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Sika Deva : “J’ai envie que Multifunctional serve comme une introduction”

Crédit : Vincent Le Gallic

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Le rappeur anglophone Sika Deva a sorti le 2 mars dernier son premier EP, intitulé Multifunctional. Entre trap et musiques plus traditionnelles, ce jeune rappeur français intrigue. On a ainsi pris le temps de le rencontrer et de lui poser une série de questions afin de mieux comprendre le personnage et sa musique.

Bien qu’à ses début, Sika Deva a un message à faire passer et semble bien décidé à se faire entendre. Avec cet EP « Multifunctional« , il offre à son public grandissant un aperçu de son univers : des instrus variées, des textes très introspectifs et un flow rapide et caractéristique.

2HIF a ainsi souhaité donner la parole à l’artiste pour qu’il nous parle un peu de lui et de ses projets.

Salut, est ce que tu peux déjà te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas ?

Je m’appelle Sika Deva, je suis un jeune artiste français de 22 ans. Je rappe en anglais, sur de la trap, de la bossa trap et de l’afro trap.

Sika Deva veut dire “l’or qui s’affute au fil du temps”. Ça vient de quelle langue ?

Sika est un prénom béninois. Il vient du langage Fon (langue du Bénin) et a été employé comme surnom pour ma grand mère. Sika veut dire l’or, la sagesse et c’est un nom utilisé pour les jeunes filles nées un mercredi. Deva est une référence bouddhique: les devas sont des êtres dotés de pouvoirs surnaturels (immortalité, puissance, etc.) qui en épuisant leur karma personnel se retrouvent à perdre leurs pouvoirs afin de recommencer leur cheminement spirituel jusqu’à l’immortalité.

Tu viens défendre ton deuxième projet “Multifunctional”. Tu as bossé avec qui ?

J’ai bossé avec le beatmaker qui est présent sur tout l’EP : Joonas. J’ai aussi eu l’occasion de travailler avec Tonha qui est un MC Angolais que je connais depuis que je suis petit et Freem1nd, un ami, que je connais depuis presque deux ans grâce au projet de Hi Levelz.

Sur ton EP, il y a 7 titres et ces 7 titres ont tous des styles différents, des influences différentes. Avec Joonas, comment est-ce que vous avez bossé ?

Ça a surtout été moi qui l’ai guidé sur une certaine direction. Pour “WOY” , “Snug” et “F&G”, ça a été Joonas qui avait deja préparé un catalogue pour moi. Mais pour “Dodge”, “Magosa”, “Running away” et “San Francisco”, on s’est basé sur mes propositions.

J’ai retenu trois tracks sur cet EP, il y a “Magosa” qui a des sonorités brésiliennes … Tu as un lien avec le Brésil ?

Oui, j’ai des origines brésiliennes et plus précisément de Salvador da Bahía.

Sur “Running away”, on trouve des sonorités africaines avec les chants en choeur et tu as un mot qui revient beaucoup dans ce morceau qui est “Freedom”. À quelle liberté fais tu référence ? La liberté pour un artiste ou dans la vie ?

Lors de la création de “Running Away”, je travaillais au restaurant de l’Opéra Garnier en tant que commis. Et j’avais donné deux sens au mot “liberté”. Ça a un sens artistique : quand on ne restreint pas son élan créatif et que l’on apprend à se connaitre sans aucune barrière…  et également avoir la capacité de s’exprimer que ce soit en chantant ou d’une autre manière, librement sans forcément se soucier de ce que d’autres personnes ou éléments externes nous interdiraient. Par exemple, à l’Opéra Garnier, j’ai du faire face à de nombreux clients qui étaient très désagréables et malheureusement par obligation professionnelle, je n’ai jamais pu dire ce que je pensais à voix haute à cause des conséquences potentielles. Cela a crée en moi une d’envie de « liberté », liée à une frustration quotidienne à cause du manque de temps de création et des obligations sociales auxquelles on doit se plier.

Il y a aussi le morceau “Dodge” qui est plus dans un registre afro trap. Cela fait aussi partie de ta culture ?

Oui, j’ai des influences venant des Caraïbes (Guadeloupéenne) mais également africaines pour faire court. Ce morceau a plusieurs références comme Kassav ou Tanya Saint Val ou même plus précisément de Rihanna (Pon de Replay).

À côté, tu tournes avec le groupe CHROMATIK. Tu es un MC dans les deux entités mais j’imagine que ce n’est pas pareil. Comment est-ce que tu bosses avec CHROMATIK ? 

Ce qui est super avec CHROMATIK, c’est que tout le monde a le droit d’apporter sa force personnelle dans le projet, tout en respectant les avis du groupe. On a une liberté créative assez vaste car tout le monde est là pour s’entraider et s’aider à progresser. Je suis content d’être avec CHROMATIK car cela me pousse à travailler sur l’émotionnel, tout en étant bien carré.

Il y a un autre rappeur dans CHROMATIK, Hi Levelz, qui a également bossé sur ton projet “Multifunctional”. Comment travailles-tu avec lui ?

Il y a un an de cela j’étais son hypeman. On a toujours eu une très bonne connection que ca soit scéniquement ou musicalement parlant. Il n’y a jamais eu de désaccords entre nous qui n’étaient pas pertinents. On s’améliore ensemble.

À ton dernier concert à l’Alimentation Générale [où il faisait la première partie de Hi Levelz], il y avait ta maman. Elle était au premier rang en train de danser et elle t’a pris dans ses bras à la fin du concert. Il y’a un morceau dans lequel elle est mentionnée, ainsi que un autre en hommage à ton grand père : quel est ton lien avec la famille ?

J’ai eu une éducation compliquée. Lors de ma naissance ma mère a été obligée de partir pour trouver un boulot pour subvenir à nos besoins et financer mon éducation. J’ai appris à grandir sous la tutelle de mes grands parents, qui étaient musiciens. J’ai toujours eu des bons liens avec ma mère musicalement aussi. Je suis influencé par le côté bossa nova et jazz de mes grands parents, et par le côté r’n’b, nu jack et neo soul de ma mère et évidemment par le côté hip hop de mon oncle et que j’ai appris de manière autodidacte.

Et ce côté anglophone vient de ta famille ?

Oui, on est une famille anglophone, lusophone et francophone. Ça fait un très gros mélange de langues mais j’ai suivi une scolarité américaine et anglaise. Et j’ai terminé dans un lycée à formation internationale.

“Multifunctional” est ton premier vrai EP, quelles sont tes attentes et jusqu’à où veux-tu aller avec ce projet ?

J’ai envie que “Multifunctional” serve comme introduction aux gens pour qu’ils sachent sous quel jour on peut me voir et quelles sont mes capacités pour qu’ils puissent se forger une opinion.

On te souhaite beaucoup de bonheur et puis on se verra peut être pour le prochain projet !

Merci beaucoup ! 

Pour (ré)écouter son EP « Multifunctional », ça se passe par iciEt si vous souhaitez le retrouver sur scène, il se produit le jeudi 5 avril à 21h aux Petites Gouttes (Paris 18), toutes les infos sur l’évènement

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