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Dosseh : 4 phases et couplets marquants sur “Trop tôt pour mourir” Dosseh : 4 phases et couplets marquants sur “Trop tôt pour mourir”

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Dosseh : 4 couplets marquants sur “Trop tôt pour mourir”

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Alors que Dosseh vient de dévoiler son troisième album studio, Trop tôt pour mourirInterlude revient sur 4 phases marquantes du projet.

Le 30 septembre, Dosseh dévoile Trop tôt pour mourir, son troisième album studio. Un opus bestial, composé de 19 titres jouant pour beaucoup sur un puissant story-telling. Interlude décrypte quatre phases, ou couplets marquants, du projet proposé par l’auteur de Vidalo$$a.

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“RS-28”

«Victoires d’la Musique, NMA, venez m’sucer l’bre-chi à pleine gorge
On s’en fout d’vous, c’est nous les champions, comme mes gaindés du pays à Senghor»

Sans aucun doute, cette phase se fonde sur une résonance très particulière pour les mordus de rap. Les Victoires de la Musique avaient en effet provoqué de nombreuses réactions dans ce secteur, dénonçant le manque d’inclusion du genre – pourtant le plus populaire en France – au sein de la cérémonie. Ninho notamment avait pointé du doigt cette fracture, ainsi que Fianso, qui en 2019 déclarait vouloir que des Victoires de la Musique dédiées au rap soient organisées.

Une problématique qui fait d’autant plus écho qu’elle se retrouve au cœur de l’actualité, avec la cérémonie proposée par Booska-P, Yard et Smile. Les Flammes auront lieu pour la première fois le 11 mai 2023 au théâtre du Châtelet, et récompenseront les cultures populaires à travers un prisme d’une vingtaine de catégories.

Dosseh défend sa position à travers une triple référence au Sénégal, sans jamais citer le pays à proprement parler, comme le relève Genius. En effet, «les champions» auxquels le rappeur fait allusion ramènent à la sélection nationale sénégalaise après sa victoire à la Coupe d’Afrique des Nations, en 2021. Les «gaindés» signifiant en wolof, une langue parlée au Sénégal, les lions. Senghor est également le nom du premier président du pays après son accession à l’indépendance, en 1960.

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“Fleur d’Automne”

«Tu t’es éteint à deux jours d’ton soixante-cinquième automne
Mais bon, c’est Dieu qui reprend vu que c’est lui qui donne
Et qu’il m’en soit témoin, j’ai plus envie de rien
J’me suis jamais senti plus homme que quand j’te faisais tes soins»

Très pudique, Dosseh écrit ce morceau après une longue période de deuil envers sa mère, décédée des suites d’un cancer. «Ça m’a pris un an avant de le faire, confie-t-il à Mehdi Maïzi pour Le Code. En fait, il y a eu une première version de ce morceau qui nous satisfaisait, mais on pensait que ça pouvait être mieux. Je devais parler plus, tout simplement. Ça a été un peu moins un combat parce que maintenant, je suis plus à l’aise avec ça».

Pourtant, le rappeur expose dès le début du titre ses doutes concernant son écriture. Dont notamment la peur de tomber dans le cliché, la gêne ressentie face à l’exposition d’un évènement plus que personnel, et la frustration qu’il pourrait rencontrer s’il n’est pas satisfait du morceau. «Parce qu’il m’faudrait tout un album pour bien décrire ma peine», chante Dosseh.

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Finalement, “Fleur d’Automne” se révèle touchant, et éloquent de par la sincérité et la simplicité de ses lyrics. «Mais bon, c’est Dieu qui reprend vu que c’est lui qui donne», rappe l’auteur de Trop tôt pour mourir, comme pour signifier qu’il se sent trompé, trahi par la providence. Un story-telling saisissant, empli de regrets et d’amertume.

