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Musique

Cinq punchlines de « Deux Frères » que vous n’aviez (peut-être) pas comprises

Crédit photo : Mathieu Boudot

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Trop souvent incomprises et mésestimées, il était grand temps de revenir sur un échantillon de punchlines du dernier album de PNL. Entre références cinématographiques, vidéo-ludiques ou asiatiques, Deux Frères continue à attester de la force de l’imagerie de l’univers des rappeurs. 

« PNL de toute façon je comprends même pas ce qu’ils racontent. Sans leurs prods et leurs com’ ils sont flingués ». Après ces quelques mots prononcés par une lointaine connaissance lors de la soirée de samedi (un peu trop arrosée), vous perdiez votre calme. En effet, pas besoin de revenir sur la communication des rappeurs qui ont mis la concurrence dans le rétro du Uber, failli faire un concert à la Tour Eiffel, et tenté d’égaler les Bleus sur les Champs-Elysées. Mais pour une énième fois, vous commenciez à prendre ce rôle d’avocat/parolier des deux frères un peu trop à cœur. Ademo et N.O.S. ne sauraient s’exprimer qu’à l’aide d’onomatopées incompréhensibles et obscurs acronymes ? Quelle indignité.

Mais après quelques dizaines de minutes d’un débat enflammé qui semblait aller nulle part, vous finissiez par avouer que la forme semblait jouer un rôle majeur dans le succès sans précédent et le mythe qui entoure les deux rappeurs. Parce que vous vous l’admettiez, il y avait bien certaines de leurs phases et références qui demeurent énigmatiques pour vous. Mais plus d’inquiétude, voilà une sélection de cinq punchlines de Deux Frères décryptées par nos soins pour ajouter quelques cordes à cet arc argumentatif dont vous usez pour occire les détracteurs de PNL. Mais surtout pour vous prouver de la force ainsi que la profondeur de l’imagerie de leur écriture, devenue la plus écoutée en France ces derniers jours.

« Chang, chang, chang, j’marche sur la muraille avec un gros sanka
Chang, chang, chang, l’homme est mauvais, j’vais finir comme Blanka » – (« Chang »)

Doit-on saisir une référence métaphorique au personnage du général de Chang dans le dessin animé Mulan et à sa combativité, comme certains le théorisent ? Cette même combativité qui aurait amené les rappeurs jusqu’ici ? Peut-être. Ce ne serait pas la première fois que le monde de Disney trouve sa place dans leur univers. Toujours est-il que les deux frères semblent au sommet désormais. Et comme on les voyait détailler sur le toit de la Tour Eiffel, cette fois-ci c’est la Grande Muraille de Chine qu’ils foulent sous leurs pieds, un joint à la main (« sanka » en référence au nom d’un des personnages allumés du film Rasta Rocket) comme depuis toujours. Mais malgré cette ascension au sommet du monument le plus impressionnant jamais construit par l’homme, la drogue et le succès n’arrivent pas à faire leur effet. Car foncièrement, l’homme serait mauvais, et le monde une jungle. Une jungle comme celle dans laquelle le personnage de street-fighter « Blanka » a grandi, un environnement qui l’a contraint à développer une ténacité et une bestialité comparable à celle que les rappeurs ont du s’approprier en évoluant dans cette jungle urbaine.

« J’marche comme Link dans l’monde des Gorons (ouh)
J’attends rien des hommes à part Shenmue (ouais, ouais) » – (« Shenmue »)

Ce n’est pas la première fois que Link, héros du fameux jeu vidéo Zelda, trouve une place au détour d’un des textes des rappeurs. Mais contrairement au morceau « Naha » (au cœur duquel ils « faisaient le tour de la plaine avec Epona » (le cheval de Link)), ce gène aventurier qui habite les deux frères autant qu’il habite Link les pousse sur un chemin semé d’embûches. Car le monde des « Gorons », issu de l’univers de Legend of Zelda, est empli de lave, extrêmement dangereuse pour le personnage. Alors comme le héros du jeu, PNL continue à avancer, gravir les échelons, même si le groupe doit le faire avec attention et patience. Et comme lui, les deux frères avancent seuls, dans ce monde où ils ne peuvent faire confiance à personne. Que la famille. Et puis Shenmue également, ce combattant japonais droit et intègre, personnage principal d’un jeu du début des années 2000. Car dans un monde où il semble de plus en plus ardu de s’évader et de faire confiance, restent les jeux vidéos et leurs héros.

« J’remplace vé-Her par JR, j’suis loin d’Dallas » – (« 91’s »)

D’une punchline sur un des jeux vidéos les plus connus de l’histoire, c’est une référence à une fameuse série américaine de la fin des années 70 (que vous avez peut-être aperçu en zappant jusqu’à la chaîne Jimmy pendant ces doux mercredi après-midi de votre enfance) que les deux rappeurs passent. Leur fidèle client Hervé qui avait marqué leur mémoire d’avantage que leur ex-copine se voit désormais remplacé par les rappeurs en même temps que leur ascension socio-économique prend de la vitesse. On s’éloigne du monde de la drogue pour faire fortune par la légalité, la musique. Et la compagnie du personnage principal de Dallas « JR » (John Ross Ewing) apparaît comme l’une des meilleures preuves de cette ascension. D’un « iencli » interchangeable, on passe à un homme d’affaire extrêmement prospère, mais prêt à tout pour arriver à ses fins.

« Coco joue pas l’kéké, humble comme Kaká
Un peu survolté, un dos louche comme Blanka » – (« Blanka »)

Les rappeurs et le football. Une grande histoire d’amour. Ainsi après la force du ciseau retourné de Papin exploité dans « Da », c’est l’humilité du grand footballeur brésilien Kaká qui est mobilisée par les rappeurs. Un joueur qui n’a reçu qu’un carton rouge au cours de sa longue carrière, auquel les rappeurs veulent s’identifier pour se distinguer de tous ces « kékés » pour qui le succès leur serait monté à la tête. Mais selon les deux frères, cette sagesse n’est pas incompatible avec la force et la persévérance qui leur a permis d’arriver où ils sont maintenant. Cette force animale comme celle de Blanka.

« La rue, j’la dévale à toute allure avec du Gucci comme Mitch » – (« Au DD »)

Cette rue dans laquelle ils ont grandi, dans laquelle ils ont vécu, dans laquelle ils ont souffert, mais par laquelle ils ont trouvé la réussite, PNL ne la reniera jamais. Et dans ce succès qui les a frappé « à toute allure » en quelques années, jusqu’à atteindre le sommet de la Tour Eiffel, les modèles des frères n’ont pas changé. Cette fois, c’est le personnage de Mitch du film “Paid in Full” de Charles Stone III qui est mobilisé. Un dealeur de crack qui tente de démontrer ostensiblement sa réussite socio-économique par des vêtements de la haute couture, à l’instar de la veste de designer de la marque Off-White qui apparaît dans le clip d' »Au DD »

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