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La Fouine et le problème de l'évolution des textes de rap français La Fouine et le problème de l'évolution des textes de rap français

Musique

La Fouine et le problème de l’évolution des textes de rap français

La Fouine clip "Colorés"

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Pour ouvrir son nouvel album, La Fouine a dévoilé son titre « Colorés », accompagné d’un clip à succès, pointant à plusieurs millions de vues. Mais au-delà d’un retour en grande pompe, le titre dégage l’impression de textes obsolètes.

« Ça y est, j’ai retrouvé le Fouiny Flow », s’amuse La Fouine lors de la sortie de son titre « Colorés », annonciateur d’un prochain album. Fort d’une nouvelle hype, l’artiste a pu compter sur la fidélité de sa fan-base pour disposer de deux millions de vues en un week-end.

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Surfant sur le meme 6ix9ine dans son clip, La Fouine met tous les éléments de son côté pour renforcer les portes d’un succès qu’il n’effleure qu’avec parcimonie depuis trop longtemps. Instrumentale moderne, flow épuré et refrain efficace : la recette d’un bon single prend. Mais une réserve souligne la largesse de Fouiny en 2019 : son texte.

La Fouine, une écriture en manque d’inspiration ?

Trop faciles, trop prévisibles, vus et revus, les couplets de La Fouine sonnent creux. On retombe avec lourdeur dans la thématique de la poucave, justifiée par la métaphore de 6ix9ine, mais épuisée jusqu’à la mort par une écriture en manque d’inspiration.

Pire : certaines phases font complètement sortir du morceau. « Calme-toi mon bébé, pour les embrouilles, j’ai pas l’time, mets tes fesses sur ma face, que l’on fasse un FaceTime. » Ou alors : « Les embrouilles c’est comme les joints, ça finit par se tasser ». Ces punchlines, dans le pur esprit Fouiny, se détachent complètement d’un rap qui se veut plus sobre dans ses phases, mais plus impactant dans la performance globale. Les couplets modernes sont moins lourds, et plus réfléchis sur l’intégralité des seize lignes. De manière générale, une cohérence est recherchée, pas forcément sur la thématique d’un couplet, mais sur les enchaînements des rimes.

La Fouine s’inscrit plutôt dans un rap du début des années 2010, où il était roi. À l’époque, l’écriture des rappeurs glissait vers la recherche de la punchline absolue. Ses anciens collègues Sultan et Fababy, maîtres dans l’art du « jeu de mot », en étaient d’ailleurs des exemples crédibles. Aujourd’hui, la politique du « jeu de mot » n’existe plus dans le rap, où se veut beaucoup plus habile.

Cette écriture de La Fouine est régulière, à l’image de « Ne confonds pas Siri et la Syrie », dans son titre « Rien à prouver », qui marquait son retour au rap old school. Ou lors de son single « Gnagnagna » : « Comme le filtre sur ton oinj, je suis venu faire un carton ». Maladroites, ces phases permettent juste de souligner l’évolution du rap dans le fond, où l’omniprésence de la mélodie aura forcé les artistes à moins titrer sur leurs punchlines et offrir des couplets plus sobres et esthétiques.

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