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Le joyeux bordel du rap français en 2018

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2018 est passée en un éclair. Il est donc grand temps de revenir sur la marque de fabrique de nos rappeurs nationaux, qui a pris une toute autre dimension au fil de l’année : l’absurdité. Car quel autre mot utiliser pour qualifier les agissements des MC de l’hexagone : du triste sort d’une boutique de parfum qui n’avait rien demandé, à une suite de freestyles et procès totalement insolites, en passant par la pétition la plus pertinente du XXIe siècle… Le rap français est devenu la télé-réalité la plus regardée de France, et quelqu’un se devait de vous en faire un condensé pour le bien de l’humanité. So, previously in « Rap game français ». 

Il y a maintenant 365 levers de soleil, nous faisions nos adieux à 2017 qui disparaissait à l’horizon, couvert par les nuages cannabiques d’un Rennais ayant fumé à fond tout l’été, emportant avec elle les « Pouloulou” qui avaient remplacé nos acouphènes. Une nouvelle année prospère pour le rap français se clôturait comme elle avait commencé : en nageant dans l’absurdité. Avec un rideau qui s’était levé en janvier sur un Gradur réalisant l’exploit de faire dabber un élu FN auto-stoppeur, pour retomber en décembre et couvrir un Alkpote de la Tourette demandant (presque) sa main à Philippe Katerine en direct de Skyrock.

Toutefois, malgré tout son panache, 2017 n’était qu’un simple chapitre parmi les dizaines du grand roman national rapologique. Et en tournant la page sur celui de 2018, un joyeux capharnaüm s’est offert à nous pendant douze mois, et ces désirs qui firent désordre. Ou comme l’a si bien formulé Maskey : 

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Les bonnes résolutions de janvier

Traditionnellement, le premier mois de l’année civile est dédié à ces résolutions coutumières, sensées permettre à n’importe qui de repartir du bon pied et d’altérer ces défauts qu’il traîne pourtant avec lui depuis toujours. Ces mêmes résolutions qui ne prendront cependant que quelques semaines à sortir de la tête de l’intéressé pour reprendre mécaniquement le fil de sa vie.

Ces résolutions, les Rennais de Columbine ont pourtant réussi à les remplir en tenant leur promesse pyrotechnique : “Disque d’or on le fera fondre” (“Rémy”). Et disque d’or ils l’ont fait fondre, preuve vidéo à l’appui. Toutefois, tout le monde n’a pas leur dévotion. Et le journaliste/MC à ses heures perdues Christophe Barbier aurait peut-être dû en prendre de la graine avant de lâcher son 16 mémorable sur le Président en place (préalablement publié dans L’Express) devant les caméras de RMC

Le 23 janvier, Sofiane allait quant à lui se trouver face à des résolutions qu’il n’avait pas choisies. Pour avoir bloqué l’A3 le temps d’un expresso et remué la Cité des 3000, il comparaissait devant le tribunal de Grande Instance de Bobigny. Mais un moment juridique surréaliste en ressort : le visionnage du clip “Pégase” sur un téléphone par la juge et la procureur, en compagnie de Sofiane et du fameux Maître Ruben, de puissants backs résonnant au fond de la salle. Ce même Maître Ruben qui était passé sur Skyrock, et allait défendre l’un des camarades de Boulbi du Orly-Gate. Mais Fianso a retenu la leçon et on ne l’y reprendra plus. Non, non. Pourquoi emprunter la voie rapide quand on peut piloter un dragon ?

Puis, pour certains, cette résolution s’est voulue culinaire en alliant cordon bleue, nuggets et vache qui rit. Anciennement prince de la ville aux côtés de ses frères du 113, AP et Rim’K, le rappeur Mokobe est devenu en janvier le roi du tacos “à la french”, avec sa première enseigne à Vitry-Sur-Seine : TacoShake. Représenter la banlieue comme un tacos plutôt qu’un grec frites ?

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Comme promis, Columbine a fait fondre son disque d'or

L’empereur de la com’ survole février

Officiellement, février sonne le glas des résolutions. Et pour ces 28 jours, on aurait pu choisir de s’étendre sur les Victoires de la Musique, qui ont couronné le rap avec trois récompenses pour l’auteur de La fête est finie (dont celle d’artiste masculin de l’année), ainsi que la chanson originale de l’année pour la fratrie toulousaine.  Mais veut-on vraiment s’attarder sur une cérémonie qui avait imaginé en 2017 faire concourir PNL aux côtés de Christophe Maé et Julien Doré, et qui en 1999 avait préféré Panique Celtique de Manau à Suprême NTM dans la catégorie “Album rap ou groove de l’année” ? Irait-on, comme Vald, jusqu’à dire qu’on en a « rien à foutre » ? La pétition qui avait voulu faire annuler le triplé d’Orelsan nous aiderait peut-être à faire pencher la balance qui oscillait déjà avec l’absence de Damso et Niska

