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Comment un rappeur est devenu une star culte de GTA ?

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Tandis que GTA : San Andreas fête son seizième anniversaire, on s’est souvenu de l’histoire de Young Maylay, le rappeur-doubleur qui se cache derrière CJ. 

Il y a de grandes chances que son nom ne vous dise rien, bien qu’il ait certainement bercer la jeunesse de nombreux amateurs de jeu vidéo. Rappeur plutôt confidentiel de la West-Side des États-Unis, Young Maylay a pourtant été écouté par près de 27,5 millions de personnes à travers le monde. En somme, approximativement le nombre de joueurs qui ont mis la main sur le cultissime GTA : San Andreas. Dévoilé en octobre 2004, il s’agit du cinquième volet de la série, et certainement l’un des plus populaires. On y incarne CJ, Carl Johnson, dans la ville fictive de Los Santos, en Caroline du Sud, nettement inspirée de la bien réelle Los Angeles.

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«Le scénario de GTA : San Andreas était plus épais que la Bible !»

C’est Chris Bellard, plus connu sous le pseudonyme de Young Maylay, qui a servi de modèle au personnage. Que ce soit physiquement, mais également au niveau du doublage, puisque c’est lui qui l’interprète tout au long du jeu. Il faut remonter jusqu’aux années ’90 pour comprendre comment l’artiste s’est retrouvé derrière la voix de CJ. À cette époque, il se lie d’amitié avec King T et le producteur DJ Pooh. Ce dernier, qui collaborait déjà avec Snoop Dogg ou encore Big Tray Deee, a permis à Maylay de le rejoindre quelques fois en studio, et tisser une relation particulière avec le rap et l’univers hip-hop.

Toutefois, DJ Pooh a fini par décrocher un contrat avec Rockstar, quelques années plus tard, en tant que scénariste et coproducteur de GTA : San Andreas. Évoquant le casting des personnages lors d’une réunion, DJ Pooh a appelé Young Maylay avant de mettre le téléphone sur haut-parleur. C’est ainsi qu’ils ont discuté, tout naturellement, sans que Maylay ne sache qu’il était en train de passer un casting pour le rôle de sa carrière. «Je ne voulais pas que tu en mettes trop ou que tu sois trop décontracté, je voulais que tu sois Maylay», lui a raconté Pooh plus tard, dans des propos relayés par Pitchfork.

Finalement, c’est bien lui qui a été retenu, après une multitude d’auditions et un voyage à New York. Sans trop s’en rendre compte, Young Maylay se plonge alors dans une charge de travail ahurissante, et surtout éloignée de sa vie quotidienne. «Le scénario du jeu était plus épais que la Bible !», se souvient-il. Il raconte avoir du enregistrer pendant près de 10 à 12 heures par jour la moindre ligne de texte prononcée par CJ. Il a également du se lancer dans toute un panorama d’onomatopées : sifflements, grognements, bruits de douleur, pour renforcer le réalisme du jeu. Aussi, il est évidemment derrière l’incontournable : «Here we go again», devenu un meme.

«Rockstar n’en avait rien à faire de savoir si je mangeais ou non»

En parallèle, il s’appuie sur le succès de San Andreas pour lancer sa carrière musicale après-coup. En 2005, surfant sur la hype du jeu qui deviendra le plus vendu de l’histoire de la PlayStation 2, il dévoile San Andreas : The Original Mixtape. Un disque de vingt morceaux, dans lequel il s’inspire de l’univers hip-hop des années 1990. Dans l’introduction du projet, il reprend même la bande-originale de San Andreas. Encore aujourd’hui, le morceau a plutôt bien vieilli, et cumule même 10 millions d’écoutes sur Spotify. La pochette du projet également s’inspire de l’univers de GTA, avec ce montage dessiné aux traits exagérés.

Toutefois, malgré une discographie plutôt correcte dévoilée par la suite, Young Maylay ne sera jamais parvenu à convertir la hype qu’il a accumulée avec Carl Johnson dans sa musique. Plus que ça, aujourd’hui, il garde un très mauvais souvenir de ces années de collaboration avec Rockstar Game. Début 2020, alors qu’une rumeur annonçait le retour de CJ pour GTA VI, Young Maylay a réagi avec virulence sur son compte Instagram, insultant les studios américains. «Je ne suis pas du tout impliqué dans GTA VI… F*ck cette période avec Rockstar Games. CJ devra se faire entendre par un autre enc*lé.» Il poursuit : «Je ne les ai jamais attaqué publiquement parce qu’ils me rapportaient de l’argent, mais Rockstar n’en avait rien à faire de savoir si je mangeais ou non.»

En fait, Young Maylay a reproché à Rockstar d’avoir engrangé des milliards de dollars grâce à sa voix et son personnage, sans pour autant en voir la couleur. Il n’est d’ailleurs pas le seul doubleur a avoir évoqué ce sentiment. Michael Hollick, qui a doublé le personnage de Niko Bellic lors de GTA IV, s’était également attristé de son traitement lors d’une interview au New York Times. «Il est évident que je suis incroyablement reconnaissant à Rockstar de m’avoir donné l’occasion de participer à ce jeu alors que je n’étais qu’un moins que rien. Mais c’est difficile, quand on voit que GTA 4 est le plus grand succès du moment, quand ils font des centaines de millions de dollars, et qu’on ne voit rien de tout cela». L’envers du décor.

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