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Comment le rap français s’est approprié l’univers « Harry Potter »

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Harry Potter est une œuvre culte, qui a bercé l’imaginaire de toute une génération. Alors, comment le rap français se l’est-il approprié ?

Ce mardi 26 mai, le septième film de la saga Harry Potter sera diffusé sur TF1, comme les six autres les semaines précédentes. L’oeuvre créée par J.K Rowling est aujourd’hui si profondément culte qu’il est impossible de ne pas la connaître, au moins de nom. Un univers riche qui a inspiré de nombreux artistes de la scène du rap français. L’occasion de se balader parmi quelques-unes des multiples références consacrées par les MC au monde des sorciers.

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Bienvenue à Poudlard !

«Paris c’est Poudlard», s’exclame Sofiane dans son morceau « Toka », qui transporte la célèbre école de sorciers dans l’environnement qui est le sien. Plus largement, Poudlard est perçu comme un lieu idéal. Après tout, qui n’a pas rêvé recevoir un jour une lettre d’admission à la célèbre école ? Tellement idéal, que fatalement inaccessible. «Ils ont tué nos fées et nous on n’rêve que de Poudlard», constate Shurik’n dans « La même chose ». «Il rêvait de Poudlard, j’ai fini en cellule.» Moha la Squale, dans cet extrait de « Ton pote », propose un oxymore dans laquelle il oppose Poudlard, lieu de rêve, à sa cellule, bien plus tristement lié à son quotidien.

Comme tout lieu d’idylle, Poudlard a également fini par devenir un argument d’égo-trip : « Je sors de Poudlard pour mieux les chourav’ », s’amuse Zamdane ainsi dans « Favaro ». A noter d’ailleurs le jeu de mot entre chourav’ qui signifie voler, mais qui fait aussi référence à Mme. Chourave, professeure botaniste à Poudlard.

Après l’admission, il faut choisir sa maison

Préférez-vous rejoindre les courageux Gryffondors, ou les rusés Serpentards ? Rude question, qui semble avoir divisé quelques rappeurs. Considérons alors Bigflo et Oli comme les ambassadeurs de Gryffondor : «Ce soir j’ouvre le Champomy, on fait la fête à Gryffondor», déclare Bigflo dans le freestyle « Du disque dur au disque d’or ». Les deux toulousains samplent également la phrase, issue des films, «10 points pour Gryffondor !»  dans leur morceau « La tempête ». Arrive alors leur premier opposant : Damso. Dans « CQFD », le belge lâche la phase suivante : «Le sorcier est vrai ce n’est pas du Gryffondor». L’artiste évolue dans un univers bien plus sombre, et méprise la bien-pensance des Gryffondors.

Le rap français semble être plus à l’aise avec les idéaux de Serpentard : «A l’école des sorciers, GLGV Serpentard» (« La bohème », GLGV), «J’suis plus Serpentard que Serdaigle» (« Savane », XV Barbar). Georgio va même encore plus loin, et projette Serpentard dans son propre quartier : «J’suis un Draco Malefoy, Marx Do’ c’est Serpentard», rappe-t-il dans « Tu sais c’qui se passe ».  Le MC a grandi dans le quartier Max Dormoy, dans le XVIIIème arrondissement, pas vraiment l’endroit où le train de vie est le plus agréable. Lui-même, produit de son environnement, n’a donc d’autres choix que d’incarner Draco Malefoy, le rival d’Harry Potter, mais surtout un fier représentant de la maison Serpentard.

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En quête de puissance

Les rappeurs aiment également se comparer avec les figures les plus puissantes de l’œuvre, et notamment Dumbledore, l’emblématique directeur de Poudlard. «Un passé moldu, moi, j’préfère les éviter, s/o Dumbledore, moi, j’connais d’jà tous les sorts.» Dans cet extrait de « Omar Little », Lord Gasmique oppose les moldus, c’est-à-dire les gens normaux qui n’ont pas de vertus magiques, à lui, magicien plus que confirmé. L’égal de Dumbledore selon ses dires.

Dans le morceau « ONO » du High Five Crew, Assassam est «heureux comme un fumble, genre le vol de l’horcruxe par un Dumbledore». L’occasion pour le MC de saluer l’adresse et la maîtrise de Dumbledore, qui a dérobé un Horcruxe, c’est-à-dire une partie de l’âme de son adversaire le plus féroce : Voldemort.

