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Musique

Alpha Wann a-t-il trouvé la «formule secrète» ?

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alpha wann disque de diamant
© Raegular

UMLA d’Alpha Wann vient de fêter ses deux ans. L’occasion de se rappeler son savoureux disque d’or et, pourquoi pas, cette probable «formule secrète» qu’on se plaît à espérer. 

Existe-t-il encore un large public pour le rap aux colorations nineties ? Cette école est-elle devenue une niche au sein du mouvement hip-hop français ? Au cœur de l’ère « pop urbaine », streaming et Tik Tok : les charts sont monopolisés par un hip-hop monochrome. Cependant, la certification de l’album Une main lave l’autre d’Alpha Wann bouleverse les idées reçues sur la recette à suivre pour réussir dans le rap. Billet.

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Le «dernier rappeur qui rappe»

Ils n’étaient pas adolescents pendant le premier âge d’or du rap français. Nés entre 1987 et 1992, les membres du groupe parisien 1995 n’ont pas été à la Fnac pour acheter Conçu pour durer de La Cliqua, Qu’est-ce qui fait marcher les sages ? des Sages Poètes de la Rue ou Première consultation du Doc Gyneco au moment de l’apparition de ces classiques dans les bacs. Et pourtant, la bande d’Alpha Wann et Sneazzy ont participé à faire renaître le « rap à l’ancienne ». Il est de coutume de dire que la mode est un éternel recommencement. Le rap n’échappe pas à cette maxime. Sans pour autant configurer la machine à remonter dans le temps dans la période 1990-1993 ; période où les productions et les flows n’avaient pas atteint le niveau d’excellence de la seconde moitié de la décennie ; une génération de jeunes rappeurs s’approprient les codes d’un autre temps et font remonter à la surface un rap glorifié mais suranné.

Quelques années après ce retour à la source, Alpha Wann sort Une main lave l’autre et se surnomme le «dernier rappeur qui rappe». Les démonstrations techniques de Philly Phaal créent l’effervescence dans la sphère hip-hop nationale. Ces derniers temps, cette effervescence devient récurrente dès qu’un artiste sort un album différent de la masse. Cette effervescence devient même une ébullition lorsque ces albums obtiennent une certification. Un courant censé être une niche anachronique produit des disques d’or. Le succès commercial de UMLA s’explique évidemment par la qualité de ses dix-sept titres. Il s’explique aussi par un fort lobby Twitter appelant le public à offrir à Alpha Wann une récompense méritée. L’annonce de la certification a presque été vécu comme un soulagement, une bague NBA obtenue après 4 finales perdues. Un album, sans tube radiophonique, sans morceaux calibrés pour les clubs ou à destination des familles, peut obtenir un disque d’or. Hallelujah !

Alpha Wann, unique mais pas seul

Déjà un classique pour beaucoup d’amateurs de rap français, UMLA est l’apogée du mouvement initié à l’aube de 2010. Est-ce la première pierre posée vers la multiplication des certifications pour un rap perçu comme «ecclésiastique» par ses détracteurs ? Ou est-ce un pic en trompe l’œil, et ce rap va-t-il retomber entre les mains d’un public plus confidentiel ? Au cœur de la génération trap, drill et pop urbaine, il est bien courageux de choisir une direction artistique aussi propre et assumée et obtenir un succès commercial. Deux ans après la sortie de UMLA, peu de projets singuliers ont bouleversé les classements de la SNEP. Mais les succès retentissants de Laylow et Freeze Corleone sont deux nouvelles preuves que des artistes à la direction artistique singulière peuvent se retrouver dans la bibliothèque d’un grand nombre d’auditeur de rap français.

Au début des années 1990, le groupe Assassin se vantait dans un morceau resté célèbre de détenir «la formule secrète». Depuis Rapattitude et les productions de DJ Clyde, bien des formules ont été utilisées dans le hip-hop pour embrasser le succès. Les cases à cocher évoluent. Au début des années 2020, faut-il nécessairement cocher les cases « autotune », « morceau chanté », « rythme afro ou caribéen », « facile à steamer pour ensuite entrer en playlist » pour réussir dans l’industrie rap française ? C’est sûrement plus simple, mais la réponse est non. Loin de nous l’idée de critiquer les artistes qui suivent cette formule surtout lorsque le produit final est de qualité. Le disque d’or de UMLA ouvre cependant d’autres perspectives passionnantes. Respect aux tendances, respect aussi à ceux qui les contredisent.

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