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Hugo TSR, pilier de l’underground devenu tête d’affiche ?

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Hugo TSR, pilier de l'underground devenu tête d'affiche ?

Au milieu des sorties de ce mois de février, l’une d’entre elle interpelle : Hugo TSR. Le rappeur du 18e arrondissement sort son nouvel album Une vie et quelques ce vendredi. Avec une certaine et évidente attente.

Hugo TSR, figure emblématique du rap indépendant, leader du TSR Crew, est de retour. Après cinq albums publiés entre 2005 et 2017, le rappeur parisien revient le 19 février avec Une vie et quelques. À priori en marge du rap mainstream qui explose depuis quelques années, son statut a pourtant beaucoup évolué depuis son dernier opus.

En effet, Hugo TSR a passé une étape. Anecdotique pour certains, significative pour d’autres. En juin 2019, son album Tant qu’on est là, porté par le magnifique morceau « Là-haut » et son clip à 27 millions de vues, est certifié disque d’or. Un an plus tard, son album Fenêtre Sur Rue, sorti en 2012, connaît le même sort. Deux disques d’or qui sonnent comme une juste récompense pour cet artiste pétri de talent, d’authenticité et de vécu qui rappe sa vie avec simplicité et détermination.

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Un succès commercial

Cependant, pas sûr que cette étape ne change quelque chose pour Hugo TSR et sa musique. En effet, l’artiste a jusque-là gardé la même ADN dans sa musicalité, avec des sonorités très old school sur des prods assez sobres, souvent constituées d’une base boom-bap des années 1990 revisitées avec des pianos et violons qui lui donnent énormément de place pour s’exprimer. Et cette énergie a été confirmée par les deux premiers extraits de son album, « Périmètre » et « Senseï », qui conservent la même ligne directrice.

Dans la première scène du clip de « Senseï », on aperçoit d’ailleurs Hugo capuché dans une cage d’escalier avec ses deux disques d’or en train de brûler. Un signe fort envoyé d’entrée par un rappeur qui a toujours fait passer la musique avant tout. Il confirme sa position plus tard dans le morceau pour signifier sa marginalité vis-à-vis du rap game : «J’suis pas underground, underground c’est déjà trop mainstream».

Hugo TSR, une hype réelle

Evidemment, Hugo joue énormément de cette étiquette qu’il se donne. Celle-ci est maîtrisée de bout en bout et renforce l’image inatteignable et originale de lui et son collectif. Absence des réseaux sociaux, aucune interview, pas de communication, des clips où il se montre très peu : le mystère autour d’Hugo TSR laisse voix à sa musique et à son quotidien qu’il reproduit dans ses textes. Dans des thèmes qui tournent autour de la vie de quartier, l’enfermement, la monotonie du quotidien : la mélancolie d’Hugo touche aujourd’hui un panel de plus en plus important d’auditeurs. Lui qui fut, à la fin des années 2000, un rappeur très influent pour une certaine génération (notamment Georgio) avec des disques classiques, comme Flaques De Samples sorti en 2008.

Et c’est cette caractéristique du rappeur qui plaît tant. Dans une époque où les projets et les nouveaux rappeurs arrivent par floppée, la singularité est mise à l’honneur. Ni topline, ni refrains autotunés ni featurings habituels pour accrocher le top single de la SNEP. Hugo se démarque des codes classiques du rap mainstream. Entre placements, fast-flow et énergie: il rappe comme trop peu et ça fait du bien. De quoi constituer une réelle hype auprès d’un public en quête de nouveauté et de fraîcheur face à la redondance des projets de beaucoup de têtes d’affiches.

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Au cœur d’une récente scission dans le rap

Cette hype est également représentative d’un nouveau courant qui souffle sur le rap français et qui s’est illustré en 2020. L’explosion de certains artistes « de niche », dont la musique a trouvé sa place parmi le grand public, incarne une réalité. Aujourd’hui, les auditeurs décident et peuvent permettre à un artiste de percer en gardant intacte son identité musicale. C’est le cas par exemple de Laylow, Népal, Alpha Wann, Dinos ou Freeze Corleone, dont l’essence et la singularité ont connu de forts succès commerciaux. C’est la revanche d’un rap de kickeur, indépendant, sans concession, qui est mis en lumière. En effet, le streaming et internet ont brisé les règles imposées par les labels et les radios.

Une chose est certaine : si Hugo reste prisonnier de son cosmos que sont le 18ème arrondissement et la Ligne 12, qu’il décrit en boucle album après album, sa musique a depuis quelques années bel et bien franchi le périphérique et se trouve aujourd’hui aux portes d’un public à la recherche de renouveau. Et dans une période où la palette artistique que le mot « rap » recouvre est infinie, le renouveau peut se trouver dans le rétroviseur. Certains ont donc besoin de revenir aux origines de cette musique. Hugo TSR et sa Chambre Froide l’incarnent à la perfection. Une sortie très attendue pour un rappeur d’exception en 2021.

Dans le reste de l’actualité, “Kim” et Eminem, l’histoire d’un amour irrationnel.

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