur le rappeur. À l’occasion de sa sortie, on vous raconte une anecdote sur un morceau de Le chant des sirènes qui n’a pas spécialement plu à Gringe.
S’il y a bien un duo glorieux dans le rap, c’est celui que forment Gringe et Orelsan. Mais les Casseurs Flowters, forts de leur histoire commune passant par deux albums et un film, sont moins des icônes que des alter ego pour leur public. Dans de nombreux morceaux, leurs défauts transparaissent bien plus que leurs mérites. “La morale” en fait partie. 13ème piste de Le chant des sirènes, Orelsan y aborde de manière ambiguë les travers de son compagnon de route : Gringe. Et celui-ci n’a pas vraiment apprécié cette consécration.
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Gringe : «J’avais l’impression de me retrouver à poil devant tout le monde»
Quelques accords de guitare, trois couplets d’une sincérité cuisante. “La morale”, c’est l’histoire de deux potes, de deux frères. “La Morale”, c’est une longue tirade d’Orelsan à lui-même d’abord, et à son pote Gringe. Une tirade que ce dernier n’a pas très bien pris, d’après une interview pour Le Vif il y a quelques années. «Sur le coup, ça m’a énervé. J’avais l’impression de me retrouver à poil devant tout le monde»; confie le rappeur. «Orel avait beau dire qu’il ne parlait pas précisément de moi, j’avais bien compris le message.»
Et pour cause : «Allongé dans quinze mètres carrés / À te demander où sont passées les dix dernières années / Tu vis sur les aides, tu vis sur les nerfs / Tu supportes plus qu’on t’chambre, tu t’énerves» rappe Orelsan. L‘outro du titre est plutôt explicite. Un appel entre les deux potes, où Gringe demande simplement si la chanson parle de lui. La réponse d’Orelsan n’en est pas vraiment une, hésitant et changeant de sujet. «Ah, euh… Non, ça te dit qu’on fasse un morceau ensemble ?» demande le rappeur, faisant la transition avec le grand “Ils sont cools”.
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Une morale à double sens
Le sens de “La morale” est donc évoqué à demi-mot. «Il y a quand même une empathie chez moi – qu’ Orel a peut-être moins – qui fait que je vais demander l’avis des gens avant» ajoute Gringe pour RFI. «Je ne peux pas faire comme lui dans Épilogue où il règle ses comptes avec des potes en commun. Je trouve ça toujours difficile cette exposition quand en face, il n’y a pas droit de réponse possible.» Mais l’auteur de Scanner préfère clore le sujet. «Je l’ai digéré depuis et c’est une belle déclaration d’amitié en même temps. Après moi, j’opte pour un autre mode opératoire.»
Finalement, “La morale” s’ouvre à plusieurs interprétations, puisque Orelsan, qui a raconté l’histoire de “Bébéboa”, n’hésite pas à se piquer lui-même. «Tu voulais devenir basketteur / Et tu t’es découragé quand t’as compris qu’t’étais pas l’meilleur» écrit l’auteur de Le chant des sirènes. Des mots qui rappellent ceux qu’il rappait sur “Inachevés” : «Adolescent mon seul but c’était d’mettre des paniers / Bien sur j’ai tout plaqué pour un seul match où j’ai pas joué».
Mais si les phases semblent âpres, “La Morale” traduit surtout la bienveillance d’un Orelsan inquiet à l’égard de son pote. Comme en témoigne le refrain : «J’ai l’impression d’faire la morale / Et ça m’énerve moi-même quand j’cause / Mais j’ai l’impression qu’ça va mal / Même si j’peux pas faire grand-chose». Aussi, Gringe a enfin expliqué sa punchline nulle.
Écoutez « La Morale ».