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Ce très cher Voldemort, le mage noir qui s’est juré de tuer Harry Potter, semble quant à lui provoquer l’unanimité chez les MC. MZ, en featuring avec Marlo, lui avait consacré le morceau « Voldemort », sur une instrumentale inspirée de la bande originale des films Harry Potter. Pour tout rappeur en quête de violence, celui que l’on surnomme le Seigneur des ténèbres est une référence obligatoire. «J’ressemble à Voldemort avec ma cagoule», rugit Booba dans « Zer », «j’traine avec Voldemort et Palpatine», mitraille A2H dans «On charbonne»…

Mais la palme revient à Sofiane, qui, invité sur le morceau « Loup Garon » de Gims, déclare sobrement : «Tu prêtes pas l’allégeance on t’arrache ta mère / C’est Lord Voldemort, inutile de mentir / J’arrive sur l’industrie à dos de pégase pour charmer les sorciers». Rien que ça. Vald, plus tranquille, joue le connaisseur et s’identifie avec la véritable identité de Voldemort : Tom Jédusor. Ce qui nous donne un très beau «V-A-L-D Jédusor» dans « Trophée ».

Freeze Corleone, patron des Mangemorts

Les Mangemorts sont les hommes de mains de Voldemort. Tout de noirs vêtus, ils sont l’emblème des ténèbres. Et il y a un rappeur qui semble avoir été particulièrement charmé par le concept : Freeze Corleone. Le MC avait d’ailleurs appelé l’un de ses sons « Mangemort » en 2014. «On complote contre eux avec mes Mangemorts» (« Mangemort »), «S/o mes Mangemorts et mes pirates» (« Jeremy Lin »), «S/o mes Mangemorts venus d’Dakar» (« Mage noir »)… Et il y en a d’autres.

Mais il n’est pas le seul à se sentir Mangemort. Guizmo s’identifie lui aussi à ses serviteurs de l’ombre dans « Le Meilleur », particulièrement lorsque les contrôleurs du métro lui tombent dessus : «Et les releus savent que j’ai pas mon titre de transport mais j’les ensorcelle en style de Mangemort». Même si leur quotidien n’est pas le même, Guizmo ne respecte pas la loi, comme les serviteurs de Voldemort. Même idée pour Deen Burbigo, qui «mène ce train de vie, affolant comme un Mangemort» dans « Un « je ne sais quoi «  ».

Quand dualité et folie s’immisce chez Harry Potter

Certains rappeurs se servent de références à Harry Potter pour imager leurs maux. Par exemple, Laylow, a choisi de métaphoriser les problématiques liées à son métissage au travers du prince de sang-mêlé. Pour rappel, le prince de sang-mêlé est le surnom que s’est donné le professeur Rogue lorsqu’il était étudiant, par rapport au fait que sa mère était sorcière, alors que son père non. «Hey, Prince de sang-mêlé / T’es toujours des deux côtés / Mais t’sais que ce double jeu ne peut plus durer», confie Laylow à lui-même dans le refrain de « Prince de sang-mêlé ».

Souffrances de sang pour le Prince, souffrances de peau pour Laylow. Le rappeur prolonge la métaphore dans « Shok » en featuring avec Wit : «Ken Kaneki dans Tokyo Goul, prince de sang-mêlé veut sa money vite». Il fait cette fois-ci une analogie multiple, entre Ken Kaneki qui souffre d’être à la fois un humain et une Goule (un monstre assoifé de sang), et le Prince de sang-mêlé. Le tout pour illustrer la complexité de sa situation.

Un autre exemple ? Alors direction Clubbing for Columbine, album dans lequel Foda C et Sully effectuent un parallèle avec la « Mandragore ». Foda C parle dans ce morceau de la folie dont il est victime, et qui le pousse à tuer sa mère. S’il fait référence à la mandragore, c’est parce que cette plante, que l’on retrouve dans Harry Potter, provoque des ultrasons très dangereux lorsqu’elle crie. Dans la dernière partie du morceau, un passage dans lequel Hermione explique les propriétés très dangereuses de la Mandragore se glisse avant l’outro de Foda C. On comprend alors que cette folie dont il est sujet, semble avoir été provoquée par la mandragore. N’ayant pas supporté la violence des ultrasons de la plante, Foda C a sombré dans la démence.

Chacun son propre Harry Potter

Harry Potter est au final un outil comme un autre pour les rappeurs de partager ce qu’ils ont envie à travers des références universels. Un moyen de créer leur univers parallèle, dans lequel les artistes peuvent s’imaginer évoluer dans le Poudlard de leurs rêves. Youssoupha a par exemple pris l’habitude de se surnommer Bakari Potter. Comme pour souligner l’universalité de la saga, que chacun est libre d’interpréter à sa manière.

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