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Lil Baby : « La prison m'a aidé » Lil Baby : « La prison m'a aidé »

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Lil Baby : « La prison m’a aidé »

À l’occasion de sa promotion et de son passage dans la capitale française, Interlude a eu la chance de pouvoir s’entretenir pendant 30 minutes avec Lil Baby.

Marcelo tns pour interlude

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À l’occasion de sa promotion et de son passage dans la capitale française, Interlude a eu la chance de pouvoir s’entretenir pendant 30 minutes avec Lil Baby.

Tu viens de fêter tes 24 ans, tu as posté beaucoup de vidéos sur les réseaux sociaux, notamment de tes cadeaux, comment s’est passé ton anniversaire ?

J’ai eu tellement de cadeaux mec. Pour l’instant c’est le meilleur anniversaire de ma vie. Je dis pour l’instant parce que j’en aurais peut-être un meilleur que ça un jour, mais c’était vraiment quelque chose… Grâce à Dieu.

Vendredi tu as sorti ton album, lundi tu as fêté ton anniversaire et aujourd’hui tu es à Paris. Qu’est-ce qui t’amène ici aussi rapidement ?

En fait, je devais venir pour un concert, puis le concert a finalement été annulé… Mais après le concert je devais aussi tourner le clip d’un de mes morceaux, « Close Friends ». Et donc, après mon anniversaire, je me suis dit « j’ai quand même envie d’aller à Paris! ». C’était le seul moment de libre que j’avais, les quelques jours juste après mon anniversaire, donc je me suis dit fuck it! on va à Paris. Mais seulement à Paris, ensuite je rentre à la maison, je n’ai pas organisé ça comme mon vrai tour de l’Europe, je suis juste venu comme ça.

Tu as pu visiter un peu ?

Je suis arrivé hier, et il faisait déjà nuit quand on a atterri. Aujourd’hui, c’est mon vrai premier jour. J’ai envie de faire du shopping, prendre quelque chose à manger, chiller en vrai ! Capter la vibe.

Au début de ta carrière ton plus gros succès c’était « Freestyle » et au début du morceau tu disais : « Shoutout my label that’s me »

Exact. En fait, depuis toujours les personnes à qui appartient QC (Quality Control Music, son label, ndlr) sont comme ma famille, ils ont toujours été autour de moi, dès le début. Mais quand j’ai fait ce morceau, je parlais de 4PF (Four Pockets Full) et ça, c’est moi tout seul. Shoutout to my label that’s me, exactement.

« D’où je viens, personne n’écrit ses textes, on freestyle »

En parlant de QC, vous avez un monopole sur Atlanta en ce moment.

QC, grâce à Dieu est vraiment béni en ce moment. On a vraiment dominé cette année, et même depuis l’année dernière on a une vraie influence sur l’industrie. C’est incroyable car ça s’étend jusqu’ici. C’est la première fois que je viens à Paris, donc j’ai demandé à quelqu’un de me montrer les charts, et mon album est 28ème. C’est trop bien.

La dernière signature QC, c’est les City Girls, ce sont les prochaines qui vont exploser ?

Complètement. Surtout quand JT (1/2 du duo) sortira de prison, là ça va vraiment faire mal. En ce moment Young Miami tient le groupe à fond, mais c’est pas elle qui lead le groupe. C’est JT. Si Young Miami continue à tenir le groupe sur ses épaules le temps que JT revienne, alors ça fera très mal à son retour.

La légende dit que tu freestyles tous tes textes, que tu n’as jamais rien écrit. C’est vrai ?

En fait ici, presque personne n’écrit. Après tu vois, il y a toujours ton téléphone… Certains écrivent leurs couplets sur leurs téléphones avant d’aller le poser. Mais, la façon dont nous on freestyle… d’une certaine façon c’est presque comme si j’écrivais parce que je vais aller en cabine freestyler et si j’aime ce que j’ai dit, je vais dire à l’ingénieur de le garder.

Tout se passe dans ma tête : je freestyle, quand ça me plait je le garde dans un coin, comme ça je ne l’oublie pas. Les gens qui écrivent sur leur téléphone, quand ils vont en cabine ils posent tout en une fois, je ne peux pas rapper comme ça. Beaucoup de gens avec qui je fais de la musique travaillent comme ça, ils écrivent toujours, mais moi je n’ai jamais écrit.

