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« Nouvelle école » : ce qu’on a aimé, ou non, dans la saison 1

© Geoffrey Delamarre

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La saison 1 de Nouvelle école s’est achevée et Fresh LaPeufra est reparti avec la coquette somme de 100.000€. En attendant, on s’est arrêté sur quelques points de cette première salve d’épisodes convaincante.

Au mois de juin, la sphère rap a gravité autour d’un événement inédit : Nouvelle école. Lancé en grande pompe par Netflix, le télé-crochet s’est hissé au sommet des tendances de la plateforme, devançant la très populaire série Stranger Things et a signé un succès d’audience impressionnant. Sur les réseaux sociaux, du bon et du moins bon ont été relevés autour de l’émission, avant-gardiste en la matière au sein du paysage rap. Globalement, il convient de féliciter Netflix pour le télé-crochet, qui coche de nombreuses cases positives, dont certaines s’avéraient périlleuses. Même si, quelques écueils méritaient un peu de lumière.

Nouvelle école, un casting diversifié et réussi

Le plus gros point d’interrogation de cette première saison concernait le casting, car pour un bon télé-crochet, il faut évidemment de bons candidats. Et difficile de ne pas reconnaître que la plateforme streaming est parvenue à réunir de nombreux profils à la fois intéressants et variés pour ces premiers épisodes. Globalement, ils parviennent à représenter assez largement le paysage rap densifié du moment, entre une scène underground en pleine effervescence (B.B. Jacques), du rap brut et moderne (Fresh), une approche flirtant avec la variété (Elyon) et même une tendance plus mainstream (Juss). Et c’est un mini-exploit en soi.

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Une volonté presque paradoxale quand le format cherche à se concentrer sur des épreuves de rap pur, comme les battles, qui ont été révélatrices de lacunes pour certains. Il était également important que les femmes occupent une place prédominante dans le format, et certaines ont su tirer leur épingle du jeu avec des performances marquantes, comme KT Gorique et la finaliste Leys. Pour réussir son pari, Netflix a toutefois fait le choix de mettre en lumière des artistes qui étaient à minima implantés, avec un certain bagage. On pourrait ainsi regretter l’absence de réels novices, mais ce serait aussi prendre le risque de déséquilibrer la formule.

Nouvelle école

© Geoffrey Delamarre

SCH, Niska, Shay : un jury à l’épreuve du feu

Sur le papier, les choix de Netflix pour le jury de Nouvelle école était plutôt séduisant. Il se compose de trois figures respectés, au niveau de notoriété plus ou moins équivalent, issus également de trois villes différentes permettant de concrétiser l’enjeu initial des castings à Paris, Marseille et Bruxelles. Et même si on pourra critiquer certains choix effectués au cours de l’aventure, certains arguments qui ont pesé peut-être injustement dans la balance, l’alchimie du trio a bien fonctionné. Il leur manque souvent et effectivement un poil d’esprit critique et d’argumentaire, mais ce statut-là est encore inédit dans le rap, et il faut bien reconnaître que, pour une première saison, ils s’en sont plutôt bien sortis.

En fait, il est bien difficile pour un jury de trouver de la justesse entre le divertissement et la critique. Ils ne peuvent que se fixer sur les exemples de télé-crochet habituel, The Voice notamment. Les jurys se doivent parfois d’être plus acides, même plus cruels dans leurs interventions. Ce sont des valeurs qui conviennent difficilement au paysage rap, mais qu’avaient plutôt bien assimilés les jurés de Rhythm + Flow, la version américaine de Nouvelle école. Pour la seconde saison déjà annoncée, il sera nécessaire de corriger ces défauts-là, qui ont été relativement relayés sur les réseaux sociaux.

Nouvelle école, un coup de projecteur réussi

Quel meilleur argument que la première place de « Chop » en top streaming, une semaine après la diffusion de la finale, pour démontrer l’impact immédiat de Nouvelle école ? L’émission a réussi là où elle devait impérativement réussir : proposer de la musique de qualité. Et franchement, au terme d’une finale de haut vol, le pari est convaincant. Si la performance de Fresh LaPeufra est spectaculaire, les deux autres finalistes ont également brillé, et dans des styles différents. On retiendra également quelques prestations explosives, notamment de B.B. Jacques dont le « Fuck Off » est déjà devenu culte, ou même parmi l’épreuve des clips.

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Au-delà de ça, et même s’il est encore bien trop tôt pour juger, l’émission a mis en lumière de nombreux artistes et contribué à une visibilité énorme, que ce soit sur leurs réseaux sociaux ou directement sur leur catalogue musical. D’autant plus que la plupart ont eu le temps d’anticiper la date de sortie de l’émission pour se préparer convenablement à apprivoiser ce buzz. Fresh LaPeufra, par exemple, avait déjà un EP prêt à publication une semaine après la diffusion de la finale. B.B. Jacques, lui, avait même dispersé des indices dans ses précédents projets, que les fans s’amusent désormais à reconstituer. Il est d’ailleurs important de souligner que pas seulement ceux ayant réalisé un long parcours ont bénéficié d’un gain notable de visibilité : Ben PLG a converti son expérience avec un buzz malin après son élimination rapide.

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© Geoffrey Delamarre

Netflix, une production ambitieuse

Au final, il faut prendre Nouvelle école pour ce qu’elle est : une émission de divertissement. Et sur ce cahier des charges-là, Netflix a rempli son rôle. Le télé-crochet est joliment produit et constitue l’une des émissions rap les plus ambitieuses. Il tente aussi de trouver une justesse quasi-impossible entre les valeurs chères au rap et une exposition grand public : l’émission reste relativement mainstream, mais peut à la fois offrir une porte d’entrée accessible pour les abonnés Netflix, sans être inintéressante pour les fans de rap. Il y aura toujours des défauts à trouver, évidemment, mais le rap au sens large y est célébré, avec des invités issus de sphères différentes, et pas seulement des rappeurs, mais également d’autres acteurs du milieu.

Il faut le dire : Nouvelle école était un crash-test, tentant à la fois de digérer les influences d’autres télé-crochets francophones, mis au service d’une culture qui a longuement réclamé une compétition de cette envergure. Et même si l’aspect divertissement rentre parfois en conflit avec la production artistique : on regrette de ne parfois pas voir suffisamment de processus créatif au détriment des prestations finales et du suspens pour les emmener. Les attentes étaient particulièrement élevées à l’idée d’un tel programme, probablement impossible à complètement combler, mais le bilan tire nettement vers le positif. L’avenir dira si le diplôme de la Nouvelle école est un gage de qualité, même si certains candidats ont déjà un joli cursus. En tout cas, à l’approche de la saison 2, les candidatures devraient arriver en masse sur la table des producteurs.

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