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Orelsan, 13 Block, Damso, Black M : ils ont aussi été déprogrammés Orelsan, 13 Block, Damso, Black M : ils ont aussi été déprogrammés

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Orelsan, 13 Block, Damso, Black M : ils ont aussi été déprogrammés

Titouan Garnier / Gaamb Photo / Interlude

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Accusé d’homophobie et pris dans la tempête, Koba LaD a vu plusieurs de ses concerts annulés. Une situation qu’ont vécu plusieurs rappeurs, pour différentes raisons.

Tout est parti d’une capture d’écran SnapChat, avant de s’envenimer. Accusé d’homophobie, Koba LaD a été pris dans une tempête médiatique incontrôlable, déchaînant les réseaux sociaux et les réactions. Remonté jusqu’aux festivals où il était souvent présenté en tête d’affiche, l’artiste se heurte à un effet boule de neige, entraînant de multiples déprogrammations. Les festivals, évoquant unanimement un «discours haineux», ont saisi les enjeux qu’impliquent cette polémique.

Avant Koba LaD et ses accusations d’homophobie

Avant Koba LaD, plusieurs rappeurs ont déjà été confrontés à des déprogrammations ou des annulations d’événements en lien avec leurs textes ou ce qu’ils représentent. Si de nombreuses dates ont été annulées depuis plusieurs décennies, nous avons dressé une liste non-exhaustive, cherchant à traverser plusieurs situations.

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De multiples autres polémiques auraient pu être évoquées, comme Médine et son Bataclan, où NTM et Sniper, parmi des artistes moins récents. Ces choix ont été faits car, tous différents, ils offrent un panorama plutôt large des différentes polémiques qu’a pu subir le rap, jusqu’à que différentes institutions, sous pression, soient contraintes de revenir sur leurs engagements.

Toutefois, il est important de relever que même si ce parallèle s’inscrit dans l’actualité après l’annulation des dates de Koba LaD, l’artiste n’est pour autant pas jugé pour ses paroles, mais pour le relais et l’approbation, dangereux pour sa communauté, d’un article traitant d’un infanticide gay.

Orelsan, un «acte de censure» ?

En 2009, Orelsan sort son premier album Perdu d’avance. Mais en 2009, l’artiste fait autant la Une pour son interminable polémique misogyne que pour son projet artistique. En effet, le morceau « Sale Pute », porté au tribunal, s’est heurté à la pression d’associations féministes, traquant le rappeur à chaque date de concert. Dans un article publié par Libération à l’époque de la polémique, le quotidien précisait que près de 70 dates de l’artiste ont été annulées ou non-confirmées, entre février et le début de l’été 2009.

Une déprogrammation fait particulièrement mousser, en juillet 2009 : les Francofolies. Alors que le nom d’Orelsan apparaît sur les affiches du festival et que son équipe certifie avoir reçu un mail de confirmation d’une production sur scène, l’artiste est déprogrammé à une semaine du début du festival. Benjamin Rittner, responsable de la tournée d’Orelsan, choqué, a reçu un simple mail pour être informé. «Ce que chante Orelsan n’est pas condamnable aux yeux de la loi, dénonce-t-il. Si on décide de l’interdire, c’est de la censure».

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De son côté, le festival se justifie auprès de Sud-Ouest. «Il était seulement sur une liste d’artistes programmables, mais il en a été écarté dès la fin du mois de février», précisent-ils alors qu’est également évoquée une éventuelle pression de la région Poitou-Charentes, menée par Ségolène Royale, à la suite de multiples lettres d’associations féministes.

13 Block, deux concerts annulés

Dans un tout autre domaine, 13 Block a également été victime d’une poignée de dates annulées. En fait, le collectif de la Seine-Saint-Denis renferme le large héritage des brouilles entre le rap et le ministère de l’Intérieur. De NTM au Ministère A.M.E.R. en passant par Sniper, tous ont subi les foudres du gouvernement, interdisant certaines dates après des propos tenus, jugés anti-flic.

Dernière exemple en date, le groupe a vu l’une de ses dates annulée à Chelles, en novembre. Côté justifications, la salle de concert Les Cuizines, chargée d’accueillir le groupe, justifie que «13 Block ne correspondant pas aux valeurs et aux principes que souhaite porter la Ville de Chelles à travers la programmation de ses structures culturelles publiques.» Il semble donc que la salle aie subi une certaine pression de la part de la collectivité, souhaitant visiblement éviter la moindre polémique.

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Ce scandale, il est évidemment dû au titre « Fuck le 17 » et son clip assurément anti-flic. Après sa publication, le secrétaire d’État auprès du ministère de l’Intérieur Laurent Nuñez est monté au créneau, dénonçant «une atteinte grave aux valeurs républicaines.» Il assurait que la justice avait été saisie. Depuis, la polémique semble s’être essoufflée.

Black M et sa bataille de Verdun

En 2016, alors qu’il est programmé lors des commémorations officielles du centenaire de Verdun, Black M s’est embourbé dans une polémique inépuisable. D’abord, le site identitaire Français de souche a expliqué, le 10 mai, pourquoi le rappeur Black M n’a pas sa place lors des commémorations. Plusieurs arguments sont évoqués, et notamment des propos qualifiés «d’homophobes», que l’artiste traîne depuis la Sexion d’Assaut qui, d’ailleurs, a également dû subir plusieurs déprogrammations quelques années plus tôt.

La députée Front national (FN) Marion Maréchal-Le Pen, ainsi que d’autres politiques, contestent ce choix, «évidemment très critiquable pour un événement de ce type». L’utilisation du terme « kouffars« , pour parler de la France, par Black M, dans le titre « Désolé », est vivement critiqué. «Il est inconcevable qu’un “artiste” qui insulte aussi violemment la France participe à un quelconque événement officiel de commémoration de notre Histoire nationale et d’hommage à nos combattants», est-il pointé du doigt dans un communiqué.

Malgré la défense du choix par le maire de Verdun, l’édile finit par annuler la venue de Black M. «Je suis menacé physiquement par ces appels. Des groupuscules menacent même de venir troubler l’ordre public», précise-t-il. Dans une lettre ouverte, l’artiste a longuement regretté cette «polémique incompréhensible et inquiétante (qui) a malheureusement entraîné l’annulation de ma participation à cette manifestation ».

Damso et les Diables rouges

Là, nous ne sommes plus dans les performances sur scène, mais c’est tout comme. En 2018, quelques mois après Ipséité, Damso est plus que jamais au sommet du rap francophone. Alors, quelques mois avant la coupe du Monde de football, la fédération belge choisit justement l’artiste pour interpréter l’hymne qui accompagnera les joueurs jusqu’en Russie.

À peine annoncé, le choix est déjà contesté par le conseil des femmes francophones. «Je pense que ces 6 mois où ils (les jeunes, ndlr) vont écouter Damso, entendre toutes ces paroles stéréotypées, insultantes pour les femmes, même très brutales par rapport à ce qu’il dit de la société quand il s’adresse aux jeunes, c’est un vrai problème.» La polémique enflamme les réseaux sociaux, tandis que le CNFF met la pression sur la fédération belge.

Finalement, d’un commun accord avec la fédération Damso choisit de se retirer l’hymne. L’artiste ne réagira que brièvement sur ses réseaux sociaux. «Mesdames et mesdemoiselles, misandres et féministes, je vous pardonne et vous remercie pour cette confusion à mon égard. Cette promo est exactement ce qu’il me fallait pour mon album». De son côté, l’hymne est devenu un sobre bonus-track de Lithopédion, à travers « Humains ».

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