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On a parlé vie d’artiste, album et chanson française avec Achile

Crédits : PE Testard

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Achile est musicien, beatmaker et rappeur, et du haut de toutes ces lignes qui occupent son CV, il prépare la première pièce de sa discographie, chargée de mettre de l’ordre au milieu de ses jeunes rêves. 

Des lunettes rondes autour des yeux, les lèvres tournées vers le bas : Achile pourrait être un lycéen indifférent au fin-fond d’une classe de Philosophie. Et finalement, il n’en est pas très loin. À tout juste 19 ans, le baccalauréat fraîchement obtenu, il a eu l’audace à la fois insouciante et courageuse d’écrire « Sortir un album » en tête de ses voeux sur Parcoursup. Et pour l’heure, difficile de lui donner tort : sa musique légère, profondément inspirée d’un rap duquel il préfère s’émanciper pour digérer ses influences pop et variété, a tout pour plaire. Et si, derrière ses lunettes, on croit entrevoir le regard d’un prochain phénomène, il nous a raconté, avec humilité et ambition, sa vie plus vraiment normale.

La musique acoustique est très présente dans ton univers, comment as-tu appris à jouer ? 

Je n’ai jamais été au conservatoire, j’ai pris des cours de chant, de piano, de violon et de solfège. Mais au final, je n’ai jamais vraiment excellé. J’ai commencé le solfège à 3 ans et  j’ai toujours fait de la musique, jamais de musique classique, mais plus des morceaux pour m’accompagner au chant. Je me souviens, le premier jour où j’ai eu mon violon, j’ai joué « Je t’emmène au vent » de Louise Attaque.

Et le rap dans tout ça, c’est arrivé quand ?

Le rap, c’est arrivé assez tôt. Je pense que mon premier souvenir c’est la Sexion D’Assaut. Après il y a eu toute la période 1995, les Casseurs Flowters, Orelsan, etc… J’écoutais de tout, pas que du rap, de la variété aussi plus jeune. J’ai commencé sur Youtube en faisant beaucoup des reprises et à 12 ans j’ai commencé à faire des prods. Puis, à 15 – 16 ans, j’avais fait le tour des reprises. Et du coup, mon premier vrai morceau c’était « 2h12 », je l’ai directement sorti sur Youtube puis sur les plateformes. J’ai pas eu de période en mode j’écris seul dans ma chambre. J’ai vraiment écrit puis sorti directement, je calculais pas les moqueries. Et quand j’ai sorti « 2h12 », tout le monde pensait que c’était une reprise. Et c’est après que les gens ont appris que c’était mon premier morceau. Il a beaucoup mieux fonctionné que mes reprises et comme là d’où je viens, Tours, c’est petit, ça a tourné et ça a vite commencé à grandir, grandir, grandir… Et maintenant, c’est cool !

La transition entre ton premier morceau et ta signature dans une major a été super rapide.

J’ai fait beaucoup de maquettes, et à force j’ai rencontré mes manageurs qui sont aussi les producteurs de mon album. Ça a commencé comme ça, les rendez-vous avec tout le monde, etc… Et maintenant, on est là. J’ai toujours voulu faire un album donc je savais que je n’allais pas commencer par un EP, je voulais juste faire un album et voir ce que ça donne. Mon premier morceau je l’ai sorti quand j’étais en première, j’ai rencontré mes manageurs fin à la fin de l’année e et j’ai signé en fin de terminale. Donc, en deux ans, tout s’est fait. J’ai toujours pris le temps de faire les choses, je ne voulais pas sortir de morceau à la chaîne, j’ai toujours dit qu’il fallait que les gens se l’approprient avec le temps. Et c’est ce qu’il s’est passé : la première fois que ça a vraiment marché sur les plateformes, c’était quatre mois après la sortie.

Dans le morceau « Kappa », tu dis «Maman n’aime pas trop cette vie d’artiste»… Comment tu leur as fait comprendre que tu allais arrêter les études après le Bac pour te concentrer sur la musique ?

Elle a gueulé… (rires). Non, en vrai, ils étaient préparés, il savaient. Le contrat que j’avais avec eux c’était «Si j’ai mon BAC, je peux arrêter les études et faire ce que je veux». Toutes mes vacances d’été de terminale, je les ai passé ici, à Paris. Et quand je retournais en cours, je taffais un peu puis j’ai eu mon Bac. Mais par rapport à mes parents, la seule condition c’était le Bac, puis ensuite me laisser du temps pour faire l’album.

L’autre petit clin d’oeil rigolo dans le clip de « Kappa », c’est le faux disque d’or. Tu t’y projètes déjà ?

Ah bah, oui ça fait partie du truc, ce serait la suite logique dans mes objectifs. Je l’ai toujours le disque, il était dans mes toilettes d’ailleurs (rires). Mais bon je t’avoue que je l’ai enlevé depuis mais il y est resté longtemps. Je venais d’arriver à Paris, j’avais zéro déco dans mon appart donc j’ai mis ça (rires).

Pour revenir à la musique, il y a quelque chose qui frappe dans tes productions, c’est les samples. C’est une pratique qui se perd un peu, comme l’utilisation du gospel qui revient aussi dans tes prod.