« Je pourrais sortir un album tout de suite, je ne rappe pas, je parle de ma vie. »

Pour « Global », l’intro de ton projet, c’est comme ça que ça s’est passé ?

Exactement. Et c’est facile pour moi ! J’ai entendu la prod, et donc évidemment il y avait le tag de mon beatmaker qui fait « We Global Now » après ça, le tag est resté dans ma tête…

Je commence d’abord par mumbler les paroles, et à partir du moment où j’ai trouvé mes mots, ça part. Parfois je peux envoyer 3 ou 4 bars d’un coup, je garde ça et je recommence au début. Mais je n’écris jamais, tout ça sort de ma tête.

Toutes mes chansons parlent de ma vie. Donc, je dois être dans une certaine vibe. Sérieusement parfois je suis sur mon téléphone, juste avant d’aller en cabine, j’écoute la prod… je scroll… et si je trouve quelque chose qui me tient à cœur ou qui fait sens pour moi, je rappe dessus.

C’est vrai que dans « Pure Cocaine », tu dis : « If I put in on a song, I seen it or been through it. »

Ouais, j’ai même pas besoin de l’avoir vécu ou de l’avoir fait, mais en tout cas j’en sais vraiment quelque chose. Je ne vais pas en parler dans mes chansons si je l’ai juste vu à la télévision. Si je parle d’une fusillade, et que j’y étais pas, c’est que j’ai réussi à l’esquiver, si je parle de gagner de l’argent, c’est que je gagne vraiment de l’argent. Si je parle d’une fille, peut être que je ne la connais pas personnellement, mais mon pote la connait, tu vois ce que je veux dire ? Si je mentionne quelque chose dans ma musique, c’est que je l’ai vécu, ou alors j’en étais pas très loin.

Sur ton album Street Gossip, tu n’as sorti aucun single. Était-ce une décision délibérée ?

Peu de gens se préoccupent des trucs comme ça, c’est fou que tu l’ai remarqué mais au moins je peux m’expliquer là-dessus.

En fait, j’ai vu que j’étais toujours haut dans les charts avec la musique que j’avais déjà sortie. La majorité des artistes, et moi le premier, lorsque je sors un album, je sors toujours au moins un morceau avant… Par exemple mon album avec Gunna, on a sorti « Drip Too Hard ». L’album d’avant, j’ai sorti « Yes Indeed » avec Drake, Cette fois-ci, j’ai décidé de sortir directement mon album, mais c’est vraiment parce que j’ai déjà « Drip Too Hard », « Close Friends » etc. Tous ces morceaux sont toujours récents, donc j’ai juste joué le jeu de mettre quelques extraits sur instagram, pour donner un petit aperçu de ce que j’avais en stock.

Mais j’ai même pas eu le temps de choisir un single pour être honnête. J’en ai choisi aucun, et encore une fois, cet album est vraiment dans une vibe street, donc je me suis dit « vas-y, on le sort comme ça, sans single ». Meek Mill a sorti son album le même jour que moi aussi. Normalement, j’attends une semaine, et je regarde quelles chansons choisir pour les singles. Mais puisque Meek Mill sortait son album le même jour et qu’il est très chaud, je me laisse deux semaines cette fois-ci pour sélectionner mes singles.

7 projets entre 2017 et 2018 : Comment tu crées autant ?

C’est facile mec. Je pourrais sortir un projet là tout de suite. Je ne rappe pas pour le métier, c’est mon train de vie. Tu vois ce que je veux dire?  Je n’ai pas l’impression de rapper, mais vraiment de raconter ma vie, je dis la vérité donc je serai capable de le faire autant de temps qu’il faudra. J’ai appris à poser ma vie sur une instru. Si tu fais attention, tu remarqueras que je ne parle que de ça dans mes chansons. C’est facile pour moi.

Entre le 14 avril 2017 et le 30 novembre 2018, Lil Baby a sorti 7 projets, dont son premier album studio « Harder Than Ever », qui s’est écoulé à 500 000 exemplaires.

Ta manière de travailler fait énormément penser à celle de Young Thug quand il a commencé.

