Suivez-nous

Interviews

RATU$ : «La « don dada mixtape », ça a pratiquement tout changé»

Publié

le

RATU$ : "Sans Velux, j’aurais pas eu la motivation de faire certains projets"

Après la sortie, de son dernier EP TTMS Volume 2, on est parti à la rencontre de RATU$.

S’il y a bien un animal qui suscite le débat, c’est bien le rat, mais qu’en est-il de RATU$ ? Une espèce que nous avons approché afin qu’il nous parle de sa dernière progéniture : TTMS Volume 2. Un projet à l’image du rappeur, brut mais réfléchi, naturel mais lesguill. Un entretien introspectif, où RATU$ nous parle de sa musique et de son identité, mais aussi de de la génèse de sa carrière, de ses ambitions et de sa conception d’un parcours dans le milieu.

On se retrouve pour la sortie de ton deuxième EP TTMS Volume 2, qu’est-ce qui a changé depuis le volume 1 ?

Dans ma manière de faire de la musique, rien. Mais dans ma vie de tous les jours, j’ai pris de l’exposition, elle est minime, mais c’est une belle exposition. Dans le projet en lui-même, on peut dire que je construis et comprend mieux la musique. TTMS Volume 1 est brut, c’est ma manière d’arriver, alors que dans le colume 2 j’ai été plus lisse dans la manière de le construire, il y avait des gens autours et je prends en compte l’avis des « loups bœufs » avec qui je suis.

Sachant que les deux projets sont sortis en 2021, à quel moment as-tu commencé à travailler sur TTMS Volume 2 ?

TTMS, c’est une trilogie, les trois sont pratiquement réalisés en même temps, j’avais pas fini le premier que j’étais déjà sur le deuxième et je suis déjà sur le troisième alors que je viens de sortir le volume 2. Tout s’emboîte. J’essaie de garder le même fil du début à la fin et c’est pour ça que j’ai besoin de tout travailler en même temps, mais je ne fais pas le troisième comme le premier.

Est-ce que tu as un objectif avec chacun des volumes de TTMS ?

Je n’ai pas d’objectif, j’ai construit la trilogie en « lesguill »», j’essaie de pas trop réfléchir. Après, j’ai mes gars, Eff Gee et Deen, qui me cadrent. J’ai cette chance d’avoir mes gars pour m’accompagner.

Comme dans le premier EP, tu as réuni des invités de choix, entre Zamdane, S Pri Noir, Deen. Sachant que dans TTMS 1 on retrouvait déjà Olazermi, Alpha Wann, KSA, Crones et OG l’Enf. Pourquoi ces choix ?

Parce que c’est ma vie, je suis souvent entouré de mes gars, tout ce que je fais je le construit avec eux, mes premières maquettes, mes premiers morceaux. Mes invitations sur la trilogie seront toujours naturels et sur tous les projets que je ferais aussi. Il y a pas de programme défini pour inviter tel ou tel personne sur le projet. Le seul feat que je voulais déjà en avance, c’étais S.Pri Noir, on se connaissais déjà d’avant, on s’était déjà croisé plein de fois, il m’avait déjà envoyé de la force, alors je me suis dis pas plier un son avec un rappeur que je kiff. Avec Zamdane et Deen c’était différent, beaucoup de personnes me demandent souvent pourquoi j’avais pas encore de feat avec Deen ou Eff, alors qu’on est ensemble depuis des années, mais c’est parce qu’on cherche la crème de la crème. Ça s’est fait car on s’est retrouvé en studio avec Zamdane, il aimait bien ce que Deen faisait et inversement, j’ai donc chercher à créer la combinaison et les deux étaient d’accord.

Après « Curriculum », vient « PM 7513 » où tu as invité Zamdane, comment s’est faite la connexion ? Et comment s’est construit le morceau avec Deen Burbigo, sachant que vous avez tous les trois des identités musicales bien différentes ?

Je savais déjà quelle couleur de morceau j’attendais et ce que je voulais de Deen et de Zamdane. Je ne leur ai rien dit, ils ont sorti tout ça d’eux-mêmes. Je ne pouvais pas leur demander d’être autre chose que ce qu’ils sont, je les invite pour ce qu’ils peuvent apporter sur le projet, sans les déformer. On avait un thème, on savait où aller, ils m’ont donné grave du love et je les remercie pour ça.