 

“Branché”

«Mais frérot, t’es baisé ? C’est quoi cette paro d’fumeur d’soké ?
C’est à moi qu’tu parles comme ça ? J’suis choqué, arrête de schizer
J’dois cesser d’vivre et m’excuser juste parce que la proc’ t’a épuisé ?
Ah ouais, c’est comme ça qu’tu parles, hein ? Tu m’regardes de haut, tu fais l’parrain
Gros, j’gère mes affaires mais t’sais très bien qu’j’suis pas loin
Qu’est-ce qu’tu as ? T’es en manque de câlins ? T’as les couilles trop lourdes, t’as besoin d’Sopalin»

Dosseh invite Momsii sur “Branché”, un passe-passe entre les deux rappeurs construit comme une conversation téléphonique. Dosseh y incarne son propre rôle, et Momsii celui d’un pote, incarcéré pour 8 ans. Le morceau met en opposition l’auteur de Vidalo$$a et son interlocuteur, qui lui reproche de ne pas se soucier de sa condition, trop occupé par sa vie d’artiste. Un «story-telling de rue», d’après Dosseh, interprété avec une féroce justesse.

“Branché” est divisé en deux parties. Dans la première, Momsii vient de tomber, et Dosseh lui rappelle qu’il est là pour lui s’il le faut. «T’as b’soin d’chose-quel’ ? T’appelles, tu réclames» clame-t-il. Mais la décélération de la prod marque une ellipse dans la temporalité et le début de la deuxième partie, six mois plus tard. L’auditeur comprend rapidement que le personnage de Momsii est toujours en galère, et peine à avoir Dosseh au téléphone. Une remarque qui ne plait pas à ce dernier, qui dans cette phase réagit avec animosité aux accusations de son pote.

«Arrête de schizer» écrit l’Orléanais, jouant sur les comportements induits par les troubles schizophréniques pour édifier son schéma de rimes. Si les obligations et difficultés des deux protagonistes pourraient donc se traduire par la rupture brutale de leur relation, Dosseh finit par donner des nouvelles à Momsii concernant la mère et la copine de ce dernier. L’appel se termine par une mise en contraste du quotidien de chacun d’entre eux, et un simple «à plus tard» signifiant probablement que les deux rappeurs ne se parleront plus avant une longue période.

“Djamel”

«J’me remange quelques balles, oh merde, c’est quelque chose
J’sais même plus si j’ai mal, c’est comme si mon cerveau avait mis mes terminaisons nerveuses sur pause
Tout va si vite, pourtant, ça m’semble être une éternité, alors, ça y est, on parlera d’moi en disant “R.I.P” ?
J’revois les gens qui m’aiment, j’pense à c’que j’ai laissé filer
Est-ce que c’est ça qu’les gens appellent “voir toute sa vie défiler” ?»

Et il y a de ces morceaux qui vous donnent le frisson dès la première écoute, comme “Djamel”, la quatrième track de Trop tôt pour mourir. L’histoire d’un ami de Dosseh, dont la vie se retrouve bouleversée du jour au lendemain, après les attentats du 13 novembre 2015. Poignant, le texte du rappeur retranscrit la journée de Djamel, de Place de Clichy à Charonne, où celui-ci retrouve son amie Djamila.

La montée en puissance du titre ne passe pas seulement par le déroulement des évènements, mais par l’escalade brutale de la voix de Dosseh, laissant transparaître la brutalité de l’instant. La prod s’accélère, adoptant une couleur bien plus sombre. D’une terrasse entre potes, animée par les rires et les discussions des protagonistes, à une sinistre hécatombe sonorisée par le bruit des fusillades et les cris des passants.

Ce passage en particulier, au rythme du ralentissement de l’instrumentale, témoigne de l’aspect irréel de l’évènement. La voix de Dosseh s’adoucit, trahissant une émotion palpable alors que Djamel se rend compte qu’il est sur le point de mourir. Celui-ci ne sent même plus la douleur, perd la notion du temps alors qu’autour de lui, les corps tombent un à un, inlassablement. Et le morceau se termine par ce double-sens déchirant : «J’ai envie d’évasion, d’voir comment c’est autre part, le monde est vaste, Allahu akbar».

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