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Musique

Les Victoires de la musique font un effort pour le rap, mais c’est encore raté

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Avec les trois nommés dans la toute nouvelle catégorie "Rap", Damso, Georgio et Moha La Squale, les Victoires de la musique n'arrivent toujours pas à représenter le rap, malgré un effort ressenti. 

Damso, Georgio et Moha La Squale sont tous trois nommés dans la nouvelle catégorie « rap ».  Malgré un effort ressenti, les Victoires de la musique n’arrivent toujours pas à représenter le genre musical. 

C’est un peu le pêché mignon des médias rap chaque année. Début janvier, les Victoires de la musique dévoilent les artistes qui représenteront chacune de leurs catégories lors de la cérémonie en février. Après une puissante contestation concernant la catégorie nommée « musiques urbaines » l’an passée, les Victoires en ont ajouté une nouvelle : « Rap ». Un effort bienvenu et directement représenté par trois artistes : Damso, Moha La Squale et Georgio. Quant aux musiques urbaines, celles-ci n’ont toutefois pas disparu puisqu’elles incluent Bigflo et Oli, Aya Nakamura et Eddy de Pretto.

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C’est donc une avancée historique dans le grand milieu de la musique : les Victoires embrassent officiellement le monde du rap. Avec succès ? Peut-être pas, les choix effectués restent tout de même étranges. Mais avant de les charger pour une nouvelle mystérieuse programmation, l’initiative doit tout de même être saluée. La cérémonie a réagi, un an après un lynchage en bonne et due forme. L’absence de Damso l’an passé, incontestablement artiste de l’année 2017, avait provoqué un ras-de-marrée médiatique et un fort boycott des artistes de la scène hip-hop. Cette tentative de rachat pourrait, au long terme, avec une gestion crédible et efficace, renouer les liens entre rap et paysage audiovisuel. Quoique.

Les Victoires ont encore du mal

La représentation du rap dans la cérémonie s’avère en fait une nouvelle fois biaisée. Objectivement, les albums choisis sont bien étranges, et s’assimilent plutôt à des tentatives stratégiques de satisfaction.

Tout d’abord, Damso. Évidemment, comment ne pas inviter le rappeur Bruxellois un an après la honteuse débâcle ? Cette année encore, avec son Lithopédion, l’artiste a réussi une admirable prouesse commerciale. Pour la critique, en revanche, les médias spécialisés se sont montrés particulièrement exigeants avec un Damso capable de faire mieux. Sa place dans les albums n’est néanmoins pas remise en cause. D’ailleurs, dans les classements des médias hip-hop eux-mêmes, le belge culmine souvent sur le podium.

Ce sont néanmoins les deux autres nommés qui soulèvent plus le débat. Moha La Squale d’abord, dont l’album certifié disque de platine, n’a pas franchement eu l’impact escompté sur le fond. Populaire en début d’année avec sa série de freestyles hebdomadaire, l’artiste a peiné à confirmer avec un album uniforme, sans artifices particuliers. L’opus n’a pas rencontré une critique incontestable chez les médias hip-hop, malgré une force commerciale certaine.

Enfin, Georgio complète le trio. Avec son album XX5, il est réellement la surprise de ces nommés. Au-delà de son retour et de son – très correct – album, l’artiste a tout d’un artiste « victoresque », par son côté très puriste. Cette fois-ci, l’impact commercial et influent de Georgio est extrêmement faible et n’a pas non plus franchement été couronné par la critique. Dans les classements des médias hip-hop, l’album n’est jamais cité. Non pas qu’il soit mauvais, mais à l’instar de Bendero de Moha La Squale, il supplante d’immenses albums dévoilés cette année.

Une catégorie toujours pas pertinente ?

Xeu, Une main lave l’autre, Imany ou encore JVLIVS… De nombreux projets se sont montrés bien plus puissants cette année. C’est surtout le contraste entre les récompenses décernées par les médias hip-hop et les choix des Victoires de la musique qui interpellent. Peut-être souhaitent-elles représenter un maximum de culture avec les côtés mainstream de Damsostreet de Moha La Squale et jeune (et puriste) de Georgio ? Aussi, les Victoires imaginent une catégorie en fonction du public qui représentera la cérémonie en février. Dans ce cas-là, et c’était déjà le problème l’année passée, les choix des Victoires évincent toute une partie du rap. La catégorie n’est alors pas franchement pertinente. Cette catégorie « rap » tend à représenter une culture de manière plus large, en direct à la télévision. Mais une nouvelle fois de manière fallacieuse.

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