Tu as sorti deux projets cette année, mais TTMS 1 sorti en début 2021 était ton premier projet et tu es actif sur les plateformes depuis 2019, même si on sait que tu rappes depuis bien plus longtemps. Qu’est ce qui a valu cette nouvelle productivité ?

J’ai toujours été productif, j’ai toujours fait énormément de morceaux, c’est juste qu’il me fallait du temps, pour me découvrir. Mais surtout j’ai fait les « Couilles de loup », mais ils n’ont pas été validé par tout le monde, je les ai sorti parce que j’avais besoin de les sortir. Certains de l’équipe étaient pas chaud sur des morceaux de cette série, mais j’ai fait la tête de mule. Je ne les regrette pas. On faisait 2-3 sons par soir, sauf que les gars de l’équipe kiffaient pas forcément, le métier je ne le connaissais pas et je ne le connais toujours pas en vérité.

Tu parles de métier, aujourd’hui tu te considères comme un rappeur accompli ?

A fond ! Sinon j’aurais pas dit «Avant Velux j’étais à deux doigts de ché-la», parce que c’est réel. S’il y avait pas eu Velux, il y a plein de trucs que j’aurais pas eu la motivation de faire.

Comment tu as reçu l’exposition donnée par ton apparition sur la Don Dada Mixtape sortie en novembre 2020 ?

Ça m’a apporté une visibilité que je n’avais pas, ça a pratiquement tout changé. Les gars de mon équipe savaient qu’il y avait un truc à faire. Quand tu n’es pas dans ce milieu tu crois que tout vient vite, sauf que des fois il faut juste attendre son heure. J’ai eu cette chance d’avoir une place sur projet d’Alpha Wann, grâce à Eff et Deen, même si on se connaissait.

Un truc qui revient beaucoup dans tes sons c’est la loyauté, on retrouve tes proches dans tes tracklists. Le travail d’équipe et donc la loyauté est un trait de caractère qu’on retrouve aussi chez les rats, c’est en tout cas ce qui est dit dans l’intro de TTMS 1. Comment cette valeur t’inspire ?

C’est tout pour moi. 21 Savage disait qu’il préférait quelqu’un de loyal à quelqu’un qui lui donnait de l’amour, parce que la loyauté ça bouge, même avec toutes les animosités du monde. Je parle de mes gars parce que quand je cite un nom dans mes morceaux, c’est parce qu’on a été dans les bons, comme dans les mauvais moments, ensemble. C’est pour ça que je cite les blases précis, parce qu’ils le méritent. C’est « mes saboteurs », des gars avec qui je suis depuis pratiquement 15 ans. On n’est pas 24h/24 ensemble mais ce sont mes frères, on n’a pas besoin de se côtoyer tout le temps pour comprendre l’importance qu’on a pour chacun.

Peux-tu nous donner ta définition d’un Rat ?

Un rat c’est un débrouillard, avec 10 il fait 20. Un rat, ça ne peut pas stagner, ça reste pas en place. T’es obligé de bouger quand t’es un vrai rat, tu fais en sorte de remplir ton frigo, de gagner un minimum d’argent, de faire des cadeaux en période de fêtes. Je ne parle pas que d’illégal, il y a de tout. Il y a des gens qui font plus d’heures supplémentaires que toute la boîte. C’est un mec qui trouve toutes les combines du monde pour s’en sortir.

Ce qu’on peut noter dans ton début de carrière, c’est que tu es directement arrivé avec un univers bien précis, à travers ta couleur musicale et tes expressions. Penses-tu qu’aujourd’hui c’est primordial de ne rien laisser au hasard en termes de D.A quand on veut démarrer dans le rap ?

Il y a ceux qui vont le faire en lesguill mais qui ne vont pas y croire, il y a ceux qui vont le faire à fond, mais qui sont mal entouré. Pour moi le rap lesguill c’est comme toi tu le sens, sans se prendre la tête. C’est de l’instinct, mais ça marche que si tu y crois. C’est comme au foot, si t’es devant les cages et que tu es sûr de la mettre, elle va rentrer, mais si tu doutes ça marchera pas. Si tu crois pas en toi, personne n’y croira, c’est des trucs de la vie que j’ai appris et qui sont réels. Ça vient de paroles sincères que m’ont dit ma famille ou des potes. Il y en a qui m’ont pris pour un fou quand j’ai dit que je voulais faire du rap, mais quand tu as la passion, que tu persévères et que tu crois en ton truc, tu ne peux pas douter.

