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Haute couture et rap français, amour finalement réciproque Haute couture et rap français, amour finalement réciproque

Culture

Haute couture et rap français, amour finalement réciproque

Crédit photo : Shootpix/ABACAPRESS.COM

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Il est loin le temps où une marque de luxe disait « on ne veut pas de rap » à Nekfeu. Loin et très près en même temps. Egérie, c’était il y a trois ans seulement. Depuis, la haute couture a retourné sa veste et la porte en bomber, façon streetwear, façon rappeur. En 2018, les créateurs font appel aux rappeurs. Et non l’inverse.

Du rap français en BO des défilés

Le 17 janvier 2018, la créatrice Isabel Marant présente sa nouvelle collection printemps-été 2018 lors d’un diner intimiste pour les professionnels du milieu. Face à eux, des mannequins qui défilent et Lomepal, en veste à motifs colorés Isabel Marant, en showcase.

La connexion fonctionne : Sophie Fontanel, la journaliste mode la plus influente du moment et pérenne à la fois, partage un extrait vidéo de Yeux disent à ses 154.000 abonnés sur Instagram. Retournée par la performance du rappeur parisien, elle ajoute : « Ce soir, chez Isabel Marant, je découvre Antoine Lomepal qui, sans le savoir, dit mon âme à chaque carrefour de mots de ses chansons. On a des frères insoupçonnés. » Dès le lendemain de la rencontre à priori peu habituelle, le magazine de mode Vogue pose la question : « Qui est Lomepal, le rappeur qui performait hier au dîner Isabel Marant ? » et y répond sous la plume d’une journaliste séduite par son talent.

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Quand l’artiste n’est pas convié sur scène, son rap l’est tout de même, en bande son. L’exemple le plus récent est sûrement le premier défilé Homme de Jacquemus le 27 juin dernier. Au milieu des calanques de Sormiou, les mannequins posaient sous le soleil marseillais et sur la voix de Disiz. Simon Porte Jacquemus a choisi le morceau Bo Gosse pour habiller son show. Autre exemple, autre mélange des genres : Balmain a ouvert son défilé de la fashion week parisienne en janvier 2017 sur le planant Onizuka de PNL

Rappeur en front-row

…PNL qui avait été invité sur les front rows du défilé Chanel quatre jours plus tard.

À New-York, il n’est pas surprenant de croiser JAY-Z ou Travis-Scott à deux sièges d’Anna Wintour pendant la Fashion Week. Des ponts sont déjà installés entre les deux mondes, et ils sont solides. A$AP Rocky est autant chez lui chez Dior que chez Alexander Wang, Kanye West joue à domicile chez Balmain, Louis Vuitton et APC à la fois, Pharrell Williams est LE chouchou Chanel.

Chez nous, outre Atlantique, on y arrive. Notamment grâce aux rappeurs trendsetters – qui prêtent une attention réelle au monde de la mode, et pas seulement pour frimer avec du « luxe » – à l’instar de S. Pri Noir ou de son acolyte du S&S Tour, Sneazzy. Ce dernier est apparu, vêtu des pieds à la tête en Kenzo, lors du défilé de la marque le 25 juin dernier.

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Leur propre collection dans une grande maison

C’est devenu presque automatique : un rappeur, un label, une ligne de vêtement. Orelsan porte toujours du AVNIER, Guizmo ne retire jamais son sweat floqué Y&W, les rappeurs de l’Entourage ont tous créé leurs logos qu’ils affichent de leurs casquettes à leurs bombers… Certains ont eu l’opportunité d’appuyer un peu plus leur signature grâce à des collaborations avec des grandes marques : c’est le cas de Lomepal avec la capsule de converses « FLIP », ou de Nekfeu et de sa collection aux logos de son groupe S-CREW et de son label Seine-Zoo pour Rad. Jusque là, on parle streetwear. Mais la mode version luxe, il fallait l’atteindre. Et c’est Nekfeu le premier en France à s’ « appliquer dans la haute-couture« . Au beau milieu du défilé Agnès b. le 6 mars 2018 à Paris, surprise : les mannequins, dont Aboukar Simakan (photographe et ami de Nekfeu, et membre de l’Entourage) défilent et présentent une collection street et travaillée créée en collaboration avec Nekfeu, sous l’oeil attentif de ce dernier installé au premier rang entre les actrices Clotilde Hesme et Isabelle Huppert.

Rappeur-égérie

L’amour que les rappeurs français portent au monde du luxe – et lui prouvent en usant du name-dropping – se révèlent de plus en plus réciproque. Prochaine étape ? Un rappeur égérie d’une grande maison ? On peut en rêver, la mode américaine a fait ce choix à plusieurs reprises. Ici, il reste ce plafond à briser pour que les deux mondes convergent au sommet. Pour le moment, seul Georgio a tapé dans l’oeil d’une grande marque au point d’investir le rôle d’égérie. En avril dernier, le rappeur est devenu le « visage » du parfum Gentleman de Givenchy. On ne parle pas de la ligne couture de la grande maison, mais tout de même, Georgio pour Givenchy, ça ne peut qu’inspirer l’espoir de nouvelles rencontres entre les deux univers que tout oppose… sauf le désir de créer du beau.

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