Young Thug, je pourrais l’appeler maintenant. Il est soit en train d’aller en studio, soit en train de rentrer. Il a une éthique de travail énervée. Mais je ne pense pas avoir la même. On travaille différemment. Moi je ne crois pas au truc qui dit : « il faut travailler tous les jours absolument ». Je crois plutôt à : « Quand tu vas travailler, donne-toi à fond ».

Thug, il va au studio absolument tous jours, pas moi. Il y a des périodes durant lesquelles je ne vais pas au studio pendant 2 ou 3 semaines, je ne fais même pas un son. Mais quand j’y retourne et que je fais un son : c’est pour faire un son du niveau de « Drip Too Hard. »

Par exemple, ici à Paris, je pourrais aller au studio tout à l’heure, mais je ne me dis pas « Il faut absolument que j’aille au studio ». Je préfère carrément passer la meilleure journée possible à Paris, pour avoir des choses à dire la prochaine fois que je rentre en cabine.

Young Thug justement, il a dit à plusieurs reprises que André 3000 était un grand fan de sa musique, et tu es un grand fan de André 3000… Est-ce qu’il n’y a pas quelque chose à faire entre vous ?

C’est drôle parce qu’il m’a donné son numéro. C’était récemment, quand j’étais à New-York, mais je ne l’ai pas encore appelé. Je préfère attendre. Je pense que je vais le rencontrer avec Young Thug. Il l’a prévenu, il lui a dit : « je vais donner ton numéro à Lil Baby », il était d’accord mais je préfère attendre encore.

La direction dans laquelle va la musique d’Atlanta, tu te rends compte facilement de l’influence d’André 3000. La façon dont il rappe, et puis le fait qu’il vienne d’ici ça joue beaucoup et ça nous a beaucoup influencé. C’est lui qu’on écoutait quand on était petit, de la même façon qu’un New-Yorkais écoutait plutôt Run DMC, ou que toi tu sois influencé par des artistes français. C’est la même chose.

Si on revient rapidement sur Drip Harder, ton projet commun avec Gunna. Dessus on retrouve également Turbo, Quay, Tay Keith, Young Thug, Lil Durk, Drake… Tout pour faire un banger évident. Est-ce qu’il y a ne serait-ce qu’une seule chose qui t’a surpris dans ce projet ?

Je suis surpris en ce moment, la manière dont le projet est resté pertinent. Cela fait maintenant quelques semaines que le projet est sorti, tout le monde a sorti albums sur albums, mais « Drip Too Hard » reste tout en haut des classements. Honnêtement, je ne m’attendais pas à ce que cela tienne autant sur la longueur, car généralement les projets communs, ça ne tient pas aussi longtemps. Quand deux rappeurs sortent un projet, c’est toujours chaud mais ça ne reste qu’un temps. Cette performance dans la durée, ça prouve que ce projet est different. Au fond de moi, je savais que ça allait marcher car les gens adorent la vibe qu’on a, Gunna et moi.

Sur « Days Off », un de tes premiers morceaux tu dis « I got out of prison at the perfect time /  je suis sorti de prison au moment parfait ». Tu es resté enfermé, entre 2014 et 2016. Imaginons que tu ne sois jamais allé en prison, tu penses que tout ce succès serait arrivé deux ans plus tôt ?

Non, je pense que si je n’étais jamais allé en prison, je n’aurai jamais été là aujourd’hui. La prison m’a aidé.

Tout arrive pour une raison ?

Je pense que tout arrive pour une raison, et je me dit souvent que si je n’avais pas été en prison, ça aurait même pu être bien pire pour moi. J’aurai pu ne jamais être l’homme que je suis devenu. Je n’aurai peut-être jamais osé rentrer en cabine et essayer la musique.

J’ai appris la patience, je n’aurai jamais eu la patience, la sagesse de me rendre compte qu’il fallait que j’agisse différemment. Aller en prison m’a aidé pour beaucoup de choses, sur énormément d’aspects de ma personnalité. Par exemple, en prison tu es tout seul : aujourd’hui, ça ne me dérange pas de ne pas être accompagné, qu’importe où j’aille. Au studio, dans la voiture, si je dois voyager pour le travail, je peux aller seul partout, je sais que je m’en sortirai car j’étais seul en prison et que je m’en suis sorti. Tout ce que j’ai vécu en prison m’a aidé, vraiment.

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