Mais ne soyons pas amer en ce mois des amoureux, et penchons-nous sur la déclaration d’amour brutale faite au rap par le plus extravagant de ses représentants. J’ai nommé : Lorenzo, auto-proclamé “Empereur du sale”. Rien à branler de la sortie de son album, tout ce qui compte pour le Rennais c’est de dynamiter l’Internet. Le voilà donc qui se fait tatouer en live de son planète Rap en récitant les vers de son “Freestyle du sale” : “m’en bats les couilles du rap, j’suis ninja-cascadeur” ; qui enfile le costume de Willy Wonka pour glisser un précieux “Pu***n de ticket d’or” dans un de ses albums ; qui caresse romantiquement les tympans de personnes âgées avec son single “Sucer la bite” ; et qui va même jusqu’à allier ses deux passions en réalisant sa promotion sur Pornhub… L’empereur de la com’ ?

Mamene ! Le putain de ticket d'or de Lorenzo a été trouvé

Crédit Photo : Youtube / Lorenzo

Les giboulées de mars

Un proverbe sage nous avait prévenu : “Si de toute l’année le pire des mois est février, méfie-toi aussi de mars et de ses giboulées”. Et ces averses aussi brèves que violentes se sont également abattues sur le rap francophone. Réglé comme une horloge, notre Jean-Marie national a su trouver à nouveau les mots durs mais justes pour décrire la musique préférée des jeunes dans ses mémoires : « On m’a reproché d’avoir dit un jour que le rap était une attaque barbare contre la poésie populaire. C’est pourtant cela, c’est le grand remplacement du chant de la France ».

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Et de l’autre côté de la frontière, deux refus emblématiques viennent contrarier les MC Belges. Damso se voit retirer l’hymne pour le mondial, tandis que Lacoste refuse de collaborer avec Roméo Elvis car il “fait du rap”. Mais après la pluie vient le beau temps, et Dem’s fait preuve d’Ipséité en remerciant les féministes pour le coup de pub’, tandis que Johnny Kiki s’offre sa propre marque de street-wear (sans plus tard jalouser Moha La Squale pour ses entrées chez la marque au crocodile). Et le ciel s’éclaircit totalement avec le recensement 2017 des malheureux oublis des clients d’Uber. Une liste où le palmarès de l’objet le plus improbable est décerné haut la main à un rappeur, devant un barbecue ou un kit de bonsaï. Mais qu’a-t-il oublié ? Réponse A : ses textes. Réponse B : son flow. Réponse C : sa Nike Tekno M2K gauche. Réponse D : son Disque d’or. Cliquez, vous n’allez pas être déçus. Ah et Amandine du 38 est de retour pour nous jouer des mauvais tours.

Au revoir Lacoste, Roméo Elvis balance ses propres tee-shirts croco

Crédit Photo : Instagram / Roméo Elvis

Caviar de poissons d’avril

“Un poisson d’avril est une plaisanterie que l’on fait le 1er avril à ses connaissances, à ses amis et sa famille. Il est aussi de coutume de faire des canulars dans les médias, aussi bien presse écrite, radio, télévision que sur Internet.”

Fins limiers, sauriez-vous différencier le vrai du faux entre ces six anecdotes du rap hexagonal, toutes plus insolites les unes que les autres ? 

  • PNL est entré dans la légende. Mais pour les frères des Tarterêts, il s’agirait maintenant de continuer à écrire cette légende. Pourquoi un tel silence médiatico-musical depuis leur dernier projet alors ? Un mystère, qu’Ademo a finalement élucidé aux yeux du grand public : Nos avait perdu les clés du studio à la salle de sport.
  • Une bande de hackers frappe très fort en s’attaquant à la célèbre plateforme Youtube, renommant ou allant jusqu’à supprimer les vidéos de célèbres artistes rap. Nombreuses furent les victimes : Drake, Post Malone, Vald, Kalash, Kaaris, mais encore Lacrim, Maître Gims, avec par exemple Vald qui voit #FUCKYOURAP s’adjoindre au titre de son morceau “Désaccordé” sur Youtube. Mais surtout, c’est un monument qui est réduit en poussière : le clip de “Despacito” supprimé.  
  • Pour la richesse culturelle et la diversité artistique de son compte Instagram, le Duc de Boulogne a eu la chance de voir celui-ci rejoindre le patrimoine immatériel de l’Unesco, aux côtés du repas gastronomique ainsi que l’équitation de tradition française. Une grande fierté pour le président de la République quant à cette récompense méritée pour “une véritable encyclopédie d’actualités et de références”.
  • Une inquiétante déclaration du directeur des Victoires de la Musique vient enfin éclairer l’absence de certains ambassadeurs du genre aux nominations pour les musiques urbaines : Le rap ? J’en ai vaguement entendu parler. Je ne sais pas vraiment ce que c’est, à part un genre émergent qui ne devrait pas durer très longtemps”.
  • Vingt ans après la sortie du cultissime Panique Celtique, primé aux Victoires de la Musique rap de l’époque, Manau remet le couvert. Un nouveau single et un dixième album en préparation pour les grands (et seuls) représentants du Hip-Hop celtique.
Vidéo : Orelsan donne le coup d'envoi de Caen - PSG