Tu fais également parti de du label Saboteur, peux-tu nous expliquer comment s’est fait la connexion à l’origine avec Deen Burbigo et Eff Gee qu’on connait comme les créateurs de cette entité ?

Je marche avec eux surtout parce que dès le début leur loyauté était sans faille, beaucoup de rappeurs que j’ai connu se plaignaient de leur entourage, alors que le miens me convenait. Ça s’est fait naturellement.

Dans la plupart de tes sons, l’ambiance est très sombre, on est dans la technique, avec des rimes tranchantes teinté de vécu, le son « Curriculum » est pour moi celui qui représente le plus cette ambivalence.

La construction de ce morceau elle est folle, j’étais avec mon ingé, il était 4h du matin et il devait rentrer, il s’endormait sur l’ordinateur. Je lui juste demandé de m’enregistrer une dernière fois, sans se prendre la tête avec les arrangements. Je sais pas pourquoi, je crie, je suis dans ma fonce-dé, plus je fais le morceau, plus il se réveille et se dit que c’est une dinguerie. Je sors de la cabine et je vois qu’il a repris 10 ans. On le réécoute et je trouve pas le morceau fou, j’envoie le morceau à Eff Gee et Deen, et ils me disent que c’est chaud, c’est d’ailleurs Eff, le premier à avoir kiffé le son. Quand je fais un morceau et que mes gars les plus proches valident, généralement c’est plus possible de me faire changer d’avis.

Peux-tu nous expliquer l’histoire du son « Séminaire », qui arrive de manière assez inattendue dans la tracklist ?

Je voulais faire ce morceau depuis très longtemps, j’en avais parlé aux gars de l’équipe et ils étaient pas tous d’accord, quand je l’ai fait le morceaux faisait huit minutes et Eff a explosé de rire. On avait un EP de 25 minutes où il y aurait un son de 10 minutes, c’était pas possible pour lui. Mais moi j’étais pas dans ces calculs, mais je le voulais à tout pris dans TTMS 2, donc je l’ai réduit jusqu’à arriver à 6 minutes. Toutes les voix que t’entends c’est des notes vocales, quand il y a des discussions profondes entre loups, j’aime bien enregistrer, parce que j’aime bien avoir des moments de vie. Je voulais un morceau où les notes vocales décrivaient les couplets et un soir j’ai pas dormi de la nuit et je les ai réécouté, alors que je dois en avoir mille ! J’en remettrai peut-être sur d’autres morceaux. C’est un truc que je kiffe, ça m’évite d’aller chercher des interprètes, parce que ce qu’on raconte c’est des trucs réels, qu’on a vécu et qu’on vit, tout est vrai, quand tu parles avec tes potes il y a pas de filtres.

On retrouve aussi dans l’introduction de TTMS 1 & 2 des passages de reportage sur la prolifération des rats. On le retrouvera surement dans le Volume 3. Tu as l’ambitions de laisser ta trace aujourd’hui dans la musique et le rap ?

C’est une trilogie, une suite logique, on m’a ouvert la porte, et je ferais la même avec d’autres gens, je suis personne, mais j’apprends et je donne à mont tour. Quelqu’un a enlevé le verrou et j’ai mis un frontkick avec « Velux ».

Mais surtout que peut-on te souhaiter pour la suite ?

TTMS Volume 3 sortira en 2022 et qu’on continue sur cette bonne lancée. Un truc que je redoute, c’est de péter, tous mes gars pour qui ça a marché, c’est toujours monté crescendo, personne n’est arrivé avec un hit, c’est ma hantise. Je veux tout faire dans l’ordre que j’ai décidé, comme le cours de la bourse, on monte petit à petit, on est un bon bitcoin, on fait ça sur plusieurs années, on prend le temps.

Ratu$ – Tout Travail Mérite Salaire, Vol.2

Commentaires

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *