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On a parlé Grande-Ville, « OFF » et Deen Burbigo avec EDGE

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Edge

La crise sanitaire ? La paralysie du secteur de la musique ? EDGE n’en a visiblement jamais entendu parler. Après une année 2020 plus que productive, le MC revient ce 11 décembre avec sa première mixtape OFF.

Des lunettes vintages, une barbe soigneusement taillée et un visage serein… Soyez préparés, EDGE compte bien se forger sa place dans le paysage musicale. Après son premier EP Interlude 1.9 et de nombreuses apparitions en featuring, le voilà désormais avec sa première mixtape OFF, disponible dès le 11 décembre sur les plateformes de streaming. Réceptacle d’une proposition rafraîchissante, il est difficile de faire l’impasse sur les nombreuses promesses que nous réserve l’artiste. Et alors que ce mois de décembre signe un nouvel acte tout en beauté de sa jeune carrière, EDGE s’est entretenu avec nous. Au programme : les années qu’il lui a fallu pour s’accepter en tant qu’artiste, son univers nocturne ainsi que ses collaborations les plus marquantes.

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Le moment où jamais

EDGE est loin d’être un nouvel arrivant dans le paysage du rap. Membre de Grande-Ville (Jazzy Bazz, Bonnie Banane, Lonely Band, Sabrina Bellaouel…), il accompagne le collectif depuis le début de sa carrière. On l’apercevait par exemple dans la vidéo de Yard à l’occasion de la sortie de P-Town de Jazzy Bazz. Paradoxalement, EDGE a choisi de rester en retrait durant cette décennie 2010. «De base, je suis quelqu’un d’assez réservé, et je n’avais pas vocation à faire de la musique, se confie le MC. Il m’a fallu un peu de temps pour oser me lancer. Depuis le début, j’ai été entouré d’énormément de personnes qui travaillaient au studio. Mes journées, mes nuits… Cela fait longtemps que je les passe là-bas. Il m’a fallu le temps de me rôder, de prendre de l’assurance, de m’adapter… Que je digère le fait de me lancer dans la musique.»

Et le réveil a eu lieu. Si la crise sanitaire liée au Covid-19 a noué la productivité de certains artistes, elle n’a rien changé à la détermination de EDGE. Pour lui, il était plus que temps de faire parler de lui.  «OFF est prêt depuis quasiment un an, explique-t-il. Après, on a pris le temps de travailler mon univers, mes clips… Avec du recul, je trouve que ça sonne plutôt bien 2020. C’était la bonne année pour me dévoiler, sortir de ma grotte.»

Des rencontres déterminantes

Si l’atmosphère qui découle de la musicalité de EDGE semble déjà si maîtrisée, c’est grâce à certains exemples qu’il a analysé de près. Notamment un artiste en particulier : Jazzy Bazz, qu’il a vu grandir et s’affirmer durant ces dernières années. «Accompagner Jazzy Bazz durant tout ce temps m’a permis de sauter des étapes. En l’observant, j’ai pu prendre du recul sur les choses qui me concernent. De son côté, il m’a fait partager ses expériences et apporté l’aide dont j’avais besoin dans mon cheminement musical.» Plus qu’un exemple, leur relation n’est pas seulement artistique. «Il a toujours eu un côté bienveillant, presque fraternel, comme si j’étais son petit frère et qu’il voulait que ça se passe bien pour moi», se rappelle-t-il. A noter d’ailleurs que l’on retrouve les deux artistes en featuring sur le morceau « Pyromane », issu de l’EP 2 titres Memento de Jazzy Bazz.

L’autre homme qui a joué un grand rôle dans la jeune carrière de EDGE agit davantage dans l’ombre. Son nom Johnny Ola. D’abord stagiaire au studio de Grande Ville, il a ensuite ouvert le Golstein Studio. Fort des liens qui se sont crées avec EDGE, il a choisi de l’accompagner dans sa transition musicale. «Je considère Johnny comme un frère, la première personne à m’avoir fait confiance, confie EDGE. Il a enregistré ma toute première maquette, mes tout premiers tests, alors qu’il venait d’ouvrir son studio. Il a pris le temps avec moi, alors que ce n’était vraiment pas terrible. Je pars d’un principe simple : si on s’entend humainement, alors on pourra aller quelque part musicalement. Si je n’avais eu cette connexion avec lui, je n’en serai clairement pas là aujourd’hui.»

