Musique
Pourquoi les albums de Booba ne sortiront plus en physique ?
Toujours sur Twitter, Booba a assuré que ses prochains projets seront dénués de version physique. Une stratégie audacieuse, liée à plusieurs éléments.
Sur Twitter, Booba a révélé quelques rares informations sur son prochain album. Cette fois, c’est au coeur de sa Piraterie, un groupe payant sur Twitter que le Duc a lâché sa petite bombe : ses futurs opus ne sortiront plus en physique. «C’était la dernière fois sur Trône», promet-il. Et quand un fan lui fait remarquer que cela devrait atténuer ses ventes en première semaine, Booba se contente de jurer. Violemment.
Derrière cette décision, qui ne reste, pour l’heure, qu’une annonce propulsée au milieu d’un groupe Twitter, se dissimule antécédents et stratégie. Décryptage.
Booba sortira son prochain album uniquement sur les plateformes de streaming ! pic.twitter.com/nVPKILswyj
— La Piraterie (@PiraterieMedia) February 10, 2020
Le mauvais souvenir de Trône
Nous sommes en novembre 2017, il reste encore deux semaines avant la sortie officielle de Trône, programmée le 15 décembre 2017. Cataclysme, l’album leak généreusement sur les plate-formes streaming. Booba, sur ses réseaux sociaux, se marre, et laisse percevoir la théorie d’un coup de communication. Il n’en est rien. En dernier recours, l’artiste avance la date de sortie de son album de deux semaines, au 1er décembre. De quoi laisser à l’album, quand même, une poignée de jours pour vagabonder sur les sites de téléchargements illégaux.
Le manque à gagner, impossible à mesurer, semble énorme. La version physique ne sortira d’ailleurs que quinze jours plus tard, comme prévu, le 15 décembre. Et tout ceci est dû, encore une fois, à des versions physiques délivrées dans les magasins. Incontrôlable pour les artistes, ce phénomène de leak pénalise évidemment la stratégie commerciale. Dans le cas de Trône, les pertes semblent importantes, malgré l’énorme première semaine de l’opus. L’effet de surprise a été, en partie, bousculée, de la tracklist au fond de l’opus.
Booba et la soif de streaming
Ce n’est plus qu’une question de semaines avant que Trône ne soit certifié disque de diamant. Jamais, dans sa carrière, et malgré ses huit albums précédents, Booba n’avait frôlé d’aussi près cette distinction, même s’il ne s’agit pas de son plus gros succès commercial (le seuil de certifications pour atteindre le diamant a été revu à la baisse). Toutefois, l’ère du temps, impliquant le streaming et les nouveaux modes de consommation, décuplent les lectures de ses morceaux.
Ainsi, même si le physique booste ses ventes lors de sa première semaine, Booba comprend que l’enjeu passera par une communication en amont, couplée d’un effet de découverte. Aller chercher le diamant, c’est aussi savoir défendre son album, avec une stratégie établie sur le long terme. Enfin, le streaming lui laisse libre recourt à son imagination pour poser une date sur le calendrier. La contrainte des versions physiques est alors exclue.
Un physique pour plus tard ?
Pour contraster les arguments pro-streaming, il est important de soulever que Booba reste l’un des plus gros vendeurs physique en France. Pour rappel, lors de la première exploitation dans les bacs de Trône, deux semaines après sa sortie sur les plateformes, l’album s’était écoulé à 23 000 exemplaires. Bien aidé par une édition limitée à 50 000 rendant l’objet prestigieux, le Duc avait pu généreusement booster ses ventes.
Calculateur et businessman, Booba n’a forcément pas négligé ce paramètre. Ainsi, il est probable que l’artiste n’exclut pas entièrement le physique de sa stratégie commerciale, mais l’inclut dans sa promotion au long terme. Peut-être comme avait pu le faire Nekfeu, dévoilant son physique une semaine plus tard, évitant ainsi les leaks. Peut-être avec une sortie en vinyle, ou à travers un objet unique est imposé à une édition limitée, comme pour Trône. Peut-être, enfin, avec un merchandising épuré, couplé à sa marque DCNTD. De quoi se reprendre à rêver d’un Blanco Nemesis, comme les rumeurs l’indiquaient, pour bientôt ?