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Squall p : «J’ai pris le temps de construire et d’aller sur d’autres terrains dans ma musique»

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Squall p : «J'ai pris le temps de construire et d'aller sur d'autres terrains dans ma musique»
© Thomas Spault

En début d’année, Squall p dévoilait STR. À l’occasion de sa première scène à Paris, Interlude rencontre un artiste rigoureux, adroit et ambitieux.

Encore un visage séduisant pour la scène lyonnaise. Squall p, ce sont des phases élégantes, un flow nonchalant et une technicité infaillible. Le 18 mars 2022, il dévoile son premier EP sur les plateformes de streaming : STRInterlude le rencontre le soir de sa première scène à Paris, au FGO Barbara pour le Ici Demain Festival.

Squall p baigne dans le rap depuis toujours. «On est nombreux dans ma mif, j’ai des grands frères qui écoutaient du son, raconte-t-il. Des classiques, Rohff, Booba. J’ai un zinc qui m’a fait découvrir tout ce qui est cain-ri, et c’est là où j’ai pris ma frappe». Waka Flocka, Gucci Mane, ou encore Lil Wayne et T-Pain, Squall p s’imprègne de la trap puis, rapidement, du RnB. «C’était un parcours assez classique» reconnaît l’artiste.

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Squall p : «J’avais envie de voir si moi aussi, je pouvais trouver des phases»

Finalement, Squall p découvre la scène rap UK. Ses premiers textes, il les interprète en anglais. «C’était vraiment avant de faire mes premiers enregistrements, au tout début». «À partir de là, je regardais beaucoup de freestyles sur Internet, tous les passages dans les radios et tout ça, retrace Squall p. Il y avait une équipe que j’aimais bien, c’était Eddie Hyde». Originaire de Seine-Saint-Denis, le collectif Eddie Hyde réunit dans les années 2010 des visages qui connaîtront rapidement le succès, comme 3010, Take A Mic ou encore Houssbad. «C’est à ce moment que je me suis dis que j’avais aussi envie de gratter un peu comme ça, se souvient Squall p. J’avais envie de voir si moi aussi je pouvais trouver des punchlines, des phases. Et c’est comme ça que c’est parti».

Squall p : «J'avais envie de voir si moi aussi, je pouvais trouver des phases»

© Le Donjon

Arrivé à ses 18 ans, Squall p commence à enregistrer ses morceaux, et les publie sur SoundCloud, pour commencer. Chez lui, à Lyon, «il y avait une équipe qui faisait des évènements». Il crée alors de nombreuses connexions avec des figures de l’évènementiels et d’autres artistes, d’autres rappeurs. C’est là que Squall p rencontre son manager, puis le label lyncorp. Peu après, c’est le tour d’Arsaphe, qui deviendra son binôme favori. «C’était fin 2019-2020».

Mais le rap reste au stade de la passion. «J’ai commencé en 2016 mais j’avais pas forcément l’envie de faire quelque chose de concret dans le rap. J’étais pas focus dans ça jusque 2020. Et avant le projet, j’étais en pause». Aujourd’hui, il se lance. «Je me sens chaud, parce que ça fait longtemps que j’ai pas sorti de projet, affirme Squall p. Je suis content de faire découvrir une nouvelle facette de ce que je fais. Parce que j’ai pris le temps de construire et d’aller sur d’autres terrains dans ma musique. J’avais hâte de proposer ça aux gens».

STR, récit d’une ambition

STR, c’est «street». C’est «ce mindset un peu débrouillard». Pour la pochette, l’artiste choisit «simple, mais efficace». Il n’est pas vraiment un monsieur tout le monde, mais se voit plutôt comme un représentant. Et bien qu’il ne s’agisse que d’un EP, Squall p s’arme d’une grande cohérence dans sa direction artistique et son discours. «Je voulais qu’il y ait une logique derrière. De base, j’avais des sons déjà faits que j’ai mis dans le projet, genre “Schengen” ou “Amsterdame”. Je suis parti de ça et je me suis dis que j’allais amener un discours qui moi, me parle, et une vision que j’ai envie de partager aux autres. Et j’ai pris cette tangente-là». S’il n’a rien à prouver, le rappeur fait de STR une vraie profession de faim. «J’avais besoin de l’extérioriser, de la partager aux autres».