À la base, le gospel dans « Kappa », je trouvais qu’il sonnait pas très bien, car avant je faisais mes maquettes à l’arrache sur Logic. Mais au final on l’a gardé et le sample de « Rien n’est pareil », c’est un très vieux sample qui était dans un pack. Et la semaine dernière, j’écoutais le morceau d’un autre artiste qui l’a aussi utilisé. Mais en vrai, je trouve ça toujours trop cool d’utiliser les samples, il faut juste que ça soit bien intégré. Mais le gospel, j’adore ça.

Crédit : PE Testard

Tu es donc en train de préparer ton premier album, comment est-ce que ça passe ? Tu es plutôt du genre à faire un maximum de morceaux et garder les meilleurs ou alors tu fais que très peu de maquettes et toutes très abouties ?

En vrai, je pense qu’on en a fait vingt-cinq pour en garder une quinzaine… Je ne fais pas beaucoup de morceaux ou alors vraiment juste des débuts de trucs, mais ce ne sont pas des morceaux. On pourrait sortir le projet, mais je sais très bien qu’il y a des choses que je ne veux pas garder. On va garder des morceaux qui sont déjà sortis mais pas trop car je déteste écouter un album avec cinq morceaux que je connais déjà.

Qui est autour de toi, avec qui es-tu en studio ?

Alors, je suis compositeur de tous les titres, et je bosse avec mes producteurs qui sont Yoshi Masuda et Nicolas Dakou qui, eux, sont aussi musiciens. Dans l’album, d’autres producteurs qu’on voulait seront présents. En tous cas, on est en comité restreint. On a fait venir pleins de musiciens mais dans la manière de composer, on fait ça seul. J’apporte des maquettes, souvent hyper musicales mais aussi très moches. Et après, on les refait, avec de vrais instruments.

Tout est allé tellement vite à une période que je n’arrivais même pas à me rendre compte que j’étais avec tel ou tel musicien, ou alors devant un piano à 30 000 euros, c’est après que j’ai réalisé. Mais en vrai, le passage de ma chambre à des studios pro, il s’est fait naturellement. Mais bon, j’avoue que quand je vais dans des studios de fou, je m’en rends compte et je ne fais pas la gueule (rires).

 

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À quoi est-ce qu’on peut s’attendre pour album ?

Tous les morceaux que j’ai sorti ne représente pas vraiment l’album, ou alors dans les très grande ligne comme le morceau « Rêver » pour le côté musical. En vrai, il va être hyper varié, même niveau feats, on essaye de faire quelque chose qui peut plaire au plus grand nombre. On peut espérer toucher beaucoup de gens avec cet album car il y a de tout.

Tu viens de sortir le clip de « Vie normale », tu peux nous en parler ?

À vrai dire, je n’ai eu que très peu de retours du morceau car le clip a pris beaucoup de place. Mais tant mieux, ce n’est pas du tout négatif. Je regardais les commentaires et des gens disaient «Il faut que je le regarde deux fois pour écouter la musique». Ce morceau-là, ça faisait longtemps que je l’avais et que je voulais le sortir. Pour moi, c’est encore une étape de plus. « Kappa » c’était cool, mais « Vie Normale » peut bien représenter l’album avec les violons à la fin. Même dans les paroles, ça le représente bien.

Et au niveau des featurings, ça ressemblera à quoi ?

J’aimerais bien de tout. On a déjà annoncé Oxmo Puccino. C’est un très gros son pop, lui rappe mais ma partie est très pop. Ce que je cherche en ce moment, c’est une chanteuse de variété et aussi un autre rappeur. C’est vraiment deux choses différentes. Mon feat de rêve, c’est Stromae.

Tu es jeune, tu as baigné et grandi en écoutant Nekfeu, Orelsan, tout ces rappeurs qui ont ouvert la porte au chant. Comment tu définirais ta musique, comme du rap ?

C’est pas du rap ! Je suis clairement influencé par tous ces artistes, surtout Orelsan, pour moi La fête est finie, c’est un putain d’album. Même ce que fait Lomepal, je n’en parle pas beaucoup mais ma musique vient aussi beaucoup de là. Mais pour le coup, Lomepal il a vraiment son truc qui est vraiment difficile à retranscrire si tu veux faire un morceau dans le même mood. C’est hyper personnel ce qu’il fait. Je trouve que son dernier album c’est un album de chanteur, qui vient du rap. Mais, en tous cas, je suis pas un rappeur, je suis un chanteur. Je rappe mais je chante en même temps, c’est du rap chanté. Dans l’album il y a des trucs 100% chant. J’ai baigné dans le rap mais aussi dans la variété française que je kiffe de ouf, j’ai pas énormément de ref’ mais j’ai saigné l’album d’Angèle par exemple, c’est quelque chose qui m’inspire aussi.

On sort de confinement, les concerts reprennent doucement. C’est un exercice que tu as déjà fait ? Ça te branche ?

J’en ai déjà fait pour les covers. J’adore ça, aussi celui dont j’ai le plus peur. Mais par contre, j’ai trop envie d’être dedans. Être en festival, avec tous mes gars, on a trop envie ! C’est con que le COVID arrive à ce moment là, mais c’est ce qui nous fait kiffer en ce moment. On y pense de ouf, on va travailler pour ça !

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