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Musique

Quand le rap part à la conquête du Far West et du Western

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django western rap

La compilation musicale et documentaire Emodrill – Le nouveau Western est disponible partout. Pour l’occasion, nous nous sommes immergés au sein des plus belles balades du rap français dans les plaines du Far West.

En sortant le 10 juillet dernier, la compilation Emodrill – Le nouveau Western annonçait l’essor d’une nouvelle dimension au sein du rap français. Paradoxalement, elle a choisi pour cela de faire une analogie avec le plus ancien de tous les genres cinématographiques : le western. Le désert, les cow-boys, les duels enflammés, les regards glaciaux… Et si le western est initialement typiquement tourné vers les États-Unis, il a également influencé et fait rêver le reste du globe. Les rappeurs français ne font pas offices d’exceptions. Petit panorama des meilleurs références au Western signés par la crème de la scène rap francophone.

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Les terreurs du Far West

Qui dit western, dit cow-boys qui crèvent l’écran. Et qui dit personnages charismatiques, dit références privilégiées pour nos MC français. C’est par exemple le cas de Hamza, qui cite John Wayne dans le refrain très égo-trip de « G’s Up Hoes Down ». «Mama veut une nouvelle house /Ma bitch veut un nouveau bag /Et moi, j’veux un nouveau fer, ouh, ouh /John Wayne, John Wayne / J’ai mon Glock, pas d’chance / Cocaine, provenance de Mexico.» John Wayne est l’acteur vedette du genre western dans les années 1940 et 1950. Il est notamment à l’affiche de films comme Rio Grande ou L’Homme qui tua Liberty Valance. Belle gueule, charmeur, et surtout toujours vainqueur. En bref, le héros par excellence.

Rendez-vous maintenant quelques décennies plus tard, pour le rendez-vous incontournable des rappeurs en quête de bagarre. Pour eux, un héros de western s’est imposé en maître : Trinita. Vedette de films tels que On l’appelle Trinita ou On continue de l’appeler Trinita, ce personnage incarné par Terrence Hill marque les esprits par son tempérament plutôt bagarreur. «L’ambiance est chaotique, j’finis ça et je frappe fort comme Trinita»martèle Seth Gueko dans « Le Machin », «Flow Terrence Hill, j’dégaine, j’rengaine, j’arrête pas de mettre des gifles»lâche Sam’s dans « Micro Geste 3 »… Même la Mafia K’1 Fry y va de sa référence dans le morceau « Lourd » : «Des grosses baffes comme Bud Spence et Trinita / C’est la classe, c’est un casse pour le cash». À noter que Bud Spencer est l’acteur qui joue le rôle du frère de Trinita.

Django, petit chouchou du rap français

Mais s’il y a un personnage de western qui rayonne dans une multitude de morceaux de rap français, c’est bel et bien Django, issu du film Django Unchained de Quentin Tarantino. Un ancien esclave devenu chasseur de primes tueur de racistes. Un portrait qui plait, à l’image de Kaaris qui, dans « Aborigène », déclare : «J’vais me déchainer comme Django». Déchainer sa fureur, mais aussi se libérer de l’entrave des chaines qui l’emprisonnent, tel Django qui s’extirpe de sa condition d’esclave. Métaphore similaire de Dadju dans « Django » : «J’briserai les chaînes comme Django».

Ateyaba, Gradur, Disiz… Tous ont à un moment donné fait référence au chasseur de primes. Et même Damso s’est approprié Django à sa propre manière dans « Une âme pour deux », l’outro de Lithopédion : «J’lui dis t’inquiète, viens dans l’bando / Que j’te montre Django en vrai». Pas besoin de faire un dessin, Damso compare ici Django à ses organes reproducteurs, une manière originale de souligner leur proéminence.

Notre monde est un « Nouveau Western »

Mais plus que de retranscrire leur vécu à travers quelques cow-boys, le rap français a transposé l’univers du western au sein de leur propre quotidien. «Le fardeau est dur à suivre, 9ème c’est le Far West», rappe Maitre Gims dans « On t’a humilié » en faisait référence au 9ème arrondissement de Paris. «Au micro on t’tire dessus, bang bang c’est le Far West»entend-on du côté de la Mafia K’1 Fry dans « Lourd ». Une analogie avec leur propre rap. De leur quotidien dans les quartiers à leur art, les MC affirment que finalement, dans le fond rien n’a changé depuis l’époque des westerns.

Certains artistes poussent la métaphore encore plus loin, et dédient des morceaux entiers à ce mélange d’univers. Le plus culte d’entre eux est sans aucun doute la chanson « Nouveau Western » de MC Solaar. D’abord le récit d’un cow-boy qui «erre dans les plaines, fier, solitaire». Le second couplet continue de suivre les aventures du protagoniste, cette fois-ci dans le quotidien d’un jeune des années 90. «Harry désormais est proche de gare de l’Est / Il saute les époques et les lieux pour un nouveau Far West / Les saloons sont des bistrots, on y vend des clopes.» Deux cultures différentes, mais un train de vie qui reste fondamentalement le même, tel est le message du « Nouveau Western ».

Même idée du côté de Premier d’Sekla, membre de l’Or du Commun, qui titre un morceau « Le bon, la brune et le truand », une référence au film culte de Sergio Leone. La chanson propose le portrait croisé d’une danseuse de club, d’un voyou et d’un policier le temps d’une soirée. Le champ lexical emprunte énormément aux westerns, et témoigne encore une fois de la volonté de rattacher les deux époques.

Le Western, véritable vecteur d’influences

Ces inspirations se manifestent par bien des manières. Dernier exemple marquant en date, avec l’interview de Akhenaton par SoFilm. Ce dernier a confié qu’un album composé uniquement de samples d’Enio Morricone, compositeur cultissime notamment à l’origine de la bande-originale de Le bon, la brute et le truand, avait été envisagé. «Je ne perds pas espoir sur ça […] Beaucoup de fans regrettent que cet album ne soit pas sorti. Et c’est encore plus triste parce que j’ai des tas de morceaux qui sont là, qui sont faits, prêts et qu’on ne peut pas sortir. Parce que sinon, on va directement en procès», témoigne le MC.

Akhenaton d’ailleurs, que l’on a vu vu récemment au côté de Kalash dans le clip de « Eldorado », qui se déroule dans un cimetière du Far West. Punchlines, samples, clips…L’univers Western est partout. Finalement, si le western est un genre qui peine à exister aujourd’hui, il continue d’exister à travers toutes les influences qu’il a su transmettre. Le rap français en est l’un des exemples le plus parlant, puisqu’il puise continuellement nombre de ses influences au sein des grandes plaines du désert américain.

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