Crédit Photo : Charly Triballeau / AFP

De Mai 68 à l’Eurovision de mai 2018 : même combat

A l’occasion du cinquantenaire des luttes qui avaient ébranlé la France entière en Mai 68, il semblerait que les Français aient retrouvé ce goût pour la révolte et cette volonté de justice et d’égalité sociale. En effet, quelle plus belle preuve de cet esprit combatif que cette pétition de Dédé et ses 12 399 signatures pour une cause aussi belle que juste : « Nous voulons de grands artistes populaires pour représenter la France. A ce titre, Jul, rappeur et musicien ingénieux est le plus indiqué. Pour que Jul représente la France à l’Eurovision ! »

Une demande populaire et démocratique qui aurait peut être permis de dépasser la 13e place, et même de remporter la compétition en Y (que la France n’a pas remporté depuis 1977). En effet, pourquoi ne pas envoyer l’artiste marseillais, autodidacte et unique, pour plier l’Eurovision comme il plie les charts dès qu’il sort un projet (c’est-à-dire toutes les trois semaines) ? À garder dans un coin de sa tête pour l’année prochaine. 

Et dans le rap français comme dans les rues de l’époque règne un climat de franche camaraderie. Ainsi, c’est l’association et la rencontre presque irréelles de certaines personnalités, issues de sphères culturelles bien distinctes, que tout semble opposer.

Ainsi, après avoir crevé l’écran aux côtés de Catherine Deneuve dans Tout nous sépare l’année dernière, Nekfeu va pourtant céder son rôle à Vianney dans le film “Ma mère est folle”. L’enfant-sage de la chanson française en lieu et place du révolté bouillonnant d’1995. Et comme si ça n’était pas assez, lors de son showcase à la Villa Schweppes, Orelsan va troquer son inséparable compère Gringe pour une nouvelle meilleure amie : Lorie. Assiste-t-on à la genèse de deux fabuleux featurings : d’un côté “On verra si t’es pas là”, et “La Négative Attitude” de l’autre ? Une chose est sûre, la crasserie sera au rendez-vous en 2019.

Le beau bordel du Rap français en 2018

Crédit Photo : Instagram / Lorenzo

Laouni La Fouine : un mois de juin triomphant pour l’anti-oracle de Casablanca

Tout au long de l’histoire footballistique du XXIe siècle, les paris sportifs ont cruellement laissé derrière eux une impressionnante traînée de victimes. En effet, souvenez-vous de cet ami qui avait essayé de vous convaincre de le suivre dans sa quête perpétuelle du profit qui allait se matérialiser par la coquette somme pariée de 50€ aller, et 50€ retour dans un match amical Luxembourg-Biélorussie. Et maintenant regardez l’état des téléviseurs de Mohamed Henni.

Si l’on en croit la malchance de certains, ils se pourraient même qu’ils soient victimes d’une malédiction. Car pour afficher un tel palmarès de pronostics erronés, la poisse de La Fouine doit forcément venir d’un sortilège. À trois reprises, son soutien public à une équipe ou un joueur s’est rapidement transformé en cauchemar pour les onze joueurs sur le terrain : son morceau « Salah » avant la blessure de ce dernier en finale de LDC, et ses deux soutiens consécutifs au Maroc puis au Brésil se sont soldés par un échec. Si l’on devait trouver un point de comparaison, Laouni La Fouine incarnerait l’inverse absolu de Paul le Poule dans ses beaux jours. Et on comprend que ça peut exaspérer l’intéressé. Mais lorsque Nekfeu détruit un ordinateur sur scène le 22 du même mois, avait-il parié sur la victoire de la Serbie contre la Suisse ? Ou souffrait-il d’une crise aiguë de cyberphobie ?

