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Culture

Le coma artificiel des Simpson

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L’arrivée successive de la saison 30 des Simpson sur Disney+ et W9 montre le triste visage d’une famille au jaune désormais bien pâle, s’enfonçant saison après saison au rythme d’une triste crise de la trentaine. 

C’est l’histoire de la famille la plus célèbre des États-Unis. Et ce, depuis 30 ans. Portés par une empreinte culturelle indélébile, Homer, Marge, Bart, Lisa et Maggie ont pénétré le quotidien du monde entier. Sans qu’on y prête une attention particulière, Les Simpson continuent, au gré des saisons, à porter leur regard farfelu et cartoonesque sur l’actualité. Springfield n’a pas bougé d’un poil en trois décennies, l’éternel canapé de la famille non plus. Difficile d’en dire autant sur la pertinence des épisodes, l’histoire et l’humour de la série.

Tout juste débarqués en France pour la trentième fois, intégralement sur Disney+ lors du lancement de la chaîne, puis sur W9 à travers deux épisodes chaque semaine, les Simpson dévoilent un visage chagrinant. Car derrière l’embelli esthétique des personnages, liftés par une superbe HD, se dissimulent une vieillesse scénaristique grinçante. La série n’arrache plus que quelques malheureux sourires, et tente de s’accrocher à une satire de la société bancale, dénuée d’humanité.

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Un portrait ambigu de l’actualité

Au fil des 23 épisodes de cette nouvelle saison, Les Simpson offrent un best-of quasi-catalogué du paysage social actuel : high-tech, drag queen, e-sport, télé-crochet, homophobie ou binge-watching. La série aborde également le sexisme dans Bart contre Itchy et Scratchy, où les garçons de Springfield montent une association contre l’adaptation de Itchy et Scratchy version féminine. Malgré la bonne idée, l’épisode explore un portrait trop manichéen, trop caricatural pour faire passer un semblant de message. Les épisodes sont aspirés par la volonté d’accrocher à l’actualité, laissant derrière eux la force inéluctable de la série : les personnages.

Dans cette saison 30, les Simpson sont ironiquement trop présents. Là où ils servaient, par le passé, de tremplin à la mise en avant de l’immense quantité de personnages emblématiques du cartoon, la famille occupe au moins 85% des épisodes. Seuls Krusty, Abraham Simpson ou le vendeur de BD ont le droit à quelques histoires centrées. Lesquelles semblent être d’ailleurs les plus réussies de la saison. Le petite soldat de plomb qui narre le troublant passé de Grand-père en tant qu’effigie de figurine, parvient à mêler gag, histoire improbable et évolution sociale. Même chose pour Réductions qui tire une belle morale sociale et identitaire autour du personnage du vendeur de BD.

Les Simpsons, et encore les Simpsons

Mais sinon, la saison manque cruellement d’humanité. Et globalement, à l’issue de la saison, tous les personnages restent plantés là où ils l’ont commencé. Aucune évolution d’amourette, de statut social, rien. Les filles de l’orchestre a bien tenté de s’intéresser à Dewey Largo, professeur de musique de l’école, mais l’épisode finit brusquement par chavirer sur le destin de Lisa, évinçant l’enseignant. Lequel finit par revenir à la fin de l’épisode au terme d’une scène d’outro tristement bâclée. Grosso-modo, Les Simpson parlent des Simpson, et encore des Simpson. Au point d’offrir d’insupportables redites.

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Car à plusieurs reprises, les personnages semblent tourner en rond, dans ce qui prend l’aspect de vieux réchauffés.Dans La fille dans le bus, où Lisa rencontre une famille mieux que la sienne qu’elle envie. Dans Je sais en gros, où Homer, après une dispute avec Marge, apprend à danser pour la reconquérir. Dans Les filles de l’orchestre, où Lisa rejoint une harmonie de jeunes prodiges et oblige sa famille à faire des sacrifices. Dans Sport d’E-quipe, où la tentative de s’intéresser à l’e-sport est supplantée par l’énième carrière d’Homer en tant que manager fructueux. Bref, trop souvent, les épisodes semblent poussiéreux, et juste maquillés derrière la superposition de « trucs du moment ».

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La crise de la trentaine des Simpson

Il serait toutefois de mauvaise foi de conclure que la saison est un plantage complet. Quelques épisodes valent le coup d’oeil, à l’image de l’ingénieux Ki Ka Fé Ça, où un vol commis au sein de la famille amène à une enquête judiciaire. D’autres portent un regard aussi pertinent et plus malicieux sur la société actuelle, à l’image de Krusty le clown, où Homer se goinfre de séries au point d’en perdre sa vie de famille. Le clown reste sur la photo, également, où dans un podcast, Krusty narre l’histoire d’un ses films avortés dans les années 1980. Bref, quelques épisodes originaux, modernes, conservant cette fibre du gag facile et du développement des personnages.

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Pourtant, la tête tournée vers sa trentaine, les Simpson n’ont toujours pas réussis à se relever de la crise de la vingtaine. Depuis près d’une décennie, la famille au teint jaune cumule les saisons de trop. Commercialement et artistiquement. Les audiences ne suivent plus, et le public s’avoue soigneusement désintéressé d’une famille, bien qu’à la popularité intacte, ne restant dans le coup qu’au rythme des rumeurs de dernière saison. Même le deuxième film, longtemps fantasmé, apparaît désormais comme un maigre spectre au-dessus d’Evergreen Terrace. Seule la FOX, redevable de sa popularité à Matt Groening, y croit encore. Et peut-être que Mickey, placardant les visages de la famille sur sa nouvelle plateforme, a des idées en tête pour raviver le jaune très pâle des Simpson.

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