«Gros, maint’nant ouvre tes oreilles, et ouvre bien, t’as vu. J’sais pas, t’es là tu fais rien. Reprends l’école ou va chercher un diplôme, trouver un taff, monter un business ! Braco, ou j’sais pas. Gros, la tête, fais quelqu’chose. Pense finesse, pense trap. En tout cas reste focus. Parce que j’sais c’est qui qui t’as élevé mais, moi j’ai pas été élevé comme ça. Ici c’est STR» – Squall p, “PB Interlude”

Quatre mois de travail, de novembre 2021 à février 2022, et quelques morceaux enregistrés auparavant. La recette de STR, que Squall p enregistre à la maison, la plupart du temps. «Mais j’ai fait le mix et le master dans un studio à Lyon. Le Temple. S/o à Ludo». Sur “Papis Talk”, il invite $ckaryno, celui qui l’a poussé à se lancer dans la musique. «C’est lui, mon cousin. Ça me tenait à cœur qu’il soit là. À l’époque où je faisais du son sur SoundCloud, il était là et en faisait aussi. Papis, c’est un mec de chez nous qui nous a grave bousillés quand on était gamins. On avait envie de faire une sorte d’hommage à ce mec-là».

La seule chose qui manque au rappeur, c’est le budget. En témoigne le (superbe) clip de “Nova”. «On veut les SS Nova dans nos small town» écrit Squall p, mais pour l’instant, il n’a pu avoir que la Mercedes W123. «Si on avait pu, on aurais pris la bonne tchop, rigole-t-il. Plus de figuration aussi. Peut-être des plans qu’on n’a pas pu faire. Vraiment du détail. C’est ça notre truc. On aime bien aller jusqu’au détail près, mais pour l’instant, on n’a pas forcément de budget».

Squall p, force tranquille

En tout cas, l’univers de Squall p fait l’unanimité. «Quand j’étais sur SoundCloud, il n’y avait pas un engouement pareil. Je faisais mes stats mais c’était différent. Depuis STR, depuis “Nova” surtout, ça a pris une autre dimension. On n’a pas pop, mais il y a quand même beaucoup plus de personnes autour qui comprennent et qui valident le truc. Il y en a qui découvrent, des anciens qui écoutaient avant et maintenant découvrent d’autres choses. Tout le monde est satisfait, c’est carré».

Mais ce n’est que le début du chemin. L’objectif, d’abord, c’est de s’éloigner des type-beat. «Je n’avais pas trop de connexions avec des beatmakers jusqu’à présent, explique l’artiste. Mais j’aimerais vraiment arrêter les type-beat, je suis fané. Après, on a fait ça bien. Et j’ai pas eu tant de retouches que ça à faire sur les prods. Mais du coup, c’était à moi d’apporter le reste. De faire la connexion entre les prods et tout. D’un autre côté, je ne suis peut-être pas encore assez ouvert pour taffer avec des producteurs. Je sais pas si c’est moi qui ai du mal à m’exprimer avec eux et à faire ressortir un truc dans ma patte, dans ma couleur, ou si c’est juste qu’on marche pas. Ou peut-être qu’eux ne captent pas». En tout cas, il a désormais la possibilité de le faire. «Le mail ne fait que recevoir».

Fini l’échauffement. La partie commence avec STR, mais Squall p préfère garder quelques cartes en main plutôt que de dévoiler tout son jeu dès maintenant. Relancer avec un autre EP, peut-être, mais pas d’album pour le moment, «le temps de faire nos armes, d’améliorer ce qu’on sait déjà faire et de construire notre univers» réfléchit-il. «Je vois l’album comme une consécration, un rassemblement de toute ton expérience. Même si tu peux prendre des risques, expérimenter, c’est une finalité dans le sens où ça marque un tournant». En attendant, Squall p pense à défendre son premier véritable opus, à Lyon d’abord, maintenant à Paris. «J’aime bien ce partage, rencontrer ceux qui écoutent. Sur scène, t’as toute l’énergie du gars. C’est là que t’arrives à capter s’il te parle ou pas. Parfois, ça peut être un peu difficile à l’écoute d’un projet. Mais là, sur scène, t’as la vision».

Dans le reste de l’actualité, on a parlé de “Rien ne change”, des Saboteurs et de la scène avec robdbloc.

Écoutez STR.

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