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Musique

L’immense « Respect » du hip-hop pour Aretha Franklin

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L'immense "respect" du hip-hop adressé à Aretha Franklin
Ce que le hip-hop doit à Aretha Franklin, il a tenté de le lui rendre en la samplant, mille fois. Ce jeudi 16 août, à l’annonce de sa disparition, les rappeurs américains lui ont rendu un dernier hommage ému et unanime.

« Nous t’aimons et te remercions pour toute cette musique magnifique. » Devant son public de Détroit, Queen Bee s’est adressée à Queen of soul. Quelques heures après l’annonce choc du journal local Detroit News qui révélait que l’icône afro-américaine recevait des soins palliatifs, le couple Carter lui dédiait cette date du On the Run II tour. Cette attention sonnait comme une réconciliation urgente avant le grand départ d’Aretha. Une première fois, lors de la cérémonie des Grammy Awards en 2008, puis lors des investitures de Barack Obama, en 2009 et 2013, les divas s’étaient lancées des vacheries… de divas.

Le hip-hop, la relève engagée de sa soul

Loin d’être de réelles ennemies, l’interprète de « Think » et Beyoncé se ressemblent et opèrent depuis quelques années un passage de flambeau. Les deux icônes avaient le point commun d’utiliser leurs voix puissantes pour aider les sans-voix. Pour défendre les femmes et les femmes noires invisibilisées dans la société américaine avant tout. L’une l’a fait avec « Respect », à la cinquième place du classement des tubes internationaux « de tous les temps » du magazine Rolling Stone, l’autre avec « Who run the world (girls) ». Deux célébrations des femmes, deux hymnes dansants et résolument féministes.

À l’heure où le magazine Vogue est félicité parce qu’il affiche Beyoncé (édition américaine) et Rihanna (édition britannique) en première page pour ses numéros de septembre 2018, il est bon de se rappeler, ou d’apprendre, qu’Aretha Franklin a été la première chanteuse à apparaitre en Une du mythique magazine TIME, en 1968. Cinquante ans séparent ces « covers-girls », cinquante ans de combats qui n’ont pas suffit à ce que l’impression d’une Riri ou d’une Queen Bee sur papier glacé ne relève pas de l’ « exploit ». Le combat n’est pas terminé et le parcours militant d’Aretha Franklin est un exemple dans lequel la plus puissante des afro-américaines contemporaines et les autres chanteuses hip-hop et R’n’B peuvent se mouvoir.

Et puis, Aretha Franklin, élue deuxième personnalité afro-américaine la plus célèbre au monde, derrière Martin Luther King, a incarné les combats des afros-américains, ceux-là même défendus aujourd’hui par les figures engagées du hip-hop, qui font de la lutte contre le racisme un thème central de leurs textes.

 

L’hommage en samples

Cette proximité de culture, de codes et de convictions avec la Lady Soul, le hip-hop de chaque génération l’a revendiqué, en samplant ses plus grands tubes. La liste est incroyablement longue et éclectique. Dans « In my Lifetime (Big Jaz Radio Remix) », Jay-Z a samplé « Oh Baby » et dans « School Spirit », Kanye West a utilisé « Spirit in the Dark ».

Le titre « Call me » de la chanteuse gospel a été samplé par Slum Village en featuring avec Kanye West et John Legend dans « Selfish », et par Big Sean, dans un morceau qui porte le même nom que l’original d’Aretha Franklin. Mos Def utilisait « One Step Ahead » pour « Ms. Fat Booty », quand T.I. se servait de « Day Dreaming » pour « Let’s Get Away ». Le rappeur d’Harlem Cam’ron a lui aussi samplé « Day Dreaming » pour son titre du même nom.

Avant eux, J Dilla enregistrait un morceau de « Rock Steady » de la diva soul pour son titre « Rockhuh ! », ce même « Rock Steady » qui avait été samplé par Dr Dre dans « Rat-Tat-Tat-Tat », en 1992, et par Outkast dans « Jazzy Belle », en 1996. La même année, Mobb Deep samplait « You are my sunshine » dans « Drop a Gem on Em ».

Dernier au revoir

Sur leurs réseaux sociaux, les rappeurs américains, sans distinctions de style ou d’époque, de P.Diddy à Snoop Dogg en passant par Gucci Mane, ont exprimé leur peine face à la disparition d’une de leur source d’inspiration. Nicki Minaj a quant à elle dit au revoir à « la seule et l’unique », qu’elle surnomme la « reine Aretha ».

« Bien qu’Aretha soit connue pour être la Reine de la soul, je considère qu’elle était Hip Hop, en raison du break incroyable de cette chanson. »

Grandmaster Flash, considéré comme un pionnier du hip-hop, du scratch et du remix, a lui aussi eu une réaction émue à la mort de la chanteuse. Comme J Dilla, Dr Dre et Outkast en musique, il a rendu un hommage particulier à Rock Steady« Bien qu’Aretha soit connue pour être la Reine de la soul, je considère qu’elle était Hip Hop, en raison du break incroyable de cette chanson. Il faut être vif pour entendre la percussion du break. Les DJs savent. »

C’est le producteur de rap américain 9th wonder qui a su résumer en quelques puissants mots l’éternel respect de son monde pour la reine disparue. « Vous étiez la genèse de tout. Merci Aretha. »

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