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OFF, développement personnel et insomnie

La musique, parlons-en d’ailleurs. Car la nouvelle mixtape de EDGE est un projet aussi sombre que mélodieux. D’ailleurs, le MC met un point d’honneur a retranscrire son quotidien, bien loin des réconfortantes lueurs du soleil. «Rien de plus naturel pour moi que de raconter la nuit, c’est ma manière de confectionner ma musique, sourit EDGE. En vivant la nuit, au studio, je raconte les émotions que je peux ressentir dans ces périodes. Forcément, on le ressent dans ma musique.» Une conséquence directe de ses insomnies récurrentes. «J’ai pas mal de problèmes de sommeil, c’est souvent pour ça que je suis dehors : je marche, je me perds en voiture, j’écris… D’ailleurs, je pense que ma musique est faite pour la ride. Avoir quelque chose pour m’accompagner dans mes activités nocturnes est primordial. Ma musique essaie de parler aux gens qui se retrouvent là-dedans.»

EDGE s’est ainsi trouvé une sorte d’heure totem, que l’on retrouve au sein de la dernière track de OFF : « 5h54 »Tout un symbole : «il s’agit de l’heure à laquelle j’ai ouvert ma note pour écrire le morceau. J’étais chez moi, je n’arrivais pas à dormir, et j’avais envie d’écrire un truc. J’ai allumé un joint, sorti mon téléphone, regardé l’heure… Il était 5h54. Puis je suis tombé sur une prod, et la première phrase m’est venue tout de suite. C’était limpide.» Une heure que l’on retrouve d’ailleurs sur la cover de son projet précédent, Interlude 1.9. «Je voulais faire un rappel, je savais que 5h54 allait arriver par la suite, se réjouit EDGE. Il faut voire ça comme une boucle prémonitoire : j’ai sorti Interlude 1.9 avant, mais OFF est mon tout premier projet 

«5h54, je suis pas très loin de l’espace / je rallume une énième batte sur le bitume loin des strasses» Edge – « 5h54 »

Le premier, et le plus personnel. Si OFF s’est drapée de ce nom aussi concis qu’intriguant, ce n’est pas sans raison : «le côté off représente le fait de mettre tous mes maux en sourdine. Mes démons, ma timidité, ma peur… Je les mets de côté pour faire de la musique. J’ai  littéralement tout mis en off pour faire du son.» En somme, une catharsis musicale. «Je vois ce projet-là comme une étape de ma vie. Même s’il y avait un feu à côté de moi et que j’étais en train de composer un son, je n’aurais aucune réaction. C’est thérapeutique.» 

De Deen Burbigo à The Hop, l’art du featuring

OFF appose donc la dernière brique d’une année 2020 plus que solide pour EDGE, qui a su se construire de réelles fondations. En plus d’avoir construit un univers musical cohérent, le MC a également veillé à son omniprésent dans les collaborations musicales. On le retrouve sur les projets de Robdbloc, Cheval Blanc, Itzama, Jazzy Bazz… Ou encore Deen Burbigo !

On retrouve EDGE sur le morceau « Piège à loup », issu du second album Cercle vertueux de Deen Burbigo. Le morceau s’est confectionné en deux temps. «Bigo me l’avait fait écouter il y a environ un an, et il n’avait pas encore de refrain, se remémore EDGE. Je me souviendrai toujours de la première fois où il me l’a fait écouter : c’était une gifle. Puis, Deen est reparti bosser sur son album. Au bout de quelques mois, je lui ai demandé où il en était avec le morceau « Piège à loup ». Il me racontait qu’il ne savait pas trop s’il allait le garder. Grave erreur, à mes yeux c’était un tube en devenir. Deen m’a alors proposé de venir faire une session pour essayer de trouver une inspiration sur le morceau, et je me suis retrouvé sur son album.»

A côté de ça, EDGE s’est également illustré à deux reprises dans le sublime projet 220 du groupe The Hop. Et encore une fois, remercions Jazzy Bazz pour la naissance de ces collaborations : «J’ai eu l’occasion de beaucoup tourner avec Jazzy Bazz, et l’un des membres de The Hop était justement son batteur sur ses deux dernières tournées. On appartient aussi plus ou moins au même collectif, The Hop est affilié de près à Grande Ville.» Ont donc fini par accoucher deux morceaux : « Le temps des amours » et « Pollen » en featuring avec Bonnie Banane. «Tout s’est fait très naturellement. Ils m’ont appelé et demandé si j’étais chaud pour poser sur leur projet. Ça m’a fait super plaisir, je l’ai perçu comme une marque de confiance. A ce moment-là, je n’avais encore rien sorti. La première fois que mon nom est apparu sur une tracklist, c’était sur l’album de The Hop. A mes yeux, ce n’est rien d’autre qu’une alchimie naturelle entre des amis qui ont décidé de faire de la musique.» 

La boucle est bouclée, semble-t-il. Avec toutes ces collaborations, et désormais cette première mixtape OFF, EDGE attire l’attention. A lui maintenant de maintenir la cadence. Et à l’écouter, il n’y a pas de soucis à se faire : «En 2021, je vais encore passer un nouveau cap. Quelques petites surprises vont arriver d’ici pas si longtemps que ça.»

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