Suivez-nous

Musique

La Fève : un an après « KOLAF », entre succès surprise et futur brillant

Publié

le

la feve kolaf

Sorti il y a un an, KOLAF aura été l’un des projets les plus marquants de 2020. Un succès que La Fève a tenté lui-même de tempérer. 

Ce 25 septembre 2021, KOLAF a soufflé sa première bougie. EP collaboratif entre La Fève et le producteur Kosei, le projet s’est inscrit comme l’un des plus soignés de 2020. Cover immanquable, vent de fraicheur et alchimie évidente entre les deux démons : on tient les ingrédients d’un succès époustouflant pour un projet de cette envergure. Car l’EP est bien la première pièce de la discographie du duo et on y décèle un potentiel prodigieux. Loin d’être un album aux ambitions élevées, l’EP aura pourtant connu une hype gigantesque. Allant parfois jusqu’à atteindre des hauteurs peut-être surdimensionnées, que même La Fève a tenu à tempérer. Parlons-en.

KOLAF : un projet au succès retentissant

Tout au long des neufs morceaux, le duo fait preuve d’une alchimie parfaite. À l’image de cette cover paradoxale, effrayante mais presque enfantine, La Fève et Kosei enchaînent des bangers toujours teintés d’une mélancolie très juste, amenée par une voix charismatique. La Fève traite notamment de son envie de réussir et d’emmener les siens dans son sillage. Comme sur « DSMJ », « Belle Somme » ou « La Foudre », où son écriture incisive se marie parfaitement aux prods captivantes de Kosei : «Entre moi et la prod, t’as capté l’alchimie». 

Publicité

Le projet s’impose aussi comme l’étendard de cette auto-proclamée new wave du rap FR, dont Khali, seul invité de la tracklist, se réclame sur « Vilain » : «Nous c’est la new wave, vous c’est les fanés». On parvient à capter la puissance d’un binôme qui entame alors sa discographie, après une rencontre «bêtement sur Instagram». «J’avais écouté le projet de Khali (Palmer Wild Story) et j’avais vraiment kiffé les prods, décrit La Fève aux Inrocks. Il (Kosei) m’a envoyé un message et on a commencé à faire du son. J’ai vraiment l’impression que le ciel me l’a envoyé». Une rencontre tombée à point nommé permettant au rappeur de s’essayer à d’autres choses, non sans peine au début. «Au départ j’avais peur. Je trouvais ses prods trop belles et j’avais l’impression que j’étais trop nul pour elles. Je venais de commencer l’Auto-Tune, j’avais peur de les saccager».

La Fève : «J’ai bien aimé KOLAF mais je trouve ce succès injustifié»

Après des premiers jets sur SoundCloud, l’alchimie entre Kosei et La Fève accouchera donc de KOLAF (contraction de leurs noms de scène respectifs). L’EP va connaître un succès spectaculaire et le bilan chiffré est implacable : un an après sa sortie, le projet cumule près de 4 millions d’écoutes sur Spotify, dont bientôt un million uniquement sur « Belle somme ». Pour La Fève, c’est presque trop. «On a fait de gros chiffres sur KOLAF, mais je ne peux même pas visualiser le nombre de personnes que ça représente. Après, pour te parler succès, ce n’est pas que je n’aime pas ma musique, mais je pourrais te dire que les gens, ils abusent. (…) J’ai bien aimé KOLAF, mais je trouve ce succès injustifié et je vais essayer de le justifier». Un avis qui pourrait surprendre, mais qui témoigne d’une maturité impressionnante pour un rappeur si jeune (21 ans).

S’il s’est d’abord lancé sur SoundCloud et a pris son temps pour proposer un premier projet sur Spotify ou Deezer, c’est avant tout en raison d’une spontanéité évidente sur la plateforme orange. Lui laissant la liberté de publier ce qu’il veut, loin des radars habituels. Cette spontanéité, elle a été mise à l’épreuve sur KOLAF : travailler avec autrui ou le souci du détail, ce sont des choses auxquelles SoundCloud ne confronte pas forcément. En tout cas, pas autant. Mais le rappeur a l’air de s’être pris au jeu de la minutie, en témoigne une anecdote qu’il livrait pour 1863 : «On a dû reposer les maquettes en studio, ça sonnait pas pareil, on a refait des séances. Ensuite il a fallu trouver un ingé son, pareil on a essayé avec lui, ça n’a pas fonctionné, on en a trouvé un autre, bref, une galère. »

Cultiver sa différence

Publié comme une première pièce à l’ambition mesurée, le projet a littéralement explosé son plafond de verre. De quoi parfaitement propulser la carrière de La Fève, mais également décupler les attentes à son égard. Sa retenue s’explique certainement par la peur d’être rattaché à cette première œuvre. Un constat qu’on retrouvait également chez Chanceko, qui nous confiait il y a quelques mois : «Un mois après Gaura, je me disais déjà : “Il ne faut pas qu’on m’assimile a ce projet”. J’en avais déjà marre, je ne voulais pas qu’on me colle cette étiquette de la cover rouge comme si Chanceko n’était que ça.» La peur de l’enfermement, pour des artistes en pleine découverte créative.

Publicité

Habitué à la spontanéité de SoundCloud, le rappeur (et son acolyte) a inscrit son nom en lettres capitales parmi les futurs tête d’affiche du rap français. De ses inspirations multiples (3010 ou Ateyaba) à ses envies de collaborations audacieuses (Gunna ou Yung Nudy), La Fève prend désormais son temps avant d’offrir un successeur légitime à KOLAF, au milieu d’une new wave en pleine effervescence. «Mon succès, il traduit une espèce de manque chez les gens», avoue-t-il humblement pour Les Inrocks. Il ne reste plus que la combler.

Dans le reste de l’actualité, découvrez les mystérieuses origines d’Une Main Lave l’Autre, le nom du premier album d’Alpha Wann.

 

Commentaires

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *