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« Cyborg » de Nekfeu : la seule phrase du livret en dit tellement long

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album nekfeu cyborg (1)

Cinq ans après sa sortie, Cyborg de Nekfeu reste toujours un ovni du rap français. Et la seule phrase inscrite dans le livret, exprime une symbolique poignante. 

Un disque de diamant, pas de clip et une sortie immédiate sur la scène de Bercy : Cyborg est une anomalie spectaculaire de l’industrie musicale. Le deuxième album de Nekfeu, dévoilé le 2 décembre 2016, a été la première pièce d’une communication depuis silencieuse. Quasi aucun shoot promotionnel, ni aucun single : rien. Juste un album, publié le soir-même sur les plateformes streaming, et une performance sur scène de « Squa » qui restera dans les livres d’histoire de toute une génération. Régulièrement considéré comme son meilleur album, Cyborg est également son plus philosophique, puisque proposant une réflexion complète sur l’être humain, de sa relation avec la technologie, à l’amour ou la solitude.

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Le livret de la version physique joue également un rôle symbolique dans la compréhension de l’opus et l’état d’esprit de Nekfeu lors de sa conception. En effet, les six pages à l’intérieur sont entièrement noires. Elles sont vides, légèrement feutrées. Seule une phrase apparaît parmi elles : «Tout ce que je sais des humains :». Les mots sont rédigés en lettres capitales, mais toujours de couleur noir. Ils ne sont que peu visibles, bien qu’une certaine brillance semble recouvrir la typologie utilisée. Un travail esthétique minutieux, une nouvelle fois arbitré par Raegular.

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© Photo Genius

Nekfeu : l’analyse d’un cyborg

La phrase, positionnée sur la seconde page, peut être comprise de deux manières. D’abord, on pourrait imaginer que les deux points à la fin s’adressent au vide que composent les quatre pages qui les suivent. En somme, comme si Nekfeu n’avait finalement pas retenu grand-chose de son expérience au milieu des humains. Dans son rôle, il se sentirait comme un cyborg, un être robotisé évoluant avec ses pairs. Mais son vécu avec ces êtres remplis de paradoxes, de contraintes, qu’il narre tout au long des pistes de l’album, aurait floué sa compréhension et forcé une sorte d’autarcie. Celle-ci se serait illustrée de deux manières : artistique, d’abord, avec un album plongé dans le doute, mais également réel, avec un recul certain sur le monde médiatique et l’industrie musicale.

D’autre part, on peut imaginer que la phrase présente la tracklist elle-même, habituellement rédigée dans le livret à travers les paroles des différents morceaux. Ce procédé récurrent est ici complètement balayé, comme si une forme d’obscurité embuait le livret et l’album. «Tout ce que je sais des humains» ferait donc référence aux quatorze morceaux de Cyborg. Chacun peignant une fresque complète, dans laquelle l’artiste exprime ses incertitudes, tente de capter des moments de vie ou déploie un avis critique sur la société.

Finalement, ces deux hypothèses se rejoignent, dans un sens où la conclusion de Cyborg n’aborde pas de véritable morale. L’album se referme avec des questions, plus que des réponses. Mais comme une expérience robotique cherchant à dresser un constat sur les êtres humains avant de s’auto-détruire ou de s’éloigner du monde, il livre un point de vue pertinent, du haut de ses 26 ans.

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