En tout cas le juge peut être fière, Sofiane a repris le droit chemin. De Skyrock au Festival d’Avignon, ce dernier fait ses premiers pas sur les planches et y jouera Gatsby le Magnifique.

la fouine prono sur le coupe du monde : malédiction

Le rap, grand vainqueur de la coupe du Monde en juillet aux côtés du Maestro

Nous sommes le 15 juillet 2018, et les Bleus l’ont fait. Ils ont, si vous nous permettez l’expression d’usage courant, “ramené la coupe à la maison” (allez les Bleus, allez). Derrière cette réussite, un homme amoureux du rap, une enceinte, et une playlist. Pourrait-on aller jusqu’à dire que le rôle de l’enceinte de Presnel Kimpembe et de sa playlist dans la réussite de l’équipe étaient équivalents à celui de notre DD national ? Peut-être que oui. A-t-il également risqué la vie de ses camarades avec une Beats Pill interdite à la vente depuis 2015 pour risque de surchauffe ? Nous n’irons pas jusque-là. En tout cas, il faut donner du crédit au 24e membre de l’équipe, qui a toujours répondu présent dans les moments difficiles.

Toutefois, il faut faire attention à bien chausser ses lunettes à éclipses pour distinguer un événement rap plus que louable, resté dans l’ombre du rayonnement médiatique des deux étoiles : la jeep empruntée par le rappeur rennais Skay Z  lors du tournage d’un clip s’est lancée courageusement dans la première traversée de l’Atlantique automobile en solitaire. Bonne chance à elle.  

Le beau bordel du rap français en 2018

Presnel Kimpembe / Instagram

La tragédie de l’été pour une boutique de l’aéroport d’Orly

Il était une fois une boutique du duty-free de l’aéroport d’Orly. Pour elle, la vie suivait un long fleuve tranquille. Elle ne voulait de mal à personne, et menait une existence paisible. On pourrait même dire qu’elle était attrayante, proposant des parfums de tout type à des prix défiant toute concurrence. Et cela sans jamais rien demander en échange, sans jamais se plaindre ou réclamer un arrêt maladie. Cependant, en devenant le théâtre de l’affrontement fratricide le plus violent depuis celui de Goku et Majin Vegeta dans le tome 38 de Dragon Ball Z, la petite boutique qui n’avait rien demandé a assisté impuissante à la signature de son arrêt de mort.

En ce mercredi 1er août, tous les astres s’étaient alignés. Par un suspicieux “hasard”, les frères ennemis du rap français se retrouvaient face à face dans l’aéroport parisien, tous deux en direction de Barcelone pour un showcase dans des boîtes voisines. Et ce qui devait arriver arriva. Après avoir provoqué la moitié de la population française (de Karine Lemarchand, à Rohff, en passant par Damso et (par erreur) par la femme de Seth Gueko), Booba avait enfin devant lui l’occasion de faire face à celui qui l’avait si vilement trahi : Kaaris. Une rixe burlesque qui leur valu 23 jours à l’ombre (“pendant que le reste du pays chopait des insolations pendant la canicule”), un procès parodique, et une avalanche de memes.

Baston marketing ou animosité réelle ? Acte prémédité dans “Gotham” ou coup de sang ? Mercenaires à la solde de Macron pour prendre la place de l’Affaire Benalla dans la sphère médiatique ? Il semble dans tous les cas que les animosités n’ont depuis pas diminué, et qu’on a pas fini d’entendre parler de cette histoire qui avait à l’époque totalement éclipsé la révolution capillaire de Sadek.

Le deuil injustifié du Bataclan pour Médine en septembre

En septembre nous perdons goût à tout. Nous perdons goût au rire, et luttons pour sourire. L’hymne sans fin de Vegedream au Stade de France ne nous déride plus. Et même Olivier Besancenot qui remet le couvert en reprenant le mic’ pour cracher son seize autotuné contre Macron n’arrive plus à nous égayer (même s’il ne vaut pas son planète rap en featuring avec Guizlabanquise quelque années auparavant). 

Septembre n’est pas le mois pour se réjouir. Entre fake news et récupération politique portées par la fachosphère, les mêmes groupuscules d’extrême-droite qui projetaient de l’assassiner quelques mois auparavant sont arrivés à leur fin avec Médine : son concert au Bataclan est annulé. Libertés d’expression et de provocation sont piétinées. Un rappeur islamiste qui aurait déshonoré la mémoire des victimes des attentats du 13 novembre ? Tout ce qu’il voulait faire, c’était le Bataclan. Tristesse (mais du coup, il fera le Zénith, et ça, c’est cool).

Booba au Ministère de la Transition écologique et solidaire en octobre

Presque deux mois après la démission surprise de Nicolas Hulot, la prise de conscience de la gravité de la situation environnementale est pourtant loin d’être satisfaisante dans l’Hexagone. La société et la classe politique française s’entre-déchirent et n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les mesures à accepter. Mais dans ce brouhaha inaudible et en apparence impossible à solutionner, la clé de l’électrochoc va surgir d’un endroit invraisemblable : le morceau “BB” de Saint-Booba. Encore lui. En effet, avec sa punchline choquante et percutante : “Le réchauffement climatique, c’est dû à la chatte à ta mère”, voilà qui souligne subrepticement le facteur d’émission carbone le plus important selon l’AFP (et l’on remercie chaleureusement Baptiste Tooney et Neurchi de B2O pour cette interprétation irréfutable) : la natalité.

Faut-il alors adopter une politique nataliste plus restrictive ? Tout ce qu’on peut vous dire, c’est qu’on attend toujours la crème rectale promise par  SCH dans le merchandising de JVLIVS.

Le beau bordel du rap français en 2018

Twitter / AFP / 8 octobre 2018

L’Assemblée vote largement l’interdiction de la fessée après deux freestyles monumentaux de novembre

Définition de fessée : “série de coups sur le postérieur, souvent imposée dans une finalité punitive”. Pratique s’inscrivant au cœur des “violences éducatives ordinaires”, les parlementaires ont donc voté majoritairement pour son interdiction à la fin du mois de novembre. Toutefois, a-t-on bien saisi le projet de loi avancé par les députés dans toute sa profondeur ? Pour saisir les tenants et aboutissants de l’affaire, il faut revenir à deux violentes fessées qui avaient été infligées au rap par deux de ses représentants.

15 novembre 2018. Sciences Po Paris. Le juge n’a définitivement plus de souci à se faire pour Sofiane Zermani. Peu de temps après la sortie du colossal 93 Empire, le voilà devant un amphithéâtre comble du 27 Rue Saint-Guillaume, pour animer une conférence sur “Le collectif et la transmission au cœur de la création”. Une conférence qu’il clôture par un freestyle du titre “Toka” (dont le clip l’avait amené devant le juge) à la sauce Sciences Po. Des backs, un tonnerre d’applaudissements, et une standing ovation. Une fessée au rap français.

26 Novembre 2018. Devant la Tour Eiffel. Bruno Genesio est fier de son joueur : “Je trouve qu’il a du talent franchement, c’est courageux de faire ça”. Car Memphis Depay a ajouté une corde à son arc. 5 millions de followers et le voilà redevenu MC quelques jours avant d’arracher le nul contre Manchester City. Et il n’en est pas à son coup d’essai. Une autre fessée au rap ? (Et on nous dit dans l’oreillette qu’il vient de sérieusement remettre le couvert dans sa langue natale).

Memphis Depay

Le combat du siècle sous le sapin en décembre 

Que demander sous le sapin en cette période de hautes tensions socio-politiques ? Un Gilet Jaune pour faire les backs d’un Kalash Criminel ou d’un Kopp Johnson ? Une reprise inespérée en prose d’un tube rap de l’été 2017 pour calmer les mœurs par la douce Louane ? Ou le combat du siècle ?

Encore une fois, c’est Elie Yaffa qui rafle l’actualité la plus insolite du dernier mois de l’année. Et encore une fois , il le fait aux côtés de son meilleur ennemi Kaaris. Car même si les albums de Nekfeu, PNL, Ateyaba restent dans la hotte d’un père-Noël coincé dans la cheminée, les deux rappeurs si complices sur “Kalash” ont décidé de régler leurs différends une bonne fois pour toute. Comment ? Ce n’est pas encore clair, mais l’idée comprendrait un combat à mains nues sur un ring (Booba insiste sur l’octogone), où tout serait permis, potentiellement arbitré par Lorenzo ou Hanouna, et duquel les fonds récoltés seraient reversés à des associations caritatives. Et encore une fois, on a des médias généralistes qui ne peuvent s’empêcher de partager massivement un affrontement encore hautement hypothétique entre les deux stars de la fin de l’été, faisant même appel à des experts pour s’exprimer sur le sujet.

Encore un coup de Macron qui veut retirer les spots de ce qui reste des gilets jaunes ? En tout cas, Rocky Balbooba vs Connor McGnakouri : on espère être au premier rang pour ramasser les grillz.

À l’année prochaine.

gilets jaunes kaaris

Crédit Photo : Instagram